Agostino UE4 4ème cours 10/02/06

De Univ-Bordeaux
  • Jules Michelet (1798-1874) : il a préludé à la réforme de l’histoire. Il pense que l’idée de liberté mène la France et donc la Révolution Française. Née en 1798, c’est un névrotique qui soigne ses problèmes par l’histoire. Il est professeur au Collège de France où il s’attaque aux jésuites avec Quinet. Parait Histoire de la Révolution Française entre 1847 et 1853. Il a également écrit une Histoire de France. D’autres auteurs traitent de ce sujet tels que Hugo avec Quatre-vingt-treize, Les Chouans de Balzac ou Histoire des Girondins de Lamartine. Pour Michelet, la Révolution Française s’arrête au 9 thermidor 1794 quand Robespierre est abattu. Il considère qu’après, la Révolution est terminée. Le summum de la Révolution est la Fête de la Fédération sur le Champs de Mars (14/07/1790). Il réprouve la Terreur qui correspond, selon lui, à une machine oligarchique du gouvernement où le comité de Salut public s’est érigé en gouvernement du peuple sans le vote du peuple. Pour lui, Robespierre a détourné la Révolution Française en instaurant la fête de l’Etre Suprême en juin 1794 (car Robespierre ne supportait pas l’athéisme de ses partenaires). Michelet considère ça comme un dérapage. Cette politique religieuse vient rajouter du grotesque à la dictature.
  • Edgar Quinet (1803-1875), continuateur de Michelet, succède à sa chaire au Collège de France et poursuit son combat contre les jésuites. C’est un des pères fondateurs de la laïcité. En 1845 parait Le christianisme et la Révolution Française. En 1865 parait la Révolution Française. Selon lui, la Révolution Française a manqué son œuvre religieuse alors qu’il est anti-catholique. Pour lui, « le christianisme est le fondateur de l’individu moderne » mais le catholicisme mène à la monarchie absolue. Il oppose la Révolution Anglaise à la Révolution Française. Pour lui, 1789 est une rupture radicale qui n’a pas su aller assez loin. En Angleterre, la révolution religieuse a précédé la révolution politique cela ne fut pas le cas en France où il n’y a pas eu de réforme religieuse. Cette révolution a voulu donner un message religieux mais c’est un échec. Il dit qu’il existe beaucoup de citoyens sans religions mais on peut donc se demander si cela suffit à expliquer la guerre des deux France. Quinet dénonce la Terreur comme un régime politique qui a voulu devenir un régime religieux. Pour lui, il fallait laisser la religion dans la sphère privée.

II/ La révolution à l’université

  • A partir du XIXe siècle, l’histoire est au cœur de la restauration du système universitaire. La Révolution va entrer dans le champ universitaire avec des débats violents. L’histoire devient une discipline positive, d’enseignement de masse, ce qui va contribuer à former les élites. Après 1870, le problème de l’enseignement de la Révolution s’est posé. En 1886, la ville de Paris créait une chaire municipale celle d’histoire de la Révolution Française, cela montre la volonté de célébrer cet événement.
  • Alphonse Aulard (1849-1928) est le premier titulaire de cette chaire à partir de 1891. Il a fait des études sur la révolution, il anime la société d’histoire de la révolution et une revue la Révolution Française. Il publie une histoire politique de la Révolution Française (1901). Il est le réel patron des études révolutionnaires. Il a pour but d’étendre la connaissance des faits au niveau scientifique. Il défend la Terreur. Pour lui, la période de la Constituante et de la Législative est une période trouble, il mesure la révolution à la Terreur. Cette philosophie est dans l’air de l’époque. Il a opté pour Danton par rapport à Robespierre. Il démontre que Danton est faussement modéré puisque c’est un montagnard qui s’appuie sur les Girondins (qui eux sont décentralisateurs et humanistes), il a diffusé une philosophie dantonienne. Il y a un débat chez les historiens sur la pensée aulardienne à travers ses successeurs.
  • Albert Mathiez (1874-1932) est un socialiste intéressé par Marx. Il a écrit une histoire de la Révolution Française (1922-1924), sa thèse portait sur les clubs de Paris. Il pense que la Révolution Française est une révolution bourgeoise et non pas populaire. Suivant cette logique, les Girondins représentent la fraction bourgeoise et les montagnards la fraction populaire. Sa conception s’accentue avec la révolution d’octobre de 1917 et son adhérence au PC en 1920 (congrès de Tours). Il met en avant Robespierre comme la vraie figure de la Révolution Française. La conception de l’histoire marxiste prend la place de l’histoire patriotique et socialisante.
  • Georges Lefebvre (1874-1959) est un socialiste proche du PC, influencé par Mathiez. Il est professeur à la Sorbonne. Il fait partie de la société des Etudes Robespierristes. Il a fait une thèse sur les paysans du Nord pendant le Révolution (1924). Il donne un nouveau sens à la Révolution Française. Il veut en connaître les causes profondes. Pour cela il va étudier le phénomène de Grande Peur, de transfert de propriété et le rôle des foules urbaines pauvres. Pour lui, c’est dans les campagnes que la Révolution a trouvé son prolongement. Il publie deux livres sous la collection peuples et civilisation, la Révolution Française (1930) et Napoléon (1937).

III/ Nouveau regard sur la Révolution

  • François Furet (né en 1927) est professeur d’histoire à l’HESS. Il n’a pas fait sa thèse sur la Révolution. Il est influencé par le PC. Il s’intéresse à la Révolution Française à partir de 1965 (moment où il se retire du PC), quand il reçoit une commande de Flammarion qui lui demande de faire une histoire de la Révolution : La Révolution Française. Il collabore avec Denis Richet et parait leur ouvrage en deux volumes en 1965. Furet et Richet ont modifié le point de vue sur la Révolution. Ils ont démontré que la véritable Révolution Française s’arrête en 1792. Après ce n’est plus la révolution mais la dictature illégitime de Robespierre. Il sépare trois révolutions en 1789 : celle des avocats, celle de Paris et les journées d’automne. Le dernier chapitre porte sur le temps de la défaite (juin 1793- Juillet 1794). Pour lui, la Révolution a connu un dérapage : le 10 août 1792 et le procès du roi a été inutile. Ses livres créaient une polémique chez les historiens notamment chez Albert Soboul et les partisans des Etudes Robespierristes. Il fait partie de la Nouvelle Histoire. Furet est sollicité pour le bicentenaire de la Révolution Française et a laissé des œuvres comme le dictionnaire critique de la Révolution et Penser la Révolution Française (1978). Selon Furet, deux grands auteurs sont oubliés de l’historiographie révolutionnaire : Tocqueville et Auguste Cochin. Cochin a écrit la Société de pensée, pour lui la révolution repose sur un discours imaginaire qui prend le pouvoir et coupe des têtes, s’arrête le 9 thermidor. Alors que Tocqueville débute la Révolution le 9 thermidor avec la création de l’état moderne

Deux autres historiens portent un nouveau regard sur la Révolution : Denis Richet (vu plus haut) et Mona Ozouf qui dans son livre, le Procès du roi, la nation a tué le père.


Texte à la mémoire de Robespierre de Lefebvre

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  • Dans ce texte tiré d’une de ces conférences, G. Lefebvre donne le fond de sa pensée, il est très robespierriste mais dans ce texte il est très historien. Ce texte se place à la fin de la période universitaire très à gauche de la Révolution.
  • L 1 : « Robespierre est le plus éminent des premiers chefs de la démocratie » Il n’est pas éminent mais significatif c’est le symbole de la Révolution.

Il pose la question de pourquoi on devient révolutionnaire ? Lefebvre fait un portrait phycologique comme un homme issue de la paysannerie mais qui refuse le système monarchique. On peut se demander s’il ne plaque pas des idées préconçues.

  • L 9 à L 11 : Robespierre est allé au collège Louis le Grand, il appartient à l’ordre des oratoriens. Ce collège est le nid de naissance des révolutionnaires. De plus Robespierre a eu une bourse comme Napoléon. C’est le destin de gens qui ne sont pas aristocrates mais qui par leur culture ont pu contester le système.

Selon Lefebvre, il doit son éminence par son admiration à Rousseau. Phrase absurde.
Il fait un regard idéologique sur la petite bourgeoisie révolutionnaire.

  • L 40 : Vision idéaliste avec base de la république avec l’égalité des chances.
  • L 41 à 44 : un des passages le plus important. Il fait un hommage à Robespierre pour son action pendant les Etats Généraux. Robespierre y réclame la libération des opprimés c'est-à-dire les juifs, les comédiens et les hommes de couleur des colonies. Robespierre applique le principe de la démocratie politique, les juifs sont émancipés dès 1790. L’esclavage est abolit dès février 1794. Pas beaucoup d’hommes politiques s’intéressent aux hommes de couleur à l’époque. Il est l’avocat du suffrage universel contre le régime censitaire adopté par la Constitution. C’est une notion pas évidente car les auteurs du XVIIIe sont plus tôt élitistes et non partisans du pouvoir donné au peuple. Il est donc favorable à l’égalité des races, des métiers, des religions.
  • Fin du texte sur la propriété L 45 à la fin. La propriété est à l’origine de l’inégalité mais Robespierre ne s’y est pas attaqué, c’est surtout un homme politique. Robespierre a l’objectif premier de terminer la Révolution Française pour que le Tiers-état ait le pouvoir. Lefebvre dit que Robespierre a bouleversé l’organisation de la société mais il n’a pas touché aux structures économiques.

Les 4 articles sur la propriété L 89 à 94 : Robespierre a condamné la loi agraire. Les premiers à avoir demandé redistribution des terres sont les Gracques (1er dans l’idéologie marxiste). L’auteur regrette que Robespierre ne l’ait pas fait comme celle d’octobre 1917 alors que toutes révolutions commencent par une révolution agraire. Robespierre n’est pas généreux. Il fait preuve d’une grande générosité au niveau politique mais il souhaitait une politique du petit artisan et de petit paysan marqué par la petite propriété. Cela correspond au régime des radicaux. On se rend compte que ce grand révolutionnaire est favorable pour une république vivable. L’auteur lui reproche de ne pas avoir fait de révolution prolétarienne.

  • Questionnement de Furet : Pourquoi la Terreur ? Alors que à la base, il y a le fondement rousseauiste où tous les hommes doivent s’aimer. La mécanique de la Révolution s’est emballée pour un intérêt suprême.