Bouneau UE2 8ème cours 30/11/06

De Univ-Bordeaux
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  • Les principales avancées dans ce secteur sont réalisées dans les colorants, ceux ci sont développés par les deux géants de l’industrie chimique allemande.

Dans le cadre de traités de paix suite à sa défaite lors de la première guerre mondiale, l’Allemagne a du céder la majorité de ses brevets dans le domaine chimique et spécifiquement ceux concernant les colorants où les allemands possédaient un net avantage. Néanmoins, dans l’entre-deux-guerres un géant allemand de l’industrie chimique s’est reconstituté grâce aux colorants, cette entreprise c’est IGFarben, elle joua aussi un rôle fondamental dans la mise au point de la solution finale.

La puissance internationale de l’industrie électrique allemande

  • Deux géants de l’électrique : Siemens (société liée aux intérêts américains)
AEG (Allgemeine Elektrizitäts Gesellschaft)
  • Ces deux entreprises s’adaptent à un marché, à une demande galopante. Elles privilégient rapidement le courant alternatif au détriment du courant continu car il a l’avantage de permettre des innovations en chaînes. Elles ont beaucoup travaillé sur le transport de l’électricité, par exemple: en réalisant en 1891 le premier transport d’électricité à grande distance sur plus de 100km. L’électricité constitue dans la société allemande à cette époque le moteur de la croissance économique et sociale.
  • Ces entreprises deviennent de véritables multinationales, et développent un système d’intégration verticale (ce sont des Konzern). Siemens s’est implanté à Londres, Vienne, St-Petersbourg, et des bureaux sont aussi installés aux Etats-Unis. Dès 1897, cette entreprise compte 11000 salariés dans le monde soit autant que dans les plus grandes compagnies de chemins de fer. Les dirigeants de ces deux sociétés que sont Siemens et AEG ont été à la fois des ingénieurs, des hommes d’affaires et ont même eu pour certains d’entre eux une carrière politique. Ce fut le cas du président d’AEG: Rathenau, il essaya de constituer un cartel mondial de l’électricité. Au début des années 20, durant la période de la République de Weimar, il fut ministre des affaires étrangères. Il avait le projet d’organiser les relations diplomatiques sur le modèle des accords de cartel, il rêvait d'un monde organisé sur le modèle de la grande entreprise, il meurt assassiné au milieu des années 20.
  • L’innovation dans le secteur électrique associe les deux géants allemands et les deux géants américains, le marché mondial est à ce moment là oligopolistique. De plus, il y a entre le capitalisme américain et allemand une interpénétration cela fut longtemps valable et l’est encore dans une certaine mesure à l’heure actuelle.
  • Schumpeter (rappel). Au début de sa carrière, il avance l'idée que c’est par l’entrepreneur-innovateur que vient l’innovation, puis à la fin de sa vie il change son point de vue, finalement ce serait la grande entreprise qui serait la structure la plus adaptée pour engendrer un processus d'innovation. Les grandes entreprises sont les seules à même de développer une stratégie de laboratoire massive, d’avoir une politique de recherche internationale, elles peuvent structurer l’innovation. En réalité les deux modèles développaient par Schumpeter correspondraient davantage à deux phases de l’innovations plutôt qu’à deux modèles antagonistes, pour exemple il suffit de regarder l’histoire de l’informatique pour s'en rendre compte (voir la sucess story de Bill Gates).
  • La puissance de l’industrie électrique allemande est telle que celle-ci est à l'origine de la production de 23% des machines électrotechniques mises sur le marché dans le monde et surtout 48% des exportations mondiales (les Etats-Unis : 32% des exportations mondiales).

Des percées inégales dans les nouveaux moyens de transport et de communication

  • Les entrepreneurs allemands se sont engagés avec retard sur le marché de l’industrie automobile, la raison principale était la mauvaise qualité des réseaux routiers et les limites réglementaires faites dans les courses automobiles. La première entreprise BENZ a végété jusqu’en 1900. DAIMLER en se spécialisant dans le marché haut de gamme a connu une diffusion lente. De manière générale le marché de l’industrie automobile allemande au début du siècle est peu dynamique.
  • En 1907 :
11000 véhicules sont produits en Allemagne
34000 en France
64000 en Angleterre
  • En revanche on constate de véritable percée des allemands dans des secteurs plus spécifiques comme en aéronautique le marché des dirigeables. La première entreprise est crée par von Zeppelin. Il a une stratégie de recherche systématique (d’ailleurs cette systématisation de l’effort de recherche est la stratégie de l’industrie allemande de manière générale pendant tout le XXe siècle). Il dépose des séries de brevets. En juillet 1900, son premier dirigeable décolle le Led Zeppelin Eins puis une série d’appareils de plus en plus perfectionner voient le jour. Le plus important en 1913 est le SACHSEN long de 140 mètres capable de transporter 20 passagers. Ce secteur des dirigeables est un filière technique spécifiquement allemande.
  • Dans le domaine de la radio (TSF). La compétition entre les marines allemandes et britanniques conduit la marine allemande à s’équiper en postes de TSF sous l’impulsion de l’amiral Von Tirpitz.
  • En 1903, l’entreprise Telefunken naît de l’association d’AEG et Siemens, elle devient rapidement une grande entreprise de l’industrie téléphonique. Elle créait même une filiale américaine en 1905 ce qui prouve son succès. La maîtrise de cette technologie est indispensable aux allemands pour garantir leur contrôle de leur empire colonial bien que celui ci soit resté modeste (Cameroun, Namibie, Tanzanie…). Il y a ici une dimension géostratégique, une volonté de puissance du IIeme Reich issu de la Weltpolitik de GuillaumeII. La stratégie de recherche est un élément de supériorité de l’industrie allemande face au reste de l’Europe.

Innovation et logique de guerre de croissance et de crise 1914-1945

  • La première guerre mondiale est une guerre totale qui confirme la place de l’industrie dans l’effort de guerre, cette guerre est une guerre de l'innovation. Les innovations stratégiques et militaires ont eu des applications civiles postérieures au conflit ou même pendant celui-ci.
  • En quoi la guerre ralentirait elle la politique de l’innovation ? Par les morts de chercheurs et la spécialisation sur la production de guerre, on abandonne la recherche sur les biens de consommation.
  • En quoi la guerre accélérerait elle l’innovation ? Si la guerre accélère l’innovation c’est par le biais stratégique dans le domaine agricole, médicale, chimique...
  • La guerre rapporte t-elle de l’argent ? Oui, par exemple les deux guerres du Golf ont été d’excellentes affaires (on peut pense ici aux firmes d'armements américaines) de même la guerre de Corée a été très profitable financièrement parlant surtout du fait qu’elle s’est déroulée pendant les 30 années de haute croissance.
  • La première guerre mondiale a montré que la maîtrise et l’utilisation de technologies spécialisée pouvait influencer le déroulement des combats. Cette guerre n'est néanmoins pas la première guerre hyper-moderne, la première de ce type fut la guerre de Sécession aux Etats-Unis qui marqua les débuts de la photographie, des chemins de fer, du sous-marin...
  • Les Etats-Unis jouèrent un rôle décisif dans le conflit grâce à leur industrie lourde et à la production massive d’armes et de munitions qui en a découlé, car la France et l’Angleterre était désaventageaient dans ce domaine vis à vis des empires centraux. Cette production de masse entraîna une consommation de masse (projectiles, bombes...). Les systèmes fortifiés sont supérieurs aux stratégies offensives bien que la rupture se fit grâce à l’aviation et aux chars.



La « grande guerre » comme rupture économique majeure

L’intervention de l’Etat : une nécessaire prise de conscience pendant la « grande guerre »

  • Cette guerre fit naître l’interventionnisme, voire le dirigisme. Cela est rendu nécessaire pour soutenir un effort de guerre massif et pour organiser rationnellement l’économie.


  • Le premier levier : mobiliser la main d’œuvre.

L’objectif en France comme en Allemagne est de faire revenir du front les spécialistes des industries de pointes. Une loi en 1915 en France fait revenir les spécialistes d’usines électriques. La première guerre est marquée à tous les niveaux par des innovations d'ordres organisationnelles. On mobilise de nouvelles catégories de main d’œuvre: venant des colonies, on a aussi recourt à l’immigration d’Espagne et du Portugal dans le Sud-Ouest , on fait appel aux prisonniers, aux femmes dans l’industrie mécanique ( bien que leur rôle ne doit pas être exagéré), entre 1914 et 1918 en France les effectifs féminins grimpent de 30%. La mobilisation d’une main d’œuvre féminine est plus importante en Allemagne, en 1914 elles représentent 22% de la population active industrielle et 35% en 1918.

  • Le deuxième levier : organiser l’approvisionnement et orienter la production.

En France c’est l’œuvre systématique de la Direction de l’Armement dirigée par Albert Thomas (un député socialiste) de 1915-1917, transformé en ministère de l’armement en 1916, lui succède un industriel Louis Loucheur.
Ils se sont appuyés sur les consortium pour mobiliser les grandes entreprises. Ces consortium étaient animés par les représentants de l’Etat, le but était de contrôler les circuits de distribution. Le ministère de l’armement favorise la normalisation, la standardisation des produits. En juin 1918 est créée la commission permanente de standardisation.
L’Allemagne utilise une méthode sensiblement identique à celle utilisée en France. Le Reich est dépendant, il devait importer 40% de ses matières premières. Ratenau en 1914 créait un office des matières premières. Les industriels allemands sont encouragés à se tourner, à s’orienter vers des produits de substitution : des ersatz. Par exemple, les carburants synthétiques, le caoutchouc artificiel mais malgrè tout l’Allemagne n’a jamais pu résoudre ses difficultés liées au blocus et finalement l’industrie allemande s’épuise par manque de matières premières.

L’industrie chimique

  • Un des produits essentiel de cette industrie est l’acide nitrique, il sert à fabriquer les explosifs. La production d’acide nitrique par de nouvelles méthodes est encouragée, c’est le domaine de la chimie de synthèse. L’Entente a été handicapée dans ce domaine, les colorants ont manqué et les entreprises chimiques de ces pays furent vite en difficultés.
  • La guerre chimique s’est développée dès 1915, on utilise à partir de cette date des gaz de combat de plus en plus toxiques. Pour contrer cela on développe des masques toujours plus performants ou des contre-gaz.
  • Le chimiste Fritz Haber, prix nobel de chimie en 1918, multiplia la conception de gaz nouveaux, des gaz suffoquant, des gaz toxiques et pour finir des gaz vésicants. L'élément de base de la création de gaz toxiques est le chlore, grâce à cet élément l’innovation fut fertile et multiforme. La responsabilité des chimistes allemands dans la guerre totale fut telle qu’on fit payer cela rudement à l’Allemagne, entre 1918 et 1920 elle perdit la majorité de ses brevets dans l’industrie chimique.

La sidérurgie

  • C’est le pain de l’effort d’armement, elle est nécessaire pour l’artillerie, le blindage, les chars d’assaut... Il y eu pendant la guerre de profonds problèmes de main d’œuvre chez les différents bélligerants. Pour la France, à ce déficit de main d’œuvre s’est ajouté la perte de ses centres sidérurgiques principaux dans la Pas de Calais et la Lorraine. Il devint alors nécessaire de se redéployer dans le Sud-ouest, cela fut rendu possible grâce au Comité des Forges (futur MEDEF) qui accrut en même temps son emprise et son pouvoir dans ce secteur industriel.
  • On assista à une véritable course poursuite entre la France et l’Angleterre d’une part et l’Allemagne d'autre part, mais ce furent les allemands qui eurent toujours une production industrielle supérieure. L’entrée en guerre des Etats-Unis fut décisive car cela permit à l’Entente de bénéficier du soutien des entreprises sidérurgiques américaines et ainsi de renverser la tendance à leur avantage.


Les industries nouvelles et les grands réseaux

  • 1917-1918, cette période marque l’apparition d’une nouvelle grappe d’innovation technologique, c'est l’invention du char d’assaut, le développement de l’aviation à grande échelle et le développement de véritables systèmes de communications.

L’automobile

  • Elle a joué un grand rôle dans l’arrêt de l’offensive allemande (la célèbre bataille de la Marne). La première guerre mondiale voit les débuts du camionnage qui devint rapidement indispensable. Des marques comme Renault et Peugeot développèrent ce type de véhicules mais elles ont été mobilisées pour fabriquer des obus et des armes en tous genres.
  • C’est dans l’industrie automobile française et britannique que fut expérimenté l’OST (l'organisation scientifique du travail), il s’agit de l’application des principes du taylorismes à l’industrie.
  • L’invention du char d’assaut est le fait des britanniques en 1915/1916 mais la diffusion de cet engin de guerre se fit grâce à Renault en 1917/1918 qui inventa un char léger le FT17 ce dernier fut fabriqué à plusieurs milliers d’exemplaires mais à cette époque il n’est utilisé que pour accompagner les troupes au combat (ce n’est que durant la 2GM que des divisions de blindés autonomes virent le jour).

L’aviation

  • En 1914, l’utilisation militaire de l’aviation se limitait à des vols de reconnaissance au-dessus des lignes ennemies. Mais progressivement se développa une guerre aérienne spécifique qui était très peu une guerre de bombardement mais davantage une guerre chasseur contre chasseur. Ce fut, il est vrai une guerre symbolique plutôt qu’un réel moyen de gagner la conflit.
  • En France 52000 avions furent produits entre 1914 et 1918, c’est un effort de guerre sans précédent. Il y eut plusieurs ruptures technologiques comme la mise au point du système de synchronisation des tirs/hélices en 1916.
  • L’Allemagne construisit deux fois moins d’avions que l’Entente mais a pu rivaliser grâce à des avions plus rapides comme le Fokker. Le meilleur avion franco-britannique fut le SPAD.

Le problème majeur chez les différents acteurs du conflit fut le manque de pilotes ainsi que leur formation.

  • En 1914 il y avait moins de 5000 avions dans le monde, 200000 ont été produits de 1914 à 1918.

Les télécommunications

  • La TSF fut créée à l'origine pour un usage stratégique maritime mais la première guerre mondiale voit la naissance véritable de l'industrie de la radio et sa diffusion. Il y eut dans ce secteur des mutations importantes, l’invention des lampes électronique aux Etats-Unis(ce sont des lampes à triode elles améliorent le fonctionnement des radios) puis diffusée en Europe.


  • La première guerre mondiale n’a pas toujours enclenché de nouveaux cycles n’innovations ni de courants majeurs. Il n’a pas eu d’apparition de nouveaux domaines de l’innovation mais plutôt une sélection des processus de l’innovation.

L’économie de l’innovation de la démocratie au totalitarisme et à la guerre totale

Le dynamisme de l’innovation dans les années 1920

Dans l’automobile

  • La diffusion en France et en Grande Bretagne (moins en Allemagne) de l’OST et des méthodes américaines de production se fit peu après la guerre. Le modèle en France de l’entrepreneur-innovateur américain fut André Citroën, dans les années 20 cette marque devint le premier constructeur national. Citroën contrôla jusqu'à 29% du marché fançrais en 1929. Le succès de cette marque fut rendu possible grâce à l’importation en 1919 d’une chaîne de montage à l’américaine. Cela permit, d'appliquer précocement les procédés du fordisme en France. La gamme était étroite, quelques modèles étaient disponibles mais ils étaient accessibles à plus d’individus que par le passé. Citroën est à la pointe de l‘innovation technologique dans les années 20. Dès 1923 c’est le premier constructeur à proposer une caisse tout en acier. Elle envoie régulièrement des ingénieurs aux Etats-Unis en mission. La promotion de la marque est garantie par la création de raids aux longs cours, de croisières noires, la marque s’est créée une mythologie, elle va jusqu’à louer la tour Eiffel en 1925 pour l’illuminer avec son emblème aux chevrons, pour diffuser dans toute la région parisienne.
  • Peugeot à cette époque a une stratégie plus bourgeoise, c’est par exeple le dernier constructeur français à avoir adopter le travail à la chaîne.
  • Renault a une stratégie intermédiaire. Son principal atout a été dans les années 20 son réseau de distribution.

Ces trois marques françaises contrôlaient en 1919 63% du marché national.

  • En Grande Bretagne, la première marque est la filiale américaine de FORD qui maintient sa prééminence jusqu’en 1924. Les marques britanniques qui contre-attaquèrent furent deux: MORRIS et AUSTIN. La marque Austin se caractérisa par sa stratégie commerciale particulière en effet dès 1922 elle met au point un véhicule léger, dépouillé et bon marché pour l’époque, la mini.
  • L’Allemagne n’est pas en pointe dans ce secteur. Le premier constructeur est OPEL. L’industrie automobile allemande est fortement pénétrée par les firmes américaines FORD et General Motor. En 1928 GM rachète 80% du capital d’OPEL.