Bouneau UE7 2ème cours 05/10/06
Sommaire
Economie du tourisme en Europe occidentale depuis l’époque moderne
L’économie prise dans son acception initiale est la science de l’organisation : le rapport entre les parties et le tout. Cela consiste à parler de l’histoire de l’organisation du tourisme : une supra organisation, un système économique, social et culturel. C’est parler de la place du tourisme dans le processus de développement des sociétés occidentales. Le tourisme relève de la logique de l’offre et de la demande. Il correspond à un réseau d’entreprises. La part du tourisme dans le PIB ou le PNB relève du secteur tertiaire.
XVIe-XVIIIe siècle | XXIe siècle | |
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Deux patries du tourisme | Grande Bretagne
Italie |
Etats-Unis
France, Espagne, Italie (Triade) |
L’attraction de la France est due à sa capitale : Paris (Premier centre national et international touristique) et à Dysneyland resort Paris. L’économie du tourisme passe de la marge au cœur du système économique, social et culturel : société post-industrielle. Le tourisme associe l’économie classique (matériel) et la valorisation de l’immatériel : c’est le système de représentation. Elle est fondée sur un processus de distinction :
- Lieu : sélection d’espaces qui deviennent des microcosmes valorisés.
- Dans les années 1880 : Arcachon avec le phénomène des rivieras (saisons d’hiver et d’été)
- Dans les années 1980 : Les stations thermales (Bath).
- 2006 : Les Caraïbes : Cuba, les Antilles…
- Société : le touriste consomme de la distinction. Il est un être en représentation.
I. La genèse du tourisme élitiste
A/ Une préhistoire humaniste et littéraire
Cela nous renvoie à la genèse de la Renaissance, à la dynamique scientifique des grandes découvertes de la fin du XVe siècle - début XVIe siècle, aux voyages formateurs de l’ingénieur par la découverte de nouveaux espaces, à l’invention très lente de la vitesse (Studeny)…
Le tourisme est un sous-ensemble de l’économie des loisirs, lui-même un sous-ensemble de l’économie des services. Pour avoir du tourisme, il faut qu’il y ait du voyage. Le tourisme naît par l’évolution et l’amélioration des réseaux de transports : relais de poste…
Selon Jean Bodin (1530-1596) mercantiliste : « Il n’y a de richesses que d’hommes ». La découverte du monde est le fait de l’homme. Voyager est un devoir humaniste.
En 1551, Charles Estienne publie le Guide des chemins de France. Le voyage en Italie devient un modèle : Montaigne, en 1581, y séjourne. Il en rapporte un journal de voyage. Il y a une multiplication de descriptions itinéraires. Il y a une logique de l’innovation avec le modèle de la villa italienne (palladienne). C’est le début de la villégiature (ancêtre le la résidence secondaire). L’accès au pouvoir se fait par fixation du pouvoir. A l’époque moderne, c’est la construction de l’Etat central. C’est l’économie de Cour. La Cour devient sédentaire : en France à Versailles avec Louis XIV.
B/ L’omniprésence du modèle britannique
Cela renvoie au concept de tour ou grand tour. Le tour est une invention qui date du tournant du XVIIe siècle au XVIIIe siècle. Le jeune anglais aristocrate doit faire un voyage sur le continent : c’est la logique du voyage. C’est un voyage cadré : il va des rives atlantiques de la France jusqu’à Rome. Puis, au cours du XVIIIe siècle, il pousse jusqu’en Méditerranée et en Orient. Le plus souvent, ce voyage dure de 6 mois à 2 ans, souvent avec un précepteur et de la lecture obligatoire. Le but d’un tel voyage est de transformer le jeune anglais en gentleman. A cette époque, c’est une Europe où l’on voit de plus en plus les mythes : découverte des lieux… Ce sont les Britanniques qui invente le tourisme intérieur : ils redécouvrent le thermalisme (Ex : Bath dans les Cornouailles avec le docteur ingénieur Richard Nash). Les médecins attestent de la valeur thérapeutique des eaux. On multiplie les analyses des eaux. On crée un système économique thérapeutique : c’est l’économie de la cure. Il y avait des rituels journaliers : la déambulation (boisson, bain, douche). La cure durait 21 jours. C’est une économie thérapeutique et ludique qui exploite le divertissement codifié. Par le thermalisme, les jeux de hasard prennent une place dans le tourisme : casino. Par le thermalisme, il y a reconstitution du microcosme urbain. Les établissements thermaux adoptent une architecture romaine et théâtrale. Ce modèle reste en vigueur jusqu’à la fin du XXe siècle. A partir de 1740, la hiérarchie des stations change. A la fin du XVIIIe siècle, Bath est supplantée par Spa en Belgique. Au début du XIXe siècle, les grands pôles sont : l’Autriche, la Suisse, l’Allemagne. Dans le second tiers du XIXe siècle, il y a un véritable réseau thermal européen avec en France (Luchon, Bagnères-de-Bigorre, Cauterets, Aix les bains), Montecatini en Italie… L’exploitation des eaux minérales n’est qu’accessoire jusque dans les années 1960. Aujourd’hui, c’est l’inverse. La vogue de ces stations thermales est attestée par leur fréquentation aristocratique, mondaine, consacrée par la venue d’un souverain. La valeur du littoral était négative jusqu’à la fin du XVIIIe siècle excepté les espaces portuaires. Aujourd’hui, il y a un renversement. Alain Corbin, Le territoire du vide, l’Occident et le désir du rivage 1750-1840, Aubier, 1888. Il montre ce renversement.
Les Britanniques créent des villes balnéaires copiées sur les villes thermales. Mais il y a un décalage : le centre n’est plus la buvette, c’est la jetée promenade (peers à Bath). C’est l’économie du pas. Le pouvoir de l’immersion a une grande importance de la fin du XVIIIe siècle au début du XXe siècle. La première station balnéaire est Brighton crée dans les années 1740.