Lacour Bx IV M1 2ème cours 05/02/08
II. Les dynamiques de la pensée
« L’économie c’est une science de la poésie » dit Romer dans les années 1990.
1. Les polarités fondamentales
On peut suivre une première lecture très progressive : les idées progressent toujours vers une meilleure connaissance. Pour Keynes, une pensée est vouée à s’améliorer. Pourtant, il n’y a pas d’évolution linéaire : il y aura des avancées, des retours en arrière, des avancées, des oublis.
Les raffinements sont un certain nombre de questions permanentes, toujours un peu les même mais raffinées. Les matériaux utilisés sont différents : il y a plus d’informations, plus de bases économiques et plus de traitements économétriques. On parle de raffinement parce qu’on se base sur un certain nombre d’hypothèses. On part du modèle de l’homo economicus, c’est-à-dire l’ubiquité et à partir de là on pratique un certain nombre de raffinement. C’est là qu’apparaît le théorème du passager clandestin : Akerlof montre qu’il n’y pas les mêmes informations entre le voleur de voitures occasionnels et l’acquéreur. L’individu est rationnel et cherche à optimiser. C’est pourquoi on parle de la théorie des avantages comparatifs de Ricardo : chaque entreprise a intérêt à se spécialiser dans le domaine où il est le plus performant.
Mais les avantages comparatifs ne sont pas durables, ils se détruisent et ils peuvent disparaître. La théorie demeure mais dans les domaines où nous sommes les plus performants il faut des raffinements profonds. Solow, parle de l’explication des modèles de croissance : le capital et le travail sont en grande partie substituables. Le progrès technique est déterminant. Pour Stiglitz, la question aujourd’hui c’est comprendre l’explication des modèles de croissance. La croissance est endogène. Mais le progrès technique a des effets pernicieux et ne conduit pas forcément a de meilleurs résultats. Donc pour Stiglitz, dans ce progrès technique on oubliait les problèmes sociaux. La technologie est l’ensemble des mécanismes qui améliorent le fonctionnement de l’environnement social.
2. Des remises en cause
Il y a des auteurs qui vont prendre de l’intérêt. Marx est la référence dominante pour une grande partie de l’économie des années 60 et 80. On a assimilé Marx au régime soviétique c’est pourquoi ses théories ont été abandonnées. En 1989, il meurt.
Keynes répondait à la question de la survie du capitalisme et à une attente sociale. On ne donnait plus à L’Etat les mêmes responsabilités, les mêmes fonctions. Pour Nicolas Kaldor, c’est le marché qui est redevenu important. Mais Keynes n’a plus rien à nous dire car le progrès technique était la base. Le PIB est un mauvais indicateur. La dynamique de l’histoire est marquée par la lutte des classes, des conflits sociaux. Keynes est donc à redécouvrir.
Les redécouvertes sont Schumpeter, Marsholl, Perroux, Veblen, Sombarf, Darwinn.
- Schumpeter : économiste autrichien qui a quitté l’Autriche au moment de l’Anschluss. Dans les années 30,34 et 35, il produit une des premières explications de la crise de 29. Pour Keynes, ce n’est pas une crise de surproduction, mais une crise de faiblesse de la demande et une mauvaise réponse des autorités monétaires. Schumpeter parle de Crise de la technologie et des innovations. C’est un phénomène monétaire, boursier, une crise de l’innovation et du conservatisme. Pour lui, la crise de 29 correspond à un dysfonctionnement du système tout entier. Il met aussi en avant le fait que la crise n’est pas forcément négative, elle peut faire naître une nécessité de bouger. La crise peut être créatrice parce qu’elle met de l’ordre : elle fait disparaître ce qui est mauvais, ce qui est bon subsiste. C’est une crise de l’organisation mais aussi de l’idée, de l’immobilisme. Or, on ne change pas les choses qui marchent. On redécouvre Schumpeter dans les années 80, 90.
- Alfred Marsholl : 2ème génération des marginalistes 1910-1920. ( 1ère génération marquée par Jobons.) Il remarque le problème de structure des marchés et note que la concurrence parfaite n’existe pas. Il met en avant les meilleurs et montre l’importance de l’organisation industrielle au sens de l’inside. Pour comprendre les entreprises il faut regarder le fonctionnement à l’intérieur, comment les gens fonctionnent ou pas. Il propose une réfléxion sur les externalités. Il constate qu’il y a une concentration d’entreprises, d’activités dans les endroits particuliers. C’est un phénomène d’agglomération , de concentration. Sa thèse dominante est que plus il y a de restaurants autour de la même zone plus ces restaurants devraient faire faillite. Or Marsholl démontre que dans la majorité des cas cette concentration permet à pratiquement tout le monde d’être gagnant. Les clients finiront bien par trouver un restaurant qui leur convient à un moment donné. Dans les années 1980, le phénomène de concentration d’activités est de plus en plus important. Chaque chef d’entreprise y voit un intérêt et chaque restaurant bénéficie du fait que les clients font le tour pour trouver un restaurant qui leur plaise.
- François Perroux : un des premiers auteurs par lequel, en France, on a connu la littérature allemande. Il est un des rares à dire que le développement, c’est inégal. Pourtant, le développement produit des inégalités mais aide aussi à les résoudre. Son idée est que certaines activités ont un rôle entraînant. Entre les années 50 et les années 80, on pense que la force du développement économique repose sur le développement industriel. La croissance a une augmentation quantitative. Sa thèse : « Faisons de la croissance, le développement nous sera donné de surcroît. » Son autre idée est qu’il faut favoriser un certain nombre de lieux particuliers. Les pôles de croissance sont apparus comme la négation de tout. En 2003, 2004, 2005 ils réapparaissent avec les pôles de compétitivité. L’Etat peut dire qu’il y a quelques domaines en France à privilégier, car il y a trop d’actions dispersées. Ce qui est important c’est que tous ces gens travaillent ensemble sur une même activité.
- Veblen : fondateur de l’institutionalisme. Tocqueville, dans les années 1820 et 1830 parlent des institutions. Il réfléchit sur les cols blancs, une catégorie privilégiée. Il analyse cette classe moyenne en en montrant les particularités. Il ajoute qu’un pays n’a pas de développement s’il n’a pas de grande classe moyenne. Ce qui caractérise les Etats-Unis c’est la disparition des classes moyennes. Or il n’y a pas de cohésion sociale s’il n’y a pas de classes moyennes. Pour lui, ce qui compte c’est la famille. Fin XIXème, début XXème, la théorie économique veut faire le contraire de Veblen. Elle prétend à devenir pure, c’est-à-dire à exclure les institutions. La pensée économique fait tout pour les exclure. Pour elle, la sociologie n’est pas scientifique. Depuis 10 ou 15 ans, on redécouvre les institutions, la culture, on remet en question nos modèles. C’est le retour de l’analyse institutionaliste.
- Darwin : Entre 1826 et 1836, il fait de grandes découvertes sur les perroquets et les tortues : les espèces s’adaptent. Il explique comment l’histoire de l’humanité se développe. Darwin a été oublié pour des raisons évidentes, il a été récupéré par le nazisme. Dans ses travaux scientifiques menés sur les espèces, il montre comment certains types de solutions résistent ou arrivent. Il existe deux choses fondamentales : «naturellement » les espèces résistent et les meilleures solutions s’imposent, logiques par leur efficacité ou leur efficience. Il y a des évolutions qui ne sont pas optimales mais qui malgré tout s’imposent. La lecture évolutionniste revient à la mode.