Lacour Bx IV M1 4ème cours 19/02/08
Sommaire
Session 2 De l’homo oeconomicus à l’exubérance rationnelle
En 2002 M. Smith parle d’ « exubérance irrationnelle» pour qualifier le système bancaire américain, devenu « fou » dans les années 1990.
I- Le théorème du boucher, du boulanger et du marchand de bière
A- De l’homo oeconomicus
A. Smith: « ce n’est pas de la bienveillance du boucher, du boulanger et du marchand de bière que nous attendons notre dîner, mais de leurs bons soins à leurs intérêts. » : les individus recherchent réciproquement leurs intérêts propres et tant mieux, l’allocation des ressources se fait naturellement grâce au miracle de la main invisible.
Dans les années 1870, les marginalistes théorisent le modèle de l’homo oeconomicus. Celui-ci est l’aboutissement d’un long processus historique et l’expression de la conquête de la liberté individuelle. Il a pu être pensé dès lors que l’homme s’est émancipé des cadres de la naissance, de classe, politique et religieux. Sa conception est tributaire de l’héritage des Lumières, qui ont avancé l’idée des « 3R » chez l’homme : Raison, Rationalisation, Responsabilité. Deux caractères de l’homo oeconomicus sont présents dans le théorème : - l’homme maître de la nature et de la technologie, - l’homme démiurge, gouvernant le monde par la raison.
L’homme parvenu au stade d’homo oeconomicus ne connaîtrait plus delimites pour régler les problèmes de démographie, monétaires et financiers, de pauvreté, etc. Or dans les années 2000, Layard montre qu’il n’en est rien dans son ouvrage Eléments autour du bonheur. Dans le dernier demi siècle alors que le taux de personnes se disant très heureuses aux EU est resté stable (autour de 25%), le taux des très malheureux a considérablement augmenté.
B- De la Raison et de l’Emotion
La mesure du bonheur est donc relative. On passe ici d’une vision égoïste du théorème à une vision qui prend en compte l’existence des autres. Alors que l’homo oeconomicus, qui est une abstraction est calculateur, l’homme est réel est beaucoup plus complexe, comme le montre les travaux de neuroéconomie ou le modèle de Cammerer.
Ce dernier fonctionne en termes rationnels et pulsionnels. Une partie de nos comportements relèveraient du cognitif, l’autre de l’affectif. Exemple : Platon disait que l’homme était comme un chariot tiré par 2 chevaux aux intentions différenciées, se nommant Raison et Emotion.
• On peut relever 3 types de rationalité : - substancielle : tous les comportements s’expliquent de façon rationnelle (vision de G.S. Becker) - procédurale : il existe une explication rationnelle à des comportements qui paraissent poutant irrationnels (J. Bentham) - limitée : la majorité des comportements humains relèvent d’automatismes, d’habitudes et de mimétismes, et heureusement (Simon)
• A. Smith en 1759 fait publier la Théorie des sentiments moraux. La philosophie morale au XVIIIe siècle est ce qui traite de la vie sociale. L’auteur souligne deux conditions sans lesquelles la vie sociale d’une part, la vie économique d’autre part, seraient impossibles : l’altruisme et l’égoïsme.
En 2002 Kahneman fonde une économie comportementale dans la lignée du behavourisme, qui fait appel à la psychologie sociale. Pour Keynes, l’acteur économique ne peut être assimilé à l’homo oeconomicus car, il existe aussi des comportements de mimétisme irréfléchi (modèle du mouton de Panurge)
Aujourd’hui, le modèle de l’homo socialus tend à dépasser celui de l’homo oeconomicus car il met l’accent sur la rationalité holiste, de la foule et du pouvoir.
C- La relecture du théorème
H. Simon a été un des premiers à conduire des expériences de laboratoires pour étudier les comportements économiques, ce que l’on a baptisée l’économie en situation. M. Allais quant à lui souligne l’instabilité des chois de l’acteur économique. C’est dans ce contexte que se développe l’économie institutionnelle, en mettant l’accent sur le poids des institutions dans la détermination des choix de l’individu.
3 nouvelles lectures du théorème sont finalement possibles : - magique : l’explication des mécanismes et des comportements économiques relèvent du coup du chapeau. La division du travail et la spécialisation, l’échange et la main invisible sont les conditions pour qu’advienne le bien-être général. - comique : il n’y a aucune explication à avoir du calcul économique, se suffit à lui-même. - tragique : l’égoïsme ne sert qu’à servir les intérêts individuels sans aboutir au bien-être général.
Conclusion : Il existerait des règles du jeu à respecter pour parvenir à la meilleure distribution des ressources : - la confiance, qui passe par exemple par les garanties, les assurances - l’honnêteté, exemple où elle s’applique : le principe du pollueur-payeur - la bonne volonté, exemple d’encouragement : les primes et les subvention
90.50.45.144 27 février 2008 à 20:00 (CET)Camille - 27 février 200890.50.45.144 27 février 2008 à 20:00 (CET)