Lacour Pensée économique BxIV 06/03/06 6ème cours

De Univ-Bordeaux

Histoire de la pensée économique, cours du 6 mars 2006

Suite de I. B. 2. L’économie politique

Déclinaisons négatives de l’économie politique :

  • On chercherait trop de recettes :
    • Une économie « trop cuisine » peut peut-être donner des réponses conjoncturelles, limitées et strictement réparatrices, c’est-à-dire une lecture strictement utilitariste incapable de donner des solutions générales. Ce n’est pas de la science mais de la technique.
    • Exemple avec le courant de l’organisation scientifique du travail (OST) représenté par Taylor, Fayol et Weber, qui tentent de répondre à la question « comment organiser le travail pour qu’il soit efficace ? » en partant du principe que les machines doivent fonctionnées alors que l’individu n’aime pas le travail. Ils réfléchissent donc à l’idée d’inventer un modèle pour faire travailler l’individu qui n’aime pas ça. C’est une lecture immorale car on cherche à inventer des règles afin d’arriver à un résultat alors que l’individu n’a pas envie de travailler.
  • Trop idéologique :
    • Ce n’est pas une science mais un prétexte de science.
    • Certains ont la prétention de vouloir faire le bien de l’humanité comme Marx et Bonaparte, et pensent que l’homme est bon, rationnel et intelligent. Mais l’homme n’est pas bon comme on a put le voire plus haut vis-à-vis du travail (en claire, c’est un faignant…) et il ne peut donc pas faire le bonheur de l’humanité.
  • Trop politique :
    • Ce n’est pas une science mais une étude des pouvoirs et de leur fonctionnement.
    • Exemple avec Feuerbach : le fétichiste est la vraie valeur que l’on devrait avoir. L’intérêt général par exemple n’est autre qu’une invention politique pour cacher l’intérêt particulier.


3. Une économie morale et éthique.

Doute existentiel (dixit le fan de Clouney qui nous sert de prof) :

  • L’économie est une science des incitations. Exemple : les parents choisissent le prénom de leurs enfants en fonction de l’image sociale qu’ils veulent donner.
  • C’est aussi une science des réponses avec l’analyse de la passion, de la permission, de la punition et de la protection.
  • Ce n’est pas qu’une science de la raison et de la rationalité car elle s’occupe aussi de la protection sociale, de la punition et de l’économie de la mafia.


4 principes :

  1. Idée que tout est logique et répond à des causalités. L’économie devient la science des mécanismes, des problèmes de temps et de moyens. Conception très utilitariste.
  2. Adéquation rationnelle entre fin et moyens à 2 niveaux :
Lecture la plus impérialiste : rationalité substantive ou substantielle. J’ai des objectifs, des moyens et je cherche l’adéquation rationnelle entre eux en excluant tout ce qui est moral, éthique, truandage, mafieux et fraude. (Ecole de Chicago)
Rationalité procédurale : l’adéquation reste rationnelle mais les objectifs et les moyens ne le sont pas obligatoirement. Exemple : avoir envie d’acheter un truc qu’on ne peut pas s’offrir, cependant il devient rationnel d’emprunter ou de voler.
  1. Economie d’optimisation de comportement « irrationnelle » dans des « situations anormales » : comprendre l’économie mafieuse, de la fraude => la rationalisation n’est pas le cœur de l’économie (cf. II.)
  2. Science de l’organisation de la société, dimension sociale et éthique. C’est le contrat social, la définition des règles, des mœurs, des comportements qui nous permettent de vivre et de nous supporter. Sert à déterminer le bien et le mal, l’autorisé et l’interdit. Un courant de + en + reconnu : l’économie de la justice, du droit, de l’équité, de la fraude, de la confiance, du statut social = courant des relations humaines. Pyramide de Maslow : prendre l’individu dans sa complexité, ses besoins sont classés en 5 grandes catégories (de bas en haut) :
Se nourrir et se loger
La sécurité
Besoins sociaux et d’appartenance à un milieu social
L’accomplissement personnel
… (le prof n’en a pas parlé)



L’économie est-elle une science sociale et morale ?

Robert Fogel

Prix Nobel, néo historien ou néo institutionnel, il s’est intéressé à l’esclavage aux Etats-Unis et tente d’analyser l’économie en tenant compte des techniques et des valeurs morales à un moment donné dans une société. Il a démontré que l’esclavage aux Etats-Unis était immoral mais efficace car à un moment donné les valeurs de la société ont privilégié cette efficacité. L’esclavage a été aboli pour des raisons d’inefficacité car coûteux et ne rapportant plus. Il faut comprendre les changements spirituels de la société.


John Rawls

Philosophe des années 70. Il a développé la théorie de la justice traduite aujourd’hui par la théorie de l’équité. Reconnu comme étant un homme de gauche, il va se battre pour réduire 2 injustices : les droits civiques des noirs et la place des femmes dans la société américaine. Il prend comme point de départ un anti-utilitarisme fort. Il va de ce fait s’opposer aux idées des utilitaristes, comme Benthon et Stuart Mil dans la fin du 18e siècle, qui prônent la recherche du rationnel et le refus du sentiment et de la sensibilité. Rawls propose un nouveau contrat moral (=social) pour lutter contre l’ignorance et réduire les inégalités fondamentales dans une société, reconnaître une plus grande place aux défavorisés, évoluer vers une égalité des chances. Il propose aussi le respect de 3 principes fondamentaux :
La société doit offrir des droits fondamentaux
Elle doit fonctionner sans discriminations ou en réduire certaines avec des règles de talents et de compétences
Elle doit être juste et différente d’une société égalitaire s’autorisant et devant avoir de la discrimination positive et compensant les inégalités non recevables (Friedman : dans une société il faut des revenu négatifs afin de rentrer dans les droits fondamentaux)


James Tobin

Economiste keynésien et prix Nobel. La justice doit être un bien commun de la société, un bien collectif et être mieux géré. Elle doit s’efforcer d’être gérée en terme de raisonnable. Il tente aussi de répondre à la question suivante : par quel moyen le commerce international peut-il jouer un rôle pour les pauvres ? Pour y répondre, il propose la Taxe Tobbin qui consiste à prélever une minuscule part sur chaque transaction international pour la remettre aux pauvres.


Amartya Sen

Il a développé la thèse de Rawls en estimant que ce dernier était trop philosophe et pas assez économiste. Il a l’idée de montrer que les économistes ont des choses à dire en matière d’éthique et de morale et qu’il y a des inégalités fondamentales. Il propose 3 biens premiers :
La liberté fondamentale, pas de débats ni d’économies dans les sociétés où on ne les reconnaît pas
La « capabilité » c'est-à-dire la possibilité qui devrait être offerte aux plus défavorisés de bénéficier des biens premiers, des privilèges et des pouvoirs et de ce fait de bénéficier de la capacité de vivre autonome
L’assurance d’un droit égal.


LOYARD (orthographe?)

Il dit que pour être heureux il faut des amis, être intégré dans un milieu, faire un bon mariage. La richesse relative est plus importante que la richesse absolue. La moralité se joue entre nous.


Capitalisme compassionnel (2 niveaux) :

  • Moralement bien : il doit payer pour être vertueux en redistribuant, en pratiquant la commerce équitable lui permettant en plus de bénéficier d’une campagne de pub gratuite
  • … à suivre la semaine prochaine (je pense…)