Lacour Pensée économique BxIV 13/03/06 7ème cours
Sommaire
L’économie biosphérique
Je tiens à préciser que je ne suis en aucun cas responsable des divagations d’un professeur d’économie brillant mais quelque peu égaré. Les « syndrome de John Wayne » et autres bizarreries ne sont pas issus de mon imagination, mais de la bouche de M. LACOUR lui-même. Merci, et bonne lecture.
Nous partons du postulat que l’économie n’est pas que de la production marchande. L’économie est une sphère autonome, un milieu fermé à gérer au mieux en tenant comte de l’environnement, du milieu naturel, du vivant. Des mécanismes sont en œuvre dans le milieu naturel, il faut composer avec et se réapproprier la nature.
Voyons plusieurs conceptions de l’économie biosphérique, du rapport qu’entretient l’économie avec la nature. Cette vision est plus ou moins chronologique, et reflète les grandes tendances de la pensée économique appliquées à la sphère écologique. (Vous pouvez faire un schéma sous forme de « patate », avec plusieurs petites « boules », plutôt laid à voir et sans grand intérêt scientifique ; Un peu comme sa Rose des Vents)
a) L’économie cosmogonique
Modèle de l’Antiquité.
L’homme est au centre de l’univers, selon la vision de Ptolémée. Nous commandons le monde, mais ce commandement dépend de la relation que nous entretenons avec les dieux. Une bonne relation favorise notre agriculture.
b) L’économie intelligente
Modèle des physiocrates.
La nature, l’agriculture, les ressources sont bonnes, abondantes et renouvelables. Nous devons être à l’écoute de la nature et inventer une agriculture prudente.
Illustration par le « syndrome Scarlett O’Hara » : La terre et l’agriculture sont les valeurs suprêmes de notre société.
c) L’économie conquérante
Culture américaine à partir du XIXe.
Les ressources naturelles se reproduisent, elles existent en abondance, nous devons nous les approprier ; Il faut conquérir la nature. Quand une ressource est épuisée, on va plus loin.
On peut interpréter le colonialisme par cette vision, comme nécessité de chercher de nouvelles ressources ailleurs.
Illustration par le « syndrome de John Wayne » : La terre appartient à celui qui l’occupe.
d) L’économie déstructurante
L’économie est destructrice, déstabilisatrice, elle consomme plus qu’elle ne produit. C’est un système économique de prédation, il n’y a pas de reproduction comme l’entend « l’économie intelligente ».
Cette analyse est partagée par deux auteurs qui en tirent des conclusions opposées :
- MARX : L’économie de marché est nécessairement une économie de l’exploitation des hommes et des ressources naturelles.
- SCHUMPETER : Il a une vision plus optimiste, avec le concept de destruction créatrice. Les crises traduisent des mécanismes d’adaptation. Elles sont nécessaires pour constater qu’un schéma de production n’est plus dynamique et qu’il faut en changer. La nécessité d’innover naît de la crise.
e) L’économie démurge
Modèle des années 1950 à 1980 : L’économie dirige le monde.
Fondamentalement, nous maîtrisons la nature. La question des ressources naturelles devient secondaire. Cette maîtrise passe par le Progrès Technique.
À chaque problème nouveau que nous créerons, nous trouverons une solution nouvelle.
C’est la thèse de F. PERROUX [1], du courant productiviste : Nous pouvons maîtriser tous les facteurs de production. L’économie démurge est une thèse positiviste, défendue par CARNOT [2] avec son premier principe de conservation de l’énergie par la création de nouvelle énergie. Nous détruisons des ressources pour en créer de nouvelles.
La solution existe aussi pour les pays sous-développés, qui doivent suivre le modèle du développement technique.
Dans les années 1970, R. PASSET [3] s’oppose à cette vision avec le concept de développement durable, qui consiste à tenir compte des « phénomènes extérieurs » à l’économie. Ses détracteurs lui répondent alors que rien n’est extérieur à l’économie.
f) L’économie prudentielle
Face à nos prétentions de maîtrise et de contrôle, la nature se venge par des cataclysmes.
Nous avons été imprudents dans de nombreux domaines, comme l’urbanisme. Nous avons par exemple construit dans des zones à risques.
Deux leçons peuvent en êtres tirés :
- La prudence dans nos actes.
- La prudence, au sens de l’économie assurancielle ; C’est l’économie des tribunaux, où l’on s’assure contre les facteurs naturels, et où l’on cherche constamment un responsable.
'Plus clairement, soit tu ne construis pas ta maison en zone inondable, soit tu construis quand même, mais tu prends une bonne assurance et tu attaques l’architecte en cas de problème.'
Face à la bonté de la nature, il faut de la prudence, du bon management et de la gestion raisonnable.
g) L’économie sanctuaire
La nature est une ressource de valeur, non reproductible et non réparable. Il faut la préserver et inventer des biens communs de l’humanité à protéger.
h) L’économie entropique
Elle est issue des modèles de physique et de mécanique quantique (Travaux de CLAUSIUS et BOLTSMANN, physiciens).
La diversité produit de l’unité et garantit la durabilité. Elle s’oppose à la spécialisation, efficace à court terme, mais qui ne permet pas cette durabilité. De la diversité naît l’adaptabilité. C’est une thèse évolutionniste, néoschumpéterienne.
La complexité de nos systèmes va naturellement vers du désordre, l’ordre s’autodétruit.
Le deuxième principe de CARNOT nous dit que nous détruisons de l’énergie et que nous en prélevons dans la sphère biologique. Le développement durable remet ainsi en cause la nature même de l’économie : Nous dégradons la nature, sa diversité, qui garantit son adaptabilité.
On peut alors établir une échelle de la complexité des systèmes :
- Les espaces naturels : Ce sont les biens collectifs gratuits, donnés par la nature. En économie, ils sont appelés « biens non rivaux » ; leur consommation par l’un ne l’interdit pas par l’autre.
- Les espaces rares : Ils sont convoités, conflictuels ; l’espace naturel est géré par les prix.
- Les espaces fragiles : Certains espaces naturels sont fragilisés, on doit poser des conditions d’utilisation, faire de l’économie prudente.
- Les biens collectifs de l’humanité : Ils sont trop précieux pour y toucher.
--Etienne 14 mar 2006 à 00:56 (MET)