Larcade UE2 3ème cours 12/10/06

De Univ-Bordeaux
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Une réflexion autour du terme de Renaissance

Giorgio Vasari (1511-1574) écrivain peintre et architecte auteur de la Vie des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes (1550). Il est le créateur du terme de Renàscita, il l’utilise pour qualifier le renouveau des techniques et du savoir en Italie au XVIe siècle. Ce siècle est une rupture dont les contemporains ont eux mêmes conscience, c’est un nouveau départ. Plusieurs générations d’artistes en Europe ont la conviction que des temps nouveaux arrivent. Ils ont le sentiment de vivre une époque unique, singulière qui ne manque pas de susciter craintes, angoisses et terreur.

La Tour de Babel de Bruegel

Pieter Bruegel l’Ancien (1525-1569) peintre flamand.

La Tour de Babel 1563 (114 x 165). cf. http://fr.wikipedia.org/wiki/image:Brueghel-tower-of-babel.jpg


C’est une peinture sur bois, elle s’inscrit donc dans la tradition médiévale (car la peinture de la Renaissance se fait sur toile). Le thème est une référence à l’Ancien Testament. BABEL, roi de Babylone projette d’élever une tour gigantesque dont le sommet toucherait le ciel. Le châtiment divin s’abat alors sur les hommes pour avoir voulu être des égaux de Dieu. Ils sont punis. La malédiction qu’ils subissent les rend incapables de se comprendre désormais ils parlent une multitude de langages. Ce tableau est une allégorie de l’époque. La tour de Babel représente d’une part la rupture avec la tradition et en contrepartie les risques physiques pour ceux qui s’aventurent dans cette voie Galilée, Bruno; on peut aussi penser aux grandes découvertes de ce siècle: le Nouveau Monde... qui en retour ont eu pour conséquence de rapporter la syphilis en Europe. D’autre part ce tableau fait référence à la ville d’Anvers une des grandes capitales du XVIe siècle et sans doute le plus grand port du monde. Les Pays-Bas sont à cette période en pleine prospérité et les deux côtés de la tour en portent témoignage. A l’arrière plan on distingue des digues et un port. Les marchandises sont empilées par catégories. On distingue aussi une grue or on sait qu’une grue de ce type existait à Anvers. La partie supérieure de la tour est réalisée en briques et s’inspire du Colisée, la Rome Antique est à la Renaissance perçue comme un idéal de civilisation.

La Tour de Bruegel représente aussi les forces vives de la nation, les humbles métiers de tous les jours sont mis en valeur. À cette époque il y a redéfinition du système de hiérarchie et des valeurs. Les « Arts mécaniques » ont un statut très secondaire pendant tout le Moyen Age, technique et culture ne sont pas mélangés le domaine des techniques n’est pas considéré comme une discipline intellectuelle cela tend à changer à la Renaissance.

« Dieu a fait de l’homme une créature qui doit soumettre la nature ». Pour pallier les insuffisances de l’homme, Dieu l’a doté d’outils. St Augustin a théorisé cette hiérarchie des capacités de l’homme. Les scibilia (savoirs théoriques), les agibilia (la morale) et les factibelia (tâches de fabrication). Ces factibelia sont mal vues car elles recèlent des pièges le monde réel n’est qu’apparence et tromperie.

St Thomas d’Aquin reprend à son compte cette hiérarchie du savoir. Pour lui l’astronomie entraîne la divination, qui est une pratique en rupture avec l’orthodoxie ce qui équivaut à une hérésie. Valoriser les techniques c’est remettre en cause la base sociale de la société et la domination des élites traditionnelles.

A la Renaissance les techniques deviennent à la mode elles sont valorisées. Une catégorie d’intellectuels voit le jour appelée « les artistes-ingénieurs ». Mariano di Jacopo il Taccola 1381-1458 Francesco di Giorgio Martini 1439-1502 Léonard de Vinci 1452-1519

Ces savants sont conscients d’apporter une nouveauté, ils veulent restituer le savoir technique de l’antiquité. F. di Giorgio est la personnification d’un tournant dans la culture humaniste de l’époque .Il intègre intimement image et texte, il donne des plans techniques très détaillés. Ces ingénieurs-artistes sont un groupe caractéristique du XVIe siècle, ils appartiennent aux plus grandes cours des princes et sont au service de mécènes dont ils attendent gloire et fortune. Ils font sortir la technique de la tradition orale pour en faire un objet culturel. La livre imprimé met le savoir antique à disposition d’un public beaucoup plus large. La technique entre désormais dans le circuit littéraire les princes pensent en premier à la guerre (fortifications, canons…), ou à toute autre chose pouvant les grandir comme des objets de luxe, des peintures…De plus la technique devient un objet de conversation à la mode dans l’aristocratie.

Le tableau de Henri Patenir

La toile fut peinte entre 1525 et1527, c’est une peinture à l’huile sur bois elle faisait partie de la collection des Médicis, elle représente des mines de fer et rend hommage à l’activité métallurgique du Sud de l’Allemagne dans la première moitié du XVIe siècle. L’image est à la gloire des mines et à l’amélioration des techniques.

Au premier plan, on observe des ouvriers transportant du minerai et le lavant avec un patouillé. On distingue aussi une grande roue hydraulique qui sert à obtenir la chaleur nécessaire à la transformation de ce même minerais. A gauche on remarque des forgerons, et à leurs côtés des maillets entraînaient par une série de cordes. On est en présence d’un système en deux temps : fonderie et affinerie qui permet une production en masse de fer aciéré. La mécanisation est un fait de la Renaissance dans des domaines nombreux et variés la céramique, la verrerie… L’armement en fer aciéré est une spécialité du Sud de l’Allemagne notamment à la ville de Solingen, on en trouve aussi à Brescia en Italie, dans le Tyrol, à Florence et même à Paris. Cette technique fait l’objet d’ambitions politiques, Henri VIII fait venir des ingénieurs Normands pour qu’ils créent des hauts fourneaux en Angleterre.