Larcade UE2 6ème cours 09/11/06
Sommaire
La médecine antique
- La tradition antique médecinale est plus connue sous le nom de théorie des humeurs, elle est issue, de la réflexion des auteurs grecs : Pythagore au VIe siècle a.C, Empédocle, Hippocrate au IVe siècle a.C. Cette théorie a été formalisée par Galien au IIe siècle p.C (théorie des humeurs ou théorie galénique). Selon lui toute maladie provient d’un déséquilibre des humeurs cardinales, ce sont les fluides à l’intérieur du corps. Les humeurs sont perturbées par les phénomènes climatiques externes, cela dérange la qualité des fluides internes, ce sont « des semences porteuses » propagées par l’air. L’autre cause majeure provient d’un mauvais régime, Gallien est un penseur systématique qui lie chaque humeur à une qualité associée à son tour à un organe.
Humeurs | Eléments | Qualités | Organes | Tempéraments |
---|---|---|---|---|
sang | air | chaud et humide | coeur | sanguin |
flegme | eau | froid et humide | cerveau | flegmatique |
bile jaune | feu | chaud et sec | foie | colérique |
bile noire | terre | froid et sec | rate | mélancolique |
- Selon l’âge, le sexe, la profession, l’équilibre hormonal varie, un vieillard sera mélancolique, la femme plus flegmatique. Il s’agit avant tout d’équilibrer les humeurs de différentes façons. On utilise aussi l’astrologie pour savoir sous quelle étoile est né le patient, cela permet de déterminer la nature de l’humeur de la personne.
- Il est possible d’expulser les humeurs trop présentes par des purges ou des saignées. Galien appelle mauvaise humeur « la materia peccans ». On peut donner des végétaux, des minéraux pour équilibrer les humeurs, c’est la doctrine de la correspondance (on donne du fer aux mélancoliques), mais la clé c’est avant tout la diététique, cela explique le flot d’ouvrages à la Renaissance sur ce sujet. Arnaud de Villeuneuve en 1514 Régime de Santé, en 1530 Thomas Elyot publie Castle of Helth. A cette époque l’ossature du savoir scientifique est le savoir antique, mais des avancées montrent la faiblesse de ce savoir antique, ses contradictions.
Des découvertes et des inventions
L’astronomie
Au milieu du XVe siècle rien ne laisse présager l’effondrement du système aristotéloptolémaïque. Tout est parti de la nécessité de particuliers à la Renaissance. On s’est plaint de l’inexactitude des tables astronomiques en vigueur ce qui empêchait de lire les horoscopes correctement et en plus on ne pouvait pas prévoir de manière précise les éclipses. On a mis ces erreurs du système aristotéloptolémaique sur le compte d’erreurs de copies. Les besoins de la navigation encouragent les astronomes, ils on besoin de tables exactes. Traditionnellement on s’appuyait sur les tables alphonsines.
4 personnages veulent corriger l’Almageste :
- Toscanelli 1397-1482
- N. de Cues 1401-1464
- O. Peurbach 1423-1460
- Regiomontanus 1436-1497
- Ce sont 4 astronomes expérimentés. Le premier problème qu’ils révèlent découle de l’utilisation de la méthode de la parallaxe qui sert à mesurer la distances des comètes. En 1472 et 1482 Regiomontanus découvre qu’une comète passe à côté des planètes, cela prouve qu’il y a des accidents dans le monde parfait d’Aristote, tout cela Regiomontanus l’écrit dans son livre Epitomé en 1496.
- N. de Copernic introduit la rupture la plus fondamentale, natif de Torùn (pologne germanisée. Il travaille dans un observatoire construit dans cette ville en 1513. C’est un humaniste, il a fréquenté les universités italiennes, il est savant en médecine et en mathématiques. Il est l’auteur de tables astronomiques extrêmement fiables. Il conclut que les étoiles ne montrent presque pas de parallaxe elles sont donc fort éloignées. Pour lui il faut reculer les frontières de l’univers connu. Le comportement de la Lune autour de la Terre lui suggère que le soleil doit être au centre du système et les planètes doivent tourner autour, et cela il le déduit simplement de son étude entre les rapports Terre/Lune. Ainsi, le soleil placé au centre du système permet d’expliquer le mouvement rétrograde des planètes. Il met aussi en évidence la relativité d’un observateur plaçé sur une de ces sphères en rotation qui ne peut percevoir à son échelle la rotation.Les tables établies selon la logique de Copernic fonctionnent parfaitement. Toutes ses idées lui paraissent néanmoins ridicules. Car cela va contre le sens commun et toute une série d’arguments ruinent ses théories.
- Pourquoi la Terre qui serait en mouvement n’est pas l’objet de vents extrêmement violents, ou encore de raz de marées.
- Si la Terre tourne pourquoi ne voit-on pas de décalages annuels des étoiles.
- Si les astres ne tournent pas autour de la Terre comment les étoiles peuvent elles influer sur la vie des hommes (l’astrologie est une « science » qui ne saurait être remise en doute).
- Copernic n’est pas sur de lui. Par peur du ridicule il renonce à rendre public ses travaux. En 1509 Georg Lauchen Dereticus publie une partie des travaux et devient célèbre. Le pape Clément VII trouve ses idées amusantes. Copernic trouve en lui l’énergie de publier l’intégral de ses idées, il voulait réaliser une œuvre à l’image l’Almageste, son livre est publié après son décès en 1543, De Revelitionnibus. Les collègues de Copernic sont très timides ils ne veulent pas remettre en cause le système établit par Aristote et Ptolémée.
En France seul Pautrus du Tyard 1531-1603 est d’accord avec les travaux de Copernic. En revanche en Angleterre les mathématiciens adoptent définitivement l’héliocentrisme : Thomas Recorde 1510-1558, John Dee, Thomas Digges. Ce dernier va même plus loin dans son livre publié en 1576 Prognostications , il soutient l’idée que les étoiles ne sont pas fixées sur une sphère immobile mais au contraire s’étendent dans toutes les directions. Il est le premier à avoir compris que nous n’étions pas dans un univers clos mais dans un univers infini. L’impact réel de la révolution copernicienne sur l’Europe est quasi nul. C’est seulement au XVIIe siècle seulement que les effets de ces découvertes se feront sentir.
Les sciences naturelles
Les carnets de Léonard de Vinci témoignent chez ce savant d’une passion pour l’observation, le vol des oiseaux, l’allure d’une cascade…tout le fascine et tout est l’occasion d’une leçon de la nature. Vinci n’est pas un cas isolé. L’alchimiste Paracelse dans les mines Fugger apprend à reconnaître les minerais, à mesurer les concentrations de métaux dans la roche. Vinci a lu Pline l’Ancien avant d’observer les montagnes. Léonard Fuchs 1501-1566, est un botaniste, il a appris Dioscoride. Les savants de la Renaissance ne réalisent pas qu’il y a de gros décalages entre ce qu’il y a dans les livres et dans la réalité. Les Anciens ont des principes intéressants mais ils n’ont pas pu avoir connaissance de tout. Fuchs refait l’inventaire du monde comme ses collègues Dodoens (1517-1585) et W.Turner dans le but de combler les oublis des anciens. On ouvre en Europe des jardins botaniques. Par exemple à côté de l’université de Padoue, mais aussi à côté de celle de Montpellier, on fait venir des plantes du nouveau monde. Il y a un flot de nouveautés qu’il faut intégrer, la zoologie change autant que la botanique.
P.Belon 1517-1564, étudie lui les oiseaux et les poissons. Konrad Guesner, 1558, L’Histoire des Animaux. Ces savants font découvrir la diversité du règne animal ils réfléchissent sur la notion d’habitat. Parallèlement à ces progrès, la conviction selon laquelle tout ce qu’ont dit les Anciens est vrai s’émousse. On commence à mettre en doute l’existence d’animaux fabuleux.
Le développement de l’imprimerie, de la gravure aide les zoologistes (ils ne sont plus obligés de voyager au bout du monde pour étudier certaines espèces), on reproduit désormais les dessins à l’identique avec des exigences de ressemblance. Fuchs demande que ses graveurs aient vu la plante qu’ils gravent (ce qui est en soi une nouveauté...). En matière d’anatomie, la dissection fait des progrès. Leonard de Vinci prétend avoir examiné plus de soixante cadavres, ses dessins analysent le fonctionnement de l’appareil digestif, ou encore celui de la reproduction…Ces illustrations sont un moyen d’investigation. De nombreux autres praticiens ont été d’excellents anatomistes. G de Rondelet a été le professeur de médecine de Rabelais à Montpellier et fut un fameux anatomiste. Aujourd’hui encore les structures découvertes par ces anatomistes portent leurs noms, Eustachio a donné son nom à la trompe d’Eustache. L’observation à ses limites que lui impose l’imagination. Vinci est ainsi convaincu que le sang est produit par le foie. Ce qui passe dans les deux ventricules du cœur c’est un mélange de sang et d’air destiné à produire les esprits vitaux qui sont ensuite diffusés dans tout l’organisme. Vinci veut créer pour attester de cela un mélangeur artificiel et il dessine des ports inter ventriculaires qui n’existent pas… Vésale est l’auteur De Humanis Corpore Fabrica, 1543, cet ouvrage est illustré par des graveurs de qualité. On ose critiquer Gallien car des vus de nombreux anatomistes le contredisent.
Dans le domaine de la pharmacologie on introduit des médicaments nouveaux. Paracelse fait la critique radicale de la théorie des humeurs. Cela repose sur une réflexion métaphysique complexe il s’appuie sur ses travaux personnels d’alchimiste. Il réussit avec ses méthodes à guérir la syphilis chez certains malades.
La naissance de l’esprit scientifique (expérimentalisme)
Ambroise Paré 1509-1590, il découvre comment soigner les plaies d’arquebuses en faisant plusieurs essais. Un soldat auquel on applique un baume cicatrisant et un autre auquel on applique le fer rouge, or c’est celui à qui on a appliqué le baume qui cicatrise le mieux. Jusque là, les études des médecins étaient livresques, le chirurgien est considéré comme un moins que rien. L’expérience ne s’impose pas du tout à la Renaissance, c’est une méthode considérée comme en bas de l’échelle. Pour remédier à cela des lieux commencent à être créés où les praticiens et les expérimentateurs peuvent se cottoyer. Les cours des princes italiens ont été ces lieux privilégiés. Leonard de Vinci a pu discuté à la cour de Milan avec Pietro del Monte un mercenaire chef d’armés, ils parlent de la chute des corps car en tant que guerrier Pietro a pu voir de nombreux hommes tomber de murailles, de tours lors d’assauts ou de sièges. Les carnets de Vinci révèlent des dessins sur la chute des corps. En 1509 Pietro del Monte dans De Veritate relate la discussion qu’il a eu avec Vinci, ils ont aussi parlé de « l’impetus », c’est une théorie d’Aristote selon laquelle le mouvement est entretenu par l’air, or a cette époque la véracité de cette théorie est vivement débattue. La cour des princes est celle de princes qui se font la guerre, on y fait des expériences sur la trajectoire des boulets de canon. Le prince d’Urbino fait appel à un ingénieur Tartaglia. En 1554, ce même Tartaglia, écrit Quesiti, il y remet en cause la physique d’Aristote car d’après ses expériences le boulet de canon suit une courbe et non un ligne brisée comme le supposait l’auteur antique.
On améliore les instruments de mesure, horloges, astrolabes…l’amélioration des sciences se fait dans toutes les disciplines. Quant à Vinci, il travaille toujours sur des problèmes concrets comme l’urbanisme.
Les mathématiques nouvelles
Une partie des mathématiques de la Renaissance est en fait une redécouverte de l’antiquité. Les Eléments d’Euclide est traduit en latin en 1482. Le Traité des Coniques de Pappus. L’esprit pragmatique de la Renaissance produit une adaptation créative qui rencontre les besoins des hommes de l’époque. La géométrie euclidienne sert à Piero della Francesca (1439-1478), il a fait progresser l’étude de la perspective grâce à son ouvrage, De Porspectiva Pigendi. Dürer en 1525 utilise la géométrie euclidienne dans un de ses tableaux. Les mathématiques sont utilisées en architecture, pour la construction navale (méthode dite des trois arcs pour faire des plans de navire cela est expliqué par Mathew Baker en 1560). Fernando Oliveira publie en 1570 un livre Fabrica des Narvs portant sur la construction navale. Euclide est plus en vogue que jamais.
La trigonométrie d’Hipparque du IIe siècle p.C apparaît comme plus essentielle que jamais pour reconstituer des cartes perdues de Ptolémée. En 1464, le champ d’étude de la trigonométrie s’élargit au champ sphérique, l’inventeur du sinus est Regiomontanus. John Dee se sert de cette découverte pour dessiner des cartes des hautes latitudes. Mais les effets des mathématiques ne doivent pas être exagérés.
L’algèbre fait une percée significative à partir de 1460/70. C’est la science des problèmes arithmétiques avec inconnus. Les sciences développées par les philosophes alexandrins. Elle s’est épanouie dans le monde arabe auprès de savants tel Al Kwarismi ou encore Ibn al Haytham. Cette restauration se fait grâce aux livres arabes rapportés d’Orient par des marchands.
- En Allemagne et en Italie on a de gros besoins de comptabilité, on créait donc des écoles d’abaque. Ces deux pays (leurs villes ) sont les deux foyers du renouveau de l’algèbre. Luca Pacioli auteur célèbre de Summa de Arithmetica.
- La passion pour les mathématiques est certaines. Les mathématiciens se lancent dans une cournse pour résoudre des équations de plus en plus complexes. Il y a de véritables duels qui sont mis en place. Scipion del Ferro 1456-1526 / Ferrari 1522-1556. A émergé à cette époque à l'école algébrique allemande, les notions de racine carré et l’utilisation du x comme inconnu.