Bouneau UE5 1er cours 18/01/07

De Univ-Bordeaux
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L’économie des réseaux

Une idée essentielle, la dynamique des réseaux entretient l’histoire de l’innovation.

L’histoire du concept de réseau et ses principales applications économiques et entrepreneuriales

La généalogie du concept du réseau

Depuis les années 1880, c’est un concept, un terme omniprésent et depuis 25 ans tout est objet de réseau qu’ils soient matériels ou immatériels, politiques, techniques ou même mafieux.
Ce terme renvoie à des étymologies différentes selon les pays, en français ce mot est une métaphore en rapport au maillage : du latin retis; à partir du XVIIe siècle, un réseau est synonyme de maillage textile, on retrouve cette idée dans le terme anglo-saxon de network (net : filet, work : travail) Les romains géraient un réseau de voies routières, les voies romaines. En 1794, le télégraphe optique est inventé par Chappe, il quadrille le territoire, c'est un outil de communication encore rudimentaire avec un système drapeaux.

L’âge d’or du concept se situe pendant la période saint-simonienne entre 1830 et 1860, en Europe et aux Etats-Unis, les entreprises de chemins de fer fondent une économie basée sur les réseaux, il en existe plusieurs modèles :

  1. Un modèle libéral, l’Etat n’intervient que pour assurer la concession et les compagnies ont tout pouvoir.
  2. Un modèle étatique, les chemins de fer sont la propriété de l’Etat, on retrouve ce type de modèle notamment en Allemagne (avec l’Office Impérial des chemins de fer) et aussi en Suisse.
  3. Un modèle intermédiaire, la France en est le prototype même, il s’agit d’un régime d’économie mixte qui associe Etat et entreprises , le public et le privé. La Charte de 1842 organise le réseau de chemins de fer en France, elle a permis de le centraliser en étoile à partir de Paris. Ce type de réseau a été élaboré par les ingénieurs de l’Ecole de Ponts et Chaussées (l’ingénieur Legrand est à l’origine de cette polarisation spatiale).

Le 1er janvier 1938 est crée la SNCF. L’Etat finance les infrastructures, c’est à dire le travail en amont, les ouvrages d’art (tunnels, ponts…) et les entreprises financent la superstructure, il s’agit des rails, du matériel roulant, des gares…


La gare St Lazare, les ouvrages d’E.Zola exemple : La Bête Humaine, les peintures de Turner : il ya une transfiguration artistique, le passage de l’industriel au culturel.


Durant le 2d Empire (années 1850), il y a un système de convention qui correspond à une division du territoire français entre les 6 grandes compagnies (régionales ou supra régionales). Ces grandes compagnies n’auront cesse d’être dénoncées par les socialistes en tant que grandes puissances capitalistique, elles sont le symbole même du capital tout puissant. Il s’est passé la même chose aux Etats-Unis avec la création des transcontinentaux.
Ces grandes compagnies ferroviaires ont développé une économie des réseaux car elles ont compris les interactions entre le développement du trafic et des desserts et le développement du territoire régionale. En France, les 6 grandes compagnies sont les compagnies du Nord, de l’Est, de l’Ouest, le PLM (Paris Lyon Marseille), le PO (Paris Orléans) la compagnie du Midi (frères Pereire 1850), elles sont progressivement rachetées par l’Etat.

Les compagnies ferroviaires jouent un rôle majeur dans différentes activités extra-ferroviaires.

  1. Elles ont mené des politiques de développement agricole ( politiques de tarifications). Des actions de soutien aux associations coopératives, elles vont jusqu'à faire de la propagande agricole. Elles soutiennent aussi l’électrification des campagnes.
  2. Elles ont réalisé une politique d’incitation industrielle. Il y a un effet industrialisant très net induit par les chemins de fer. La politique de ces compagnies permet aussi le passage d'une utilisation massive de la fonte à celle l’acier, on soutient l’implantation de nouvelles forges par exemple. Les effets industrialisant en aval sont réalisés dans le domaine du transports de marchandises et de la mobilité des travailleurs. Dans l’entre-deux-guerres elles ont investi dans des entreprises électriques et de transport d’électricité. La SNCF possède encore à l’heure actuelle des installations électriques (au lac d’Artouste par exemple depuis les années 20 on y enclenche une production massive d’houille blanche).
  3. Une politique d’incitation touristique. Cela est réalisé par la promotion du tourisme, cela est rendu possible car le train a encore le monopôle des trajets de moyennes et longues distances jusque dans les années 20 (après la voiture, puis l'avion le remplace progressivement). Les premières lignes de chemins de fer à vocation touristiques (« les trains de plaisir ») c’est par exemple la ligne Paris St Germain en Lay mise en service dès 1837. En 1846, la ligne Bordeaux-La Teste permet une exploitation de la forêt des Landes, un développement du trafic portuaire et l’acheminement de touristes participants aux premiers bains de pieds. Le prolongement de cette ligne vers Arcachon est effectué en 1856, Arcachon qu’on aurait aussi bien pu nommer "Pereire City" tant l’action des deux frère dans la construction de cette ville a été essentiel. Les compagnies ont eu une action extérieure de publicité à destination du grand public « Arcachon a moins de 12 heures de train de Paris », on met en avant l’aspect thérapeutique de cette destination. Enfin, les compagnies de chemins de fer ont été liées à la spéculation foncière par leur incessante activité d’achats et de vente de terrains.


Ces compagnies ont animé l’économie des réseaux nationale jusque dans l’entre-deux-guerres. Dans cette économie, on passe facilement du micro à la macro économie, elles sont alors les plus grande capitalisation boursière (mais leur capital obligatoire est largement supérieur au capital par action).
Ces compagnies illustrent la civilisation industrielle, ce sont les plus grandes entreprises de l’époque jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale. Ses salariés : les cheminots (ce sont des agents,) se développe chez ces individus un corporatisme très prononcé, il y a dans ce secteur d'activité une forte syndicalisation avec des différence régionales (selon les régions ce sont, ou des syndicats réformistes qui dominent ou des syndicats révolutionnaires). Au début du XXe siècle on assiste à de grandes vagues de grèves dont les cheminots sont les principaux animateurs notamment en 1911 et 1920 (suite à l'impact de la révolution bolchevik). La Charte d’Amiens de 1906. Les cheminots sont une corporation puissante et représentent un danger pour les capitalistes et les bourgeois.


Les nouvelles formes d’économies des réseaux à partir de la 2de Révolution industrielle

A partir de 1880 avec les réseaux électriques et de télécommunication

  1. Ce sont des entreprises gestionnaires des réseaux électriques et de télécommunication, il y une convergence, une concomitances Europe/Etats-Unis.
  2. L’approfondissement de la révolution manageriale (A.Chandler, The Visible Hand). Cela se généralise dans les entreprises d’électricité et de télécommunication, elles imposent le rôle des managers, ce sont des cadres salariés, la plupart du temps ce sont des ingénieurs, leur pouvoir connaît un net accroissement à partir des années 1880.
  3. On passe de plus d’une économie de réseaux matériels à une économie de réseaux fondée sur l’immatériel. C’est l’avènement de l’ère des abonnés, et donc la mise en place de nouvelles logiques commerciales et de services. Pour le chemin de fer on était encore dans une logique ancienne puisque le consommateur était un usager. Les compagnies d'électricité instaurent de nouvelles politiques tarifaires pour stimuler la demande, des tarifs de plus en plus différenciés. On distingue les heures creuses des heures pleines. On distingue aussi le tarif en fonction du coût marginal des équipements (cela correspond au coût de production d’une unité supplémentaire par rapport à un ensemble).

La Seconde Guerre Mondiale marque vraiment le passage à une société en réseau. M Castells, La société en réseau, l’ère de l’information, 1996 Depuis l’invention du PC en 1981 et depuis la diffusion d’Internet et la révolution commerciale amenée par le web, l’économie des réseaux est pratiquement devenue toute l’économie, elle en est le système même et son cœur. On passe de plus en plus à de l’immatériel, cela se double d’un processus de déterritorialisation. Les réseaux liés aux TICE sont des dispositifs décentralisés de coordination, ils symbolisent le rêve d'un monde horizontal participatif, l’idéologie des réseaux est de type participative.
On peut distinguer 4 générations dans la mise en œuvre des économies de réseaux :

  1. La préhistoire jusqu’au XIXe siècle l'économie des réseaux a été préparée par l’histoire des routes.
  2. L’âge d’or des réseaux ferroviaires au XIXe siècle.
  3. Le nouvel âge d’or des réseaux électriques et de télécoms généré à l’extrême fin du XIXe mais dont la croissance se poursuit jusqu’à la 2GM.
  4. Un dernier âge, la naissance des TICE, les réseaux se complexifient.


La civilisation des réseaux électriques, la place du transport de l’électricité en France et en Europe au XXe siècle

Les deux grandes puissances de l’électricité et des réseaux électriques sont les Etats-Unis et l'Allemagne.

L’ampleur des champs d’application sociaux et économiques de l’électricité sont énormes.

D’amblée l’invisibilité du flux électrique pose problème, il y a chez les populations de l'époque à la fois une idée de fascination et de peur (« la fée électricité » c’est aussi la foudre). On a peur de l’innovation, des nouveaux usages de l’électricité, on a peur des électrocutions car le danger c'est qu'on ne voit pas l’électricité.

Il est nécessaire de distinguer les courants forts des courants faibles Les courants forts permettent de fournir de l’électricité aux particuliers et aux usines, le courant faible est utilisé en télé phonie.
A partir de 1880 l’électricité devient le fluide des sociétés développées, sous toutes ses formes elles est indispensable à la civilisation actuelle.