Cours complet 06-07 BxIV M1 Lacour

De Univ-Bordeaux
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Sommaire

Histoire de la pensée économique

Introduction :

- Il ne faut pas penser que tout a été dit tout en se méfiant du tout nouveau. - Il y a des questions permanentes et des questions à la mode. Il faut voir comment, à un moment donné, certaines idées se diffusent dans les médias et trouvent un écho, même si ce ne sont pas les plus pertinentes. - Il faut s’attarder sur les mots (ex : la Corporate Gouvernance) - Quels outils utilise t-on (économétrie, modèles mathématiques)? - Auteurs cultes : Smith, Keynes, auteurs qui reviennent à la mode : Coase, Alfred Marshol.

I : Panorama général

1. Dix cours sur la méthode.

A. Richesse, pauvreté et ressources

- Dans l’Antiquité, c’est la richesse démocratique. L’individu libre est libre philosophiquement, physiquement et démocratiquement. - Puis du VIIIe au XIIe siècle la richesse est avant tout spirituelle. Opposition à la chrématistique (doctrine selon laquelle on rechercherait l’enrichissement matériel comme fin en soi) d’Aristote n’a plus lieu d’être avec le mercantilisme qui apparait au XVe et XVIe siècle. Selon cette doctrine, la richesse n'est que la richesse matérielle (Machiavel, Le Prince, pour lui la richesse c'est ce qui se traduit en monnaie). Tout est bon pour favoriser les exportations. - La physiocratie au XVIII° avec Quesnay, la richesse fondamentale n'est ni spirituelle ni métallique, c’est la terre et l'agriculture (1758 : Tableaux économiques) qui est reproductive et qui occupe 85% de la population. - Fin XVIIIe siècle, pour A. Smith, la richesse, c’est le travail (comme étalon de valeur et comme modérateur des prix). - Actuellement, la richesse est dans le bien être individuel. Dans les théories économiques actuelles l'individu fonctionnerait selon deux types de comportements :

  1. une tendance à être raisonnable, l'homo economicus.
  2. le domaine des pulsions, les réactions irrationnelles.

Il y a des formes de pauvreté dans des pays dits riches. Quelles sont les causes de la richesse ? Aujourd'hui ce serait la connaissance / le facteur capital et le facteur travail pour les sociétés pas industrialisées (ex : adaptation technologique de la Chine). En France, le seuil de pauvreté est de 800 euros/ mois/ personne.

B. Economie et gestion

- Ce sont des sciences totales : elles sont rigoureuses, autonomes, capables de tout expliquer. Ex : tous les extrémismes religieux peuvent être expliqués rationnellement. Ex2 : pour Barry S Becker de l'école de Chicago et prix nobel, les relations amoureuses n’ont rien qui tiennent de la passion. - L’économie n’est qu’un élément d’un ensemble beaucoup plus vaste et l’économie n’est que la traduction d’un environnement fait d’histoire, de religion… C’est aussi un élément parmi les éléments naturels (économie biosphérique). Il y a aussi un économie neuronale : par les progrès de la science médicale nous voyons qu’au-delà de la rationalité, nous fonctionnons en réaction à certains stimulis.


C. Les principes de gouvernement et des organisations

- De - 50 000 jusqu'aux XVIII°, le rôle des d'organisations, des systèmes politiques est fondamental : Quel est le bon système de gouvernement indépendamment du fait qu'il s'agisse d'un roi, d'un empereur... ? - La nation doit être porteuse de bien être la question est donc de savoir quel type d'organisation est susceptible de l'apporter, est ce la société féodale avec ses trois ordres ? Au XVIII° la préoccupation majeure est de savoir quels doivent être les rôles respectifs de l’Etat et du marché ? Est ce que l'Etat c'est uniquement les fonctions régaliennes : Justice, Police, Armée et Administration générale ? - Si le marché est souverain y a-t-il alors un modèle d’entreprise plus performant que d’autres ? ex : système horizontal/ vertical. Rmq : firme : lieu abstrait qui combine les facteurs de production. On prend en compte seulement le facteur travail. / entreprise : on prend en compte la réalité du système social (syndicats, PDG…). Mais avec la « main invisible », l’intérêt pour la dimension organisationnelle diminue et les entreprises sont automatiquement bénéficiaires pour elles et la société. - Puis, on a redécouvert les problèmes d’organisation. Pour le sociologue Veblen, les institutions comptent. Ex : pourquoi n’ y a-t-il pas de mouvements socialistes et communistes aux EU ? Parce que les institutions et la culture américaines n’en ont pas besoin et que les cols blancs et la classe moyenne sont majoritaires. L'histoire montre que la classes moyenne est le moteur du développement, sans elle cela parait impossible. Ex2 : Rôle des cent familles propriétaires des grandes entreprises en GB C’est l’inside analysis. - Coase et Williamson : existe-t-il des modalités qui permettent de dépasser les dilemmes Etat/Marché, concurrence pure/impure, organisation verticale/horizontale ? Qui prend les décisions et pourquoi ne sont elles pas suivies à chaque fois ? Pour Chandler, il faut prendre en compte la « main visible » du manager qui prend les décisions.

D. Les thématiques autour de la croissance et du développement

- Jusqu’au XVIII° : le développement culturel est le but absolu, on demande les moyens à l’économie pour y aboutir, mais celle-ci n’a pas à définir les objectifs. Au départ l'économie était une science secondaire, un instrument. On cherchait alors le moyen d'augmenter les recettes c'est pour cela qu'on s'est tourné vers la gestion et l'économie. Comment mieux rémunérer le capital, le travail. L’économiste et le gestionnaire apparaissent comme « des dentistes » (Keynes). - A partir du XVIII° : avec les classiques, l’économie entre dans sa conception autonome et globalisante et le développement n’est qu’un sous produit de la croissance. Croissance : « dilatation des grandeurs sans modification des structures » (François Perroux). L’augmentation des ces grandeurs n’entraîne pas de modification d’organisation. La croissance est un phénomène quantitatif. Exemple de dilatation des grandeurs = plus de voitures, plus d'hôpitaux, plus de PIB, la croissance n'entraine pas la modification des comportements. Développement : « dilatation des grandeurs avec modification des structures ». Cependant, il peut y avoir des phénomènes de seuils dans la dilatation des grandeurs. Thèse de la croissance nécessaire et suffisante l’emporte dans les 1980’s-2000’s. La solution aux problèmes de croissance est le progrès technique et en surcroît, nous bénéficions du développement. Le développement est fortement intérrogé depuis plusieurs années, nous détruisons plus que nous produisons, on croyait que la croissance résoudrait tous les problèmes. - A présent, de nouvelles interrogations surgissent : la croissance peut être dangereuse (mai 68), la quête perpétuelle du toujours plus ne serait elle pas néfaste? Le PIB par tête est-il un bon indicateur de développement ? (l'IDH est plus pertinent).

E. Comportements humains

- L’homme est-il naturellement bon ? S'il l'était il ne faudrait pas d'Etats, d'interdictions, d'incitations, d'organisations sociales. Il lui faut donc une organisation, un Etat qui punisse. D’ailleurs, pour Sheling, les gens, même s’ils sont naturellement bons produisent de la ségrégation.


- On suppose que l'homme est naturellement rationnel, qu'il y a une autonomie dans son comportement(individualisme méthodologique) l’homme prend-il ses décisions tout seul ? Ou bien, lecture holiste qui étudie le comportement social d’un individu, le comportement d’un collectif, qui n’est pas le même que les comportements agrégés de chacun.

F. La valeur

- Un des péché originel de l'économie est d'avoir pensé en terme de rareté (des emplois, du temps) . L'économie s'est construite pendant des années sur l'idée de rareté, il fallait chercher avant tout à optimiser, il faut toujours chercher à faire mieux. Qu’est ce qui fonde la valeur d’une société ? Comment mesure-t-on la valeur ? Quelle est la valeur fondamentale ? C’est l’éthique (années 80-2000). Les problèmess surgissent avec l’idée de rareté car on gère des besoins illimités avec des moyens limités. L’économie devrait être un science qui réfléchit sur l’éthique ou la justice. J. Rawls "l'économie doit être éthique" cette notion a été déclinée sous la forme : équitable (l'équité s'oppose à l'efficacité). Exemple : Problèmes de l’équité. Motifs de précaution (prendre en compte les futures générations). Problème des salaires : qu’est- ce qui est juste pour un PDG d’avoir comme rémunération ? Il faut chercher à gérer intelligemment sur le long terme. On redécouvre la valeur travail découverte par Adam Smith, la valeur travail : l’individu est au dessus de tout, il ne devait pas y avoir d'autres valeurs, elle est la mesure de toute chose, la valeur travail sert d’étalon de mesure et le capital n’existe pas par nature car c’est un produit dérivé du travail (= du travail thésaurisé). C’est la valeur marginale : la dernière unité est la plus difficile à produire avant d’obtenir un rendement décroissant et celle que l’on veut le plus.

G. Protectionnisme/libéralisme

- Protectionnisme ou libéralisme ? quels sont les rôles des marchés et de l’Etat ? Exs : dans l’Antiquité, c’est l’opposition entre les libéraux (Protagoras et les sophistes) et les partisans d’un Etat fort (Aristote et Platon). Classiques anglais (loi des avantages comparatifs…) Mercantilistes (ultra protecionnistes) Au XIXe siècle, deux grandes écoles :

  1. La pensée classique héritée de Smith, puis poursuivie par Ricardo, pour eux avec le libre échange tout le monde est bénéficiaire.
  2. Ecole historique allemande : F.List et le protectionnisme éducateur. Pour que le libre échange ait du sens, l’Allemagne doit d’abord monter en puissance.

A présent, le libre échange est-il favorable aux pays sous développés ? (Badwin et Hoover) Au XXe siècle le système keynésien est protectionniste il ne fonctionne que si les frontières des pays sont très fortes sinon il y a des effets de fuite. ex EU, les démocrates sont protectionnistes car les syndicats américains ont peur des délocalisations, le libre échange est dangereux. T.Friedman, The world is flat, le monde de la mondialisation et des avantages comparatifs rend le travail précaire pour tous. Le « patriotisme économique » : certains secteurs doivent être protégés.

H. La monnaie

- La monnaie : d’abord, c’est une marchandise (or/argent contre 1 troupeau par exemple) la notion de monnaie est inaltérable, puis, c’est la monnaie papier pendant longtemps cela a été juste un support plus pratique que l'or ou l'argent. Puis la monnaie billet, magnétique ou virtuelle. A chaque fois, les mêmes questions : la monnaie nouvelle est-elle sûre ? Qui la garantit ? Qu’est ce qui me prouve qu’elle a une contrepartie ? Trois fonctions de la monnaie pour Aristote, ce sont les motifs de précaution, de spéculation et de transaction. Pour lui, nous ne devrions pas désirer la monnaie pour elle-même. Questions au sujet de la théorie quantitative de la monnaie : est ce que l’afflux de monnaie ne crée pas de l’inflation ? voire une bulle financière (la e-économie, l’économie immobilière) ? . Des débats à l'époque des mercantilistes opposent Jean Bodin et Malestroit. Pour J.Bodin l'idée est que les Roi ne doivent pas avoir le pouvoir de gérer la monnaie, car le gouvernement risque de s’endetter. A quoi servent les banques ? Accurancy school : les banques créent du crédit pour augmenter leur propre pouvoir d’achat L'idée révolutionnaire qu'il devrait y avoir une banque centrale complètement autonome née au XVIIIe siècle (Balladur, Tony Blair). Banking School : il est normal que les banques créent la monnaie et facilitent le crédit qui permet de préparer des investissements futurs (pas le crédit à la consommation).


I. La rationalisation

- Pendant longtemps la théorie dominante de la rationalisation a été articulée autour de deux contradictions : chaque individu est doté d’une rationalité illimitée confrontée à un rationnement permanent. Il sait classer ses priorités. Individualisme méthodologique : la finalité de l’économie est l’individu qui est guidé par un comportement rationnel. On cherche l’optimum du consommateur, du producteur, du profit. Rationalité holiste : c'est la rationalité d'un groupe, d'une foule, on est d’autant plus puissant qu’on est caché dans la foule ( un comportement holiste est un comportement de peur ), la foule a aussi un sentiment de justice. Pour les économistes standards la rationalité d'un groupe est la plus importante (Keynes, les mercantilistes, les physiocrates, Marx). L'économie doit se préoccuper des comportements globaux, sociétaux. Les collectifs ont une rationalité différente de celle des individus. Angle de Pareto : cet angle est représentatif d'une certaine idée de l'économie, il symbolise la volonté de la gestion de se constituer en une science pure. L’économie et la gestion ne s’intéressent pas aux flèches du désir ou de l’usage d'un produit ni même aux croyances (c'est l'affaire de chacun) mais à l’échange, comme un acte économique qui laisse une trace et que je peux traduire par des modèles mathématiques. On parle de rationalité substantielle. Triangle de Pareto : on s'intéresse aux désirs (ce qui fait acheter) même s'ils ne sont pas rationnels. Le Désir est créateur de comportements d'achats, on doit réintroduire cette notion dans la gestion et l'économie. Rationalité. Croyances (pas seulement religieuse, familiales, nationales) entrent en jeu dans l’achat d’un objet. La rationalité n’est plus première (elle est seconde ou troisième dans le triangle de Pareto). Herbert.Simon, deux choses :

  1. Nous n’avons jamais toutes les informations nécessaires pour faire un choix rationnel
  2. On n'a pas besoin de toutes les informations, ce sont les modèles qui ont besoin de toutes ces informations, on se débrouille avc ce que l'on a : mimétisme, snobisme Pour Simon, on parle de rationalité limitée.

Selon Keynes les croyances font agir. Economie et la gestion cherchent à retrouver la sociologie (voire l'anthropologie, la psychologie) ; il y a une tension forte entre l'ultrarationalité et l'intime. Les liens « positionnels », ce sont des liens sociaux qui marquent socialement. Ce sont des liens qui nous font agir. On cherche à être socialement marqué.


J. Les logiques de centralité

Logique centre / périphérie : 1 centre commande des périphéries deux lectures possibles/

  1. Un centre qui organise, structure les périphéies. Lecture post-néomarxiste : les périphéries font fonctionner le centre.
  2. Une thèse beaucoup plus actuelle. C'est la thèse de la croissance endogène de Rommer, entre le centre et la périphérie il doit y avoir une alchimie nécessaire. Furay la métaphore du « porteur de torche » : le centre du monde est là où se tiennent les jeux. Il se caractérise par une innovation fondamentale : Venise et le système bancaireau XVIe, Londres et l’utilisation du charbon à partir de 1830 , N-Y et l’électricité vers 1930, en 1950 le centre se déplace à Tokyo et la maîtrise des produits mini (portable...), 1970 la Silicon Valley (l’ordinateur et les nanotechnologies...).

La centralité : qu'est ce qui fait qu' à un moment donné une innovation, un gouvernement, un mode politique, gouverne le monde. Aujourd'hui c'est le règne du libre échange.

CCL : Quatre ordres fondamentaux : ordre organisationnel (analyses inside (angle de Pareto): comment ça marche, comment le profit se constitue ? qui prend les décisions ?...), est ce que les entreprises familiales ont des modes d'organisation particuilers, qui prend les décisions dans le ménage?, Pareto l'ordre ouside : économie s'intéresse à l'acte comment le profit est créé, comment le consommateur utilise sa fonction ; l’ordre institutionnel depuis 20, 30 ans on redécouvre que les institutions ce n'est pas seulement l'Etat : ce sont les syndicats, mais aussi les réseaux, les institutions informelles, les associations….Les institutions gèrent les pouvoirs et les conflits (cette notion de pouvoir, et de conflit est au coeur du triangle de Pareto ; l’ordre privatif (qu’est ce qui garantit les règles de nos vies privées et professionnelles ? Comment protéger ma liberté d’exister ?). Le droit aux capabilités , c'est une garantie que la société me donne de mener une vie professionnelle et privée ; l’ordre spatial (quels sont les lieux où il y a des tensions ?)

2. Les dynamiques de la pensée

4 Logiques de pensée ("R")

  1. de raffinement et d’adaptation à la situation actuelle (le mercantilisme),
  2. de remise en cause et d’oubli (Marx, Keynes),
  3. de redécouverte (Schumpeter)
  4. de Révolution, avec le passage du progrès technique (R.Solow) à tout ce qui tourne autour de l'innovation.

Facteurs de développement : du progrès technique à l'économie de la connaissance

le progrès et technique et l’innovation

Paradoxe de Leontief montre que la puissance économique américaine ne vient pas du facteur capital ou travail, mais de sa bonne utilisation du progrès technique. Les secteurs primaires et tertiaires ne sont pas capables d’incorporer le progrès technique dans les 50’s 60’s, seul le secteur secondaire le permet. Le Progrès technique est le référent fondamental jusque dans les 90’s. Marx et la loi de la baisse tendancielle du taux de profit : le capitalisme est scientifiquement condamné car il est obligé d’avoir de générer du progrès technique et pour cela d’investir et de prélever de la plus value. Le Progrès technique est donc de plus en plus cher et compliqué à réaliser. Le capitalisme est condamné à mourir à long terme.

Thèse de l’innovation et de la connaissance selon Romer

Les mécanismes fondamentaux tournent autour du transfert de la connaissance et de l’apprentissage, le progrès technique n’est qu’un facteur parmi d’autre du développement. Il est même parfois porteur de méfaits. Pour Garry S. Becker, la connaissance, c’est savoir utiliser des compétences. Protocole de Lisbonne  : c’est le nouveau fondement des politiques européennes. Puisque nous ne serons jamais aussi bons en progrès techniques que les américains, et en facteur travail que la Chine, notre seul moyen de concurrencer ces pays est la connaissance.

La e-economie ou la reconnaissance de phénomènes nouveaux
  1. Loi de Moore (patron d’Intel) : tous les 18 mois, nos ordinateurs deviennent au moins 2 fois plus puissants et leur prix relatif baisse de moitié. Nous entrons donc dans un monde de rendement croissant qui remet en cause les thèses de Ricardo et Malthus.
  2. The long tail : si dans un lieu virtuel sont rassemblés tous les exemplaires des ouvrages écrits depuis cent ans, dont certains sont rares, je suis donc capable d’obtenir en peu de temps une masse d’information qu’aucun libraire ne peut m’offrir. Cependant, il reste toujours le « dernier kilomètre » à parcourir, même si la distance compte de moins en moins et les transports sont de moins en moins coûteux. Ex : il faut livrer le livre commandé sur Internet. Donc la distance revient par le service qui doit être assuré sur le dernier kilomètre , celui qui est le plus coûteux.
  3. La gender analysis : dans les années 60-70, il y a eu une lecture féministe des concepts économiques, car ceux-ci ont été jusque là conçus par un monde d’hommes. Pour eux, l’économie de l’optimisation et de l’équilibre se fondait sur les échanges apparents. Ils ne prenaient pas en compte des femmes qui ont une activité productive importante, socialement déterminante. Kate Millet et Betty Fridan veulent comprendre cette économie féminine (éducation des enfants, économie domestique) basée sur un savoir faire et un savoir réagir.
  4. La Théorie des Jeux : dans les années 60-70 avec James Buchanan. C’est l’école des Public Choice : il s’agit d’expliquer le monde politique par des logiques économiques car un homme politique essaie de vendre un produit, de gagner des parts de marchés, le but étant de garder son propre camp tout en mordant sur l’autre, avec le risque de perdre ses propres troupes si l’on mord trop ailleurs. Les personnages politiques appliquent le théorème ABC (Alliance, Bargaining, Control). C’est pour cela qu’ils possèdent des conseillers sratégiques, des conseillers en communication.
  5. L’économie de l’information : Stiglitz, conseiller de Clinton est opposé à la mondialisation. Akerlof dénonce l’asymétrie de l’information dans un article de 1970 à propos du marché des automobiles d’occasions. Le vendeur de voiture est en général le mieux informé de l’état du véhicule que l’acheteur et cependant, ce dernier doit lui faire confiance. Ainsi, l’information, c’est le pouvoir. Toute l’économie contemporaine consiste à donner des contreparties à mon incompétence (les banques,les agences de crédit vont donner de bons signaux théorie du signal), par des mécanismes qui créent de la confiance : des garanties, des habitudes (on crée des comportements de répétition), la réputation (par exemple, les vins AOC).
  6. La redécouverte de l’éthique : depuis 20 ans travaux de Rawls et Sen, l'économiste et le manager ont toujours le rôle de produire un maximum mais tout en respectant les règles techniques et des réglements; même si je peux produire plus, je dois me poser des questions éthiques : à partir de quel âge est-on moins productif ? Quel est le niveau de dépenses médicales que la société peut considérer comme tenable ?
  7. Du monde de la redondance au monde de la complexité :
Redondance Complexité
Répétition Variété
Symétrie Asymétrie
Homogénéité Hétérogénéité
Dégénérescence Spécificité
Non-spécificité Différenciation
Non-différenciation Différences
Identité Individualité
Interchangeabilité Caractère inattendu des choses
Répétition dans le temps

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-modèle de redondance : modèle de la physique avant 1900, loi de la gravitation ; pour une même opération répétée dans les mêmes conditions, on obtient le même résultat ; modèle de la symétrie (action-réaction) ; modèle d'homogénéité.

>modèle de laboratoire, modèle clinique

-modèle de la complexité : apparu avec la prise en compte des problèmes d'environnement avec le problème de l'épuisement des ressources (on ne peut plus répété une même opération à l'infini). Donc les enjeux ne sont plus de même nature. Modèle de la théorie du chaos, du battement d'aile du papillon > caractère inattendu des choses. Du XVIII° aux années 1980, l’économie se construit sur la physique du XIX°. Idée de la répétition : dans un labo, je fais des expériences dans les mêmes conditions et j’obtient les mêmes résultats et il en est de même en économie. Ex : une hausse du taux d’intérêt entraîne une baisse de la consommation. Depuis les années 1980, il y a assymétrie des comportements (Keynes et l’effet de cliquet). Dans la première vision, il y a une logique d’identité, dans la seconde, aucun individu n’est comparable à un autre. Dans la première, le temps est neutre, dans la seconde, le temps est déterminant.


3. L’économie, « science lugubre » (Carlyle) ou « science joyeuse » (Paul Romer)?

Si l’économie considère l’échange comme un signe extérieur, c’est une science lugubre, si c’est de la poésie (Romer), voire de la folie, c’est une science joyeuse (Bomel).

A : L’économie comme …

Modèle : pour Bachelard, c’est une représentation « simplifiée, partielle, sélective et hiérarchisée ». On veut représenter soit un mécanisme soit une certaine vision du monde (paradigme). L’économie représente tout, même nos comportements privés (travaux de Gary S. Becker sur le mariage), les phénomènes naturels et moraux. C’est un monde autonome qui prétend à la scientificité et n’a pas besoin du reste. Version modeste: l'économie n'est qu'un petit bout de la lorgnette située dans un environnement plus large (biosphérique)

Langage : termes comme la mondialisation, le développement durable, l’économie plate sont des codes, des mots clés.

Loi : loi des débouchés, loi d'airain des salaires… - A la manière de Levit : s’il n’y a pas d’incitations, y a-t-il des réponses ? C’est l’économie « saugrenue ».

B : Théorie, Théologie, Thérapeutique

Théorie : construire une démonstration, des hypothèses, étudier des données, valider ces hypothèses…

Théologie : l’économie est convaincue de certaines vérités qui ne se démontrent pas. Ex : le consommateur est souverain et intelligent / pb et s'il est idiot?

Thérapeutique : c’est le « dentiste » de Keynes dont on n’attend pas qu’il nous explique le sort du monde. Ex : comment puis-je lutter contre tel type de chômage ? Comment placer tel type de produit sur un marché encombré ? Comment être un bon manager ? L'économie doit répondre à des problèmes précis et non des problèmes théoriques.

II : Autour de l’homo aeconomicus à l’exubérante rationalité

Le théorème de BBMB (le boucher, le boulanger et le marchand de bière) d’Adam Smith. De la Richesse des Nations : « Ce n’est pas de la bienveillance du boucher, du marchand de bière, du boulanger que nous attendons notre dîner, mais bien du soin qu’ils apportent à leurs intérêts. Nous ne nous adressons pas à leur humanité mais à leur égoïsme<self love>. » L'hymne à l'égoisme , abandonner toute idée de sympathie. Homo aeconomicus a été théorisé dans les années 1870, en tant qu'homme du Marginalisme, c'est une construction la plus rationnelle possible de l'homme. L’homo aeconomicus existe-t-il ? Il aurait existé dès la préhistoire avec Homo Sapiens et la division du travail et l’échange. En 2007, 2 tendances en économie :

  1. Pour Steve Lewis, les hypothèses de l’Homo oeconomicus peuvent être réactivées avec des outils nouveaux: l'ultra rationalité est atteinte.
  2. Retour aux sources: considérer l’homme, ses passions,ses pulsions, cela est nécessaire au marketing et pour les ressources humaines.

Les comportements de la vie de tous les jours sont normaux mais pas forcément rationnels au sens de l'homo aeconomicus: Opposition entre l’ « exubérance rationnelle » (Marc Smith) et l’exubérance irrationnelle des marchés dans les années 90(Allan Grinspan). Aux XVI°-XVIII° : triomphe de l’utilitarisme avec Bentham (autour de 1789) et John Stuart Mill (autour de 1860). Démarche par laquelle on explique comment atteindre le bonheur. Pour l’Abbé Bayes, autour de 1770, il faut tenir compte du fait que l’individu sait s’adapter à son environnement et n’a pas une rationalité fixée.

Les trois « P » :

Von Mises et la praxéologie : tous les comportements se ramènent à des principes simples qui sont les règles de l’optimisation : hiérarchiser ses besoins, affecter à ces besoins certains moyens…

Marx et la praxis : l’objectif de l’économie est de gagner la lutte des classes.

Keynes et la pratique : comment résoudre nos problèmes?

A : Le théorème du boucher

A. Smith parle de « sagesse économique » : dans le Traité des Sentiments Moraux, 1759, il dit qu’il faut définir des règles éthiques de vie sociale. L’égoïsme et l’appât du gain sont les règles communes entre nous qui mènent au bonheur. De cette constatation, Smith ne tire pas une lecture tragique ni comique, mais magique.

Le « je-jeu » : le je doit tenir compte des autres, et ce par un contrôle social/ théorie des jeux du révérend Bayes (philosophe moraliste(= sciences sociales) du XVIIIe siècle) pour qui la répétition, la confiance font partie du processus de recherche du gain.

Théoriser l’utilitarisme :

  1. utilitarisùe simplifié : préférer le bonheur,éviter les peines
  2. utilitarisme éducateur : comment vivre avec ses peines
  3. utilitarisme calculateur : comment obtenir des résultats quelqu’en soient les moyens.
  4. utilitarisme praxéologie : Comment arriver à une société lisse, pacifiée, harmonieuse.

B : Homooaconomicus.com

S : Rationalité substantielle. C’est le cœur de l’homo aeconomicus. Nous pouvons tout expliquer en terme de rationalité. Tout est quête du gain. La rationalité totale s'articule autour de points forts :

  1. Optimisation (j’ai des données sur tout).
  2. Anticipation rationnelle.
  3. Autoréalisation.

Pourtant, on sait bien qu’on n’a pas toutes les informations et qu’on n’est pas dans la pure concurrence. Rationalité substansielle est discutée par l’école de Chicago, théorie appliquée à la théorie du capital, du travail et du mariage. Rationalité procédurale : certains comportements ne sont pas rationnels mais leur procédure l’est (ex du passager clandestin (Free Rider théorie du sociologue américain Mancur Olson); hasard moral : qd on est assuré tout risque, on peut tout faire).

E : Rationalité expérimentale : théorie élaborée autour de 1988 par Maurice Allais et Vernon Smith. Dans le comportement de tous les jours, sur quoi réagissons nous ? dans la culture de l’ « homme social », la dimension culturelle est supérieure à la dimension sociale et à la dimension économique.

I : Rationalité institutionnelle : Nous sommes dépendants de nos institutions (voir III).

L : Rationalité limitée : Herbert Simon (prix Nobel 1978). Pour lui, notre rationalité est limitée en deux sens :

  1. La rationalité subsiste quand on donne une version allégée à la thèse néoclassique : je n’ai pas toutes les infos possibles et pourtant je me comporte rationnellement et même si je les avais, je ne les utiliserais pas.
  2. Idée de « satisfaction suffisante » nous permet de survivre. Il montre l’importance de la routine, de la rationalité habituelle. . Cela permet de tenir compte du hasard et nous aide à comprendre le comportement des autres.

C : Les instincts exécutifs

Un agent libre

En effet, je suis un agent libre dans un environnement codé par des normes, des tabous…L’appartenance à un groupe me marque beaucoup, d’où la segmentation des marchés >> le « user user filtering » : ma connaissance d’un marché vient le la connaissance d’un certain nombre d’usages d’une population/ en contrepartie, le « item item filtering » : j'ai un produit = j'ai un tel comportement, les gens du même groupe social que moi devrait avoir le même comportement.

Certes, j’ai une préférence pour le connu (inertie), d’où la très grande difficulté de l’innovation et la quête de la fidélité. Certes, j’ai besoin de références socialement admises et j’ai un comportement tribal. Mais d’un autre côté, j’ai une extraordinaire capacité à l’oubli. En effet, nous sommes profondément adaptables face aux situations extrêmes de bonheur total ou de peines extrêmes (utilitarisme). L’idée selon laquelle l’homo aeconomicus serait stable dans ses comportements est fausse.

Qu'est ce que nous enseigne la littérature moderne sur l'homme libre et rationnel?

On est adaptable face aux situations extrêmes.

  1. Pour la routine de tous les jours, je fais appel à ma rationalité rationalisée.
  2. En cas extrême, je fais appel à ma rationalité d'adaptation.

Exemples : le comportement bobo (volonté d’ostentation, de reconnaissance, mais aussi de repli discret, pudeur , modestie); études sur l’homme moyen et la femme moyenne (Lily Pearl théorie de la rationalité comportementale), les valeurs des sociétés varient (études sur l’importance des contingences, théorie des climats de Montesquieu, études récentes sur le 4° âges, sur les goûts des adolescents pour la musique et la mode). Certaines catégories ont une bonne image sociale (infirmières, routiers), d’autres, une mauvaise (enseignants, la SNCF), on attend de ces images une certaine rationalité, image des mannequins = il est rationnel d'être mince. Influence de l’occulte : plus on nous impose de rationalité, plus on cherche des références occultes.

D : La rationalité par la confiance d’Herbert Simon

Je n’ai pas et je n’ai pas besoin de toutes les informations. Les biens de confiance, les AOC, la parole des experts, aimée ou haïe, me donnent des repères. L’expert profite parfois du fait d’avoir plus d’informations que les autres, ex : les médecins subissent moins d’opérations que les autres mais ils opèrent plus que nécessaire. Les femmes d’avocats sont moins opérées que les autres, à cause du phénomène de judiciarisation de la société. Les enseignants n’ont pas confiance dans les autres enseignants. Le consommateur a donc besoin de la confiance de l’expert tout en s’en méfiant. Ceux-ci par exemple font des tarifs plus faibles sur les gros travaux mais se répercutent sur les petits travaux. Les phénomènes de mimétisme interviennent aussi, selon Gary S. Becker (théorème du restaurant) : la fonction de demande est positive car plus le prix augmente, plus la demande augmente (si le restaurant est plein, c’est preuve de sa bonne qualité, donc je paierai plus cher ou j’attendrai plus longtemps, mais j’irai quand même dans ce restaurant). On parle aussi de Buzz marketing (info par la rumeur, le secret), fondé sur l’information par la rumeur qui veut rester secrète. Credens good : si beaucoup de demande c'est que c'est bon. Rationalité implicite : même si ce n'est pas bon je ne le dirais pas au risque d'être grotesque.

E : De l’Etat ni-ni à l’Etat nany

L’Etat ni-ni, c’est l’idée selon laquelle l’Etat n’est ni inexistant, ni superpuissant.

Pour Protagoras (représentant des marchands)et les sophistes, l’Etat doit être absent en économie. Conception de l'homme aimable, laissons le faire son travail.

Avec Smith, le boucher, en recherchant son intérêt amène à un état satisfaisant.

A l’opposé, la cité idéale de Platon est parfois interprétée comme une préfiguration du communisme. Pour lui en tout cas, l'homme est méchant, avidehomo homini lupus, donc il faut un Etat fort.

Dans Le Prince, tous les moyens sont bons pour accroître la puissance économique de l’Etat, même la colonisation et le pillage. Avec le mercantilisme français à la Colbert, l’Etat doit intervenir:

  1. A cause du manque d’initiative de la noblesse française, marquée par une logique patrimoniale et foncière(à la différence de la noblesse anglaise)
  2. Il est légitime que le roi de France ait une action économique marquée, qu'il prenne des décisions fondamentales et impose l’intérêt général.

Avec le communisme, la rationalité du peuple, incarnée par le Parti doit s’imposer pour créer un homme nouveau.

Pour Smith, on a besoin d’un Etat réduit à ses fonctions régaliennes : police, armée, justice, administration. Mais toutes les autres activités doivent être assurées par le marché. Il peut y avoir une exception pour l’école, par ex en Ecosse, au XVIII° siècle où la population est pauvre et dispersée. On a besoin d’un Etat régalien qui définisse le cadre, mais pour les autres activités, c’est le marché qui est la règle et l’Etat n’intervient que de manière exceptionnelle. Pour Friedrich Von Hayek, économiste autrichien réfugié à Londres, l’Etat nous conduit à la « route de la servitude », de l’assistance et non de la liberté. Pour Milton Friedman, même les fonctions régaliennes se discutent. Par ex, il ne voit pas pourquoi les prisons devraient relever de l’Etat. De même pour l’école, qui est la réponse d’un producteur de service à un demandeur de service (voir la rémunération des enseignants aux Etats-Unis). Il semble que nous penchions actuellement plutôt du côté pro - libéral.

Une nouvelle vision de l’Etat apparaît avec le nany state. L’Etat est paternaliste, sympathique, qui donne des conseils, mais n’est pas fonctionnel. Il tente de lutter contre l’inertie, contre l’ignorance et l’imprévoyance (l’interdiction de fumer par exemple), mais n’est pas forcément efficace. L’économie et la cognition : la cognition est la réflexion qui va au-delà de la connaissance et se situe entre le mimétisme, la rationalité calculée et une forme d’individualisme. J’oscille entre le routinier et le zapping. Selon le théorème d’Anderson , si je préfère A à B et B à C, alors je préfère A à C. Je suis capable dans toutes les situations de faire un classement stable. Mes choix sont stables dans le temps.

Notre rationalité est aussi marquée à la fois par la sympathie et une forme d’égoïsme. Ces quatre composantes (zappeur, routinier, bienveillant, égoïste) dépendent de notre environnement et de nos institutions. On ne peut plus opposer aujourd'hui les deux grands types de rationalité :

  1. L'individualisme méthodologique ,la rationalité de l’homo aeconomicus, fondée sur l’individu, l'homme par sa volonté de commander ses choix, sa hiérarchie
  2. La rationalité holiste, c'est la rationalité des groupes sociaux.

Je ne suis ni Robinson Crusoë, ni l’homme de Durkheim. C’est pourquoi nous étudierons le rôle des institutions, qui ne sont pas seulement les institutions étatiques ou les syndicats, mais aussi, l’ensemble des codes, des cadres, des images référentes et des tabous des sociétés.

Institutions et Evolution

I L’intérêt des institutions

Qu’est ce qui nous conduit à nous interroger sur les institutions ? L’économie institutionnaliste (depuis 10 ans avec Douglas North), évolutionniste, (opposée à l’économie évolutionnaire). Pourquoi a t-on besoin d’institutions ? A-t-on besoin d’institutions pour changer les sociétés, pourquoi certains systèmes sont stables et pourquoi ailleurs il y a des crises ? Peut-on définir des institutions efficaces qui portent le changement ? pourquoi y a-t-il des entrepreneurs à certains endroits et pas ailleurs ? Pourquoi les systèmes se transforment ?

Le problème du besoin des institutions_ plusieurs commentaires

La question de la rationalité et de la subjectivité

Deux courants:

  1. Les comportements des hommes doivent nécessairement pouvoir s’expliquer par la rationalité : courant de la praxéologie : c’est la conviction que les comportements peuvent s’expliquer par 5 principes(âge, sexe, appartenance religieuse). L’individu est plus rationnel qu’il n’y paraît. Il n’y a pas de construction scientifique sans effort de rationaliser or les sciences économiques ont la prétention d’être des sciences.
  2. La dimension subjective, admettre que les individus ont des comportements qui pour l’analyse scientifique sont idiots mais qui produisent certaines formes de rationalité. La subjectivité suppose qu’il y ait une norme, un modèle implicite, la logique de l’optimisation ; c’est l’équilibre mais, la dimension évolutionniste consiste à dire qu’un équilibre c’est fragile et ce n’est pas la fin en soi. Une solution d’équilibre ne conduit pas forcément à l’efficacité. Une société primitive au sens de Lévi-Strauss c’est une société d’équilibre. De même, la rationalité holiste (celle d’un groupe) explique les comportements fondamentaux (peur, sentiment de puissance, sentiment particulier de la justice)=> question économique : comment articuler cette subjectivité ?

Les institutions

La famille (peut importe que ce soit la même qu’au XIXe siècle ou qu’elle soit mononucléaire), l’université et ses règles, ses rites, ses aberrations.

  • 1° extrême :Dans le modèle néoclassique, pas d’institutions, (hormis peut être la main invisible. Les institutions, sont ailleurs on en a pas besoin (Akerlof).

La firme est un lieu mythique où l’on tente la combinaison optimale des facteurs de production. Kant «  ait le courage de ton propre entendement, de penser par toi même, débarrassez vous de vos chaînes » Nietzsche «  [sortons de] chaînes religieuses » . L’économie prétend être devenue scientifique en abandonnant les religions. Et elle souligne aujourd'hui la nécessité de se libérer des institutions politiques, familiales…

  • 2° extrême : L’histoire de la pensée économique peut se résumer par la phrase : comment enlever le poids des différentes institutions ?

Ainsi nos comportements oscillent entre ces deux extrêmes : Feuerbach : les institutions nous surdéterminent. Les institutions, c’est tout, je ne suis qu’une partie des institutions. Pour l’homme politique les institutions sont tout sauf un fétichisme. L’Etat est un tout ou l’Etat n’est pas. Comment rencontrer les institutions ?

  1. L’analyse structuraliste : Claude Lévi-Strauss (La Pensée Sauvage, Tristes Tropiques). Le but des structuralistes est d’essayer de déterminer quelles sont les institutions secondaires, contingentes et les invariants structurels. Nos sociétés occidentales ont été perturbé profondément depuis l'époque des sociétés dite « primitives ». Quelles sont les institutions structurellement invariantes avant ces perturbations, quelles sont les institutions qui pèsent vraiment et quelles sont celles apportées par la société pseudo-avancée. Les structures invariantes profondes sont les « structures de la parenté », c’est encore plus que la famille.
  2. Williamson [analyses inspirées de Coase] (et H . Simon) : il veut dépasser une opposition pratique et formelle entre le « tout Etat » (économie planifiée) et le « tout Marché », il cherche à voir quel est le système le plus efficace. L’analyse des coûts de transaction, il faut essayer de comprendre et trouver l’institution la plus efficace, sans porter de jugement moral ou politique, et qui serait d’une certaine manière représentative de toutes les institutions et qui aurait une vertu mesurable.

Comment prendre en considération les institutions ? Celles-ci sont exogènes il faut les inclure dans les règles du jeu pour rendre les théories économiques plus efficaces.

Est ce que les institutions comptent ? En quoi sont elles facteur de blocage, de développement, de crise ou de rapport momentané d’équilibre ? Quels sont les institutions qui produisent du changement, de l’équilibre ? L’économiste Edmund Phels, Prix Nobel d’économie, auteur de la citation : « Un marché du travail déréglementé ne supprimera pas le chômage et ne transformera pas les travailleurs sans qualification et sans grande efficacité en salariés hautement productifs et bien payés. », pour lui l’Europe est faible économiquement et politiquement. Le cœur de son explication c’est que le système économique européen se compose de deux éléments :

  • les institutions économiques : ce sont les principes juridiques du droit des sociétés, les organisations de financement banques & bourses
  • la culture économique : en Europe il y a une forme de honte à parler de la culture économique, cette culture ne nous prédispose pas au changement , à la responsabilité.

II Nature et nécessité des institutions.

Une définition de l’institution-cadre

Pour Douglas North, une institution ce sont des « contraintes informelles et des règles formelles, leur mode de respect et d’application » ce sont les normes et les lois. Dans les institutions il y a des tabous (inceste c’est un invariant commun à toutes les sociétés développées ou non) et des traditions. Il ne porte de jugement morale sur les traditions : sont- elles efficaces ou au contraire constituent-elles des freins ? Les constitutions écrites, ce sont des cadres qui nous disent comment nous comporter (théorie du signal).

Une institution est une structure qui dit à la société et à l’économie comment fonctionner. Les institutions sont des règles du jeu. Elles doivent avoir pour objet de nous guider vers ce qui est économiquement le plus efficace. Il faut chercher à comprendre les institutions qui vont favoriser le changement. Y a-t-il des institutions coûteuses ou pas ? cf : Adam Smith :, les échanges, la division du travail se réalisent sans coûts de temps, sans frictions (conflits), sans oppositions…

Les institutions conventions

Articulation concrète d’un accord qui satisfait le plus de monde. Institution / Organisation / Convention

Les institutions règles du jeu

Toute société a besoin de règles du jeu des interactions humaines. J.J.Rousseau, Le Contrat Social, on est obligé de vivre ensemble. On sent qu’il faut une puissance tutélaire. On distingue trois types :

  1. Les institutions servent de grand cadre général et pas seulement juridique.
  2. Il y a des tabous et des conventions.
  3. Williamson et North proposent un regard particulieren tant qu’économistes vis à vis des organisations et des institutions, par exemple les syndicats sont des lieux de pouvoir, de conflits, mais aussi les partis politiques car ils ont un impact direct sur le mode de fonctionnement de l’Etat.

A Quoi servent les institutions ?

Pour North les institutions servent à produire du développement, à favoriser les relations d’échanges, à expliquer le court terme, à savoir pourquoi une innovation s’impose et pas une autre (les sentiers de dépendance), qu’est ce qui fait qu’on sélectionne des systèmes plutôt que d’autres? On a redécouvert Darwin et la sélection naturelle, l’idée est que les systèmes, les plus performants sont sélectionnés naturellement et que les plus inadaptés disparaissent.


III Le renouveau de l’économie institutionnaliste ?

  • L’idée institutionnaliste est vieille (-40 000ans). L’homme de Neandertal aurait découvert déjà la division du travail.
  • La Cité idéale de Platon c’est une institution énorme, l’idée est qu’il est important qu’il y ait une institution qui construise et impose les comportements. A inspiré les démarches socialistes et pré communistes, les institutions imposent des comportements aux individus.
  • Pour les Physiocrates, l’institution dominante c’est la royauté or celle-ci selon eux n’a pas compris que l’organisation majeure du royaume c’est la classe des laboureurs (Quesnay).
  • La pensée institutionnaliste début XXe siècle.

Veblen 2 choses : « théorie des cols blancs » La société américaine est spécifique dans ses principes, sa culture, ses modes de régulation. Les individus ne sont pas identiques, il y a des comportements différents en fonction des catégories sociales. Ce qui est surdéterminant c’est la classe moyenne dans une perspective holiste (Veblen écrit dans les années 20 et il constate l’importance aux Etats-Unis des cols blancs), il y a une dynamique aux Etats-Unis en faveur de la classe moyenne. La société américaine a des comportements particuliers ce qui fait qu'elle n’aura jamais de PC, et n’aura jamais de syndicats puissant dans cette perspective. L’individu, dans la conception américaine, doit être interpréter dans le cadre d’une dynamique d’une population.

La pensée dominante (Marginaliste) refuse ce type d’analyse sociologique :tous les individus qu’ils soient américains, européens ou chinois, ont les même problèmes, les problèmes d’ethnies sont subsidiaires.

Des vieux institutionnalistes et des nouveaux

Trois sociologues : Veblen, Commons, Mitchell considèrent que les institutions sont données et exogènes. Courant autrichien représenté par Von Hayek. Le système du marché est indispensable et tout autre système politique et dangereux. Le marché est la seule institution efficace. Le système libéral est le seul démocrate.

  1. Les institutions existent : idée de compression et réduction. Quelles institutions ont un rôle plus particulier que les autres ? Toutes ne se situent pas sur le même plan d’importance. Sélectionner une catégorie d’institutions essentielles ou représentatives.

Daniel COLSON, professeur à la Faculté des Sciences Humaines et Sociales de Saint-Etienne, spécialiste de l'anarchisme : l’action collective. Influence marxiste. Les institutions sont des superstructures (gouvernement fédéral) et s’opposent aux infrastructures (les syndicats). Dans une société, il y a des droits de propriété collective : exemple traditionnel, celui des actionnaires. Comment le pouvoir revient-il d’avantage aux actionnaires ? Corporate Governance : les actionnaires peuvent faire virer les PDG.

Thématique du système politique de James Buchanan : le système politique est important et peut être théorisé exactement comme un marché. Théorie du Public Choice qui relève de l’analyse économique. Un leader politique essaie de répondre à des demandes : théorème A.B.C.

Histoire à la manière de North et de Fogel. Quelle est l’institution la plus efficace ? Fogel : l’esclavage aux E-U a été important tant qu’il a été économiquement rentable. Supprimé quand on a constaté son inefficacité.

les nouveaux institutionnalistes ont la volonté d’aller plus loin que l’acceptation de l’institution exogène. Pas seulement un cadre, mais c’est aussi le pendant d’un certain nombre de concepts.

Exemple des élections : tous les 5 ans d’où pas plus de deux premiers ministres. Dans l’optique endogène, le quinquennat a pour conséquence différents concepts. Considère le septennat trop lourd, pas assez adaptatif. Les institutions font partie intégrante du système économique. Elles ne sont pas seulement du droit. Elles son en outre plus rationnelle qu’il n’y paraît. Elles peuvent être expliquées avec les mêmes modèles et instruments que l’homo aeconomicus.

approches évolutionnistes Nelson et Winter : les institutions peuvent plus être expliquées en termes micro qu’en termes macro. Suppose deux questions : est-ce que les institutions assurent le Progrès ? Est-ce qu’elles assurent un progrès efficace ? Système évolutionnaire : tous les apports de la théorie des jeux. Newman et Morgenstern et Shelling :

  • exemple de la dissuasion nucléaire. Ce n’est pas fait pour s’en servir. Equilibre entre ceux qui ont la bombe et ceux qui ne l’ont pas.
  • explique la Ségrégation. Situation métissée, les Blancs restent avec les Blancs, par la mécanique sociale.

Théorie de l’agent principal : on peut représenter une société par un agent principal qui ne sera pas forcément le meilleur.

Les variétés institutionnelles

Williamson et Coase distinguent deux composantes du nouvel institutionnalisme :

  • il retient une priorité de la micro. Comment s’organise un marché ? Quelles sont les formes d’externalisation et d’internationalisation ? exemple : l’appel au privé ou au public pour nettoyer ? Qu’est-ce qui est le moins coûteux ?
  • la micro n’est pas la micro mécanique et abstraite mais fonctionnelle, c'est-à-dire je n’ai jamais de réponse sur ce qui coûte le moins cher. Le système de transaction n’est pas une réponse en terme d’optimum à l’équation mathématique, mais le résultat de la théorie A.B.C. (on n’est pas rationnel), le résultat d’une négociation qui implique qu’on amène à une solution durable. La logique des conventions : une fois qu’on s’est mis d’accord, on respecte les engagements. Les conventions formelles (cadrées, écrites, réglementaires) et les informelles.

1.Dugger :

  • nous fonctionnons en terme de pouvoir. L’économie est la science du pouvoir (elle lutte pour le maintien du pouvoir).
  • Il ne croit pas à une capacité naturelle des institutions à évoluer intelligemment. Les institutions sont plutôt antiévolution : « tout change pour que rien ne change ».
  • il a une vision dichotomique de ces institutions en termes de gagnants/ perdants ; proie/ prédateurs qui expliquerait la manière de diriger des entreprises.
  • il raisonne en termes évolutionnistes et non plus en termes d’équilibres optimaux (Comment passe-t-on d’un équilibre à l’autre ?).
  • il souligne le rôle du holisme : la société et l’économie sont en phase.
  • les évolutions se font quand elles sont tout sauf efficaces ou pertinentes.

La science et l’économie sont des institutions.

On ne parle pas de science pure et abstraite avec des règles déconnectées du monde. Quelles sont les institutions qui commandent la science ? Karl Popper et Imre Lakatos.

2.POPPER (1902-1994) : « Une théorie qui n'est réfutable par aucun événement qui se puisse concevoir est dépourvue de caractère scientifique. » (Conjectures et réfutations, ch.1, section 1). Une proposition scientifique n'est donc pas une proposition vérifiée - ni même vérifiable par l'expérience -, mais une proposition réfutable (ou "falsifiable") dont on ne peut affirmer qu'elle ne sera jamais réfutée. La proposition « Dieu existe » est pour Popper dotée de sens, mais elle n'est pas scientifique, car elle n'est pas réfutable. La proposition « tous les cygnes sont blancs » est une conjecture scientifique. Si j'observe un cygne noir, cette proposition sera réfutée. C'est donc la démarche de conjectures et de réfutations qui permet de faire croître les connaissances scientifiques. Dans cette démarche, la théorie peut donc précéder l'observation. Il affirme donc rejeter cette méthode de l'induction (ignorant à l'époque le théorème de Cox-Jaynes), et lui substituer la réfutabilité (anglais : falsifiability). C'est ce principe qui va être le critère de démarcation. Il peut être ainsi formulé : si on entend par énoncé simple un rapport d'observation, nous pouvons dire qu'une théorie est scientifique si elle se divise en deux sous-classes d'énoncés de base :

-la classe des énoncés qui la contredisent, appelés falsificateurs potentiels (si ces énoncés sont vrais la théorie est fausse);

-la classe des énoncés avec lesquels elle s'accorde (si ces énoncés sont vrais, ils la corroborent).

Le critère de falsificabilité de Popper ne se distingue pas dans son principe d'un test de falsificabilité bayésien, hormis le fait qu'il travaille uniquement en logique discrète (vrai/faux) tandis que les bayésiens font varier les valeurs de vérité sur une plage continue de l'intervalle ]0,1[. Le principe de réfutabilité de Popper a été critiqué notamment par Imre Lakatos (1922-1974).

3.LAKATOS : est à l’origine du concept du « bouclier de protection » : toute société a besoin de principes forts qui assurent sa survie (ceci n’est pas un argument de type scientifique), comme le droit de propriété individuelle, la non nécessité d’un Etat omnipotent.

Les institutions, facteurs positifs d’évolution ?

Pour les anciens institutionnalistes, les institutions sont neutres. Pour les nouveaux, les institutions jouent-elles ?

les institutions jouent-elles positivement ?

les institutions jouent-elles effectivement ?

  1. les institutions conduisent-elles à plus de progrès ?
  2. les institutions conduisent-elles à l’optimisation ?
  3. les institutions favorisent-elles l’innovation ?
  • Plus de progrès ?

Thématique nouvelle qui redécouvre Darwin (années 1860) : les espèces se sélectionnent naturellement en faveur des plus forts. Cette doctrine a été récupérée par le régime nazi. Il revient en économie : existe-t-il des institutions plus pertinentes que d’autres ? Dans les années 80-90, le progrès technique est auto vertueux et autoproduit expliquant l’évolution favorable des sociétés. Il y a des gènes qui s’adaptent et d’autres qui ne s’adaptent pas : il faut trouver un modèle équivalent en économie. Pour Veblen et Marshall, l’entreprise c’est le gène qui s’adapte et le modèle biologique serait la concurrence pure et parfaite. Le système adapterait en permanence les entreprises vers le meilleure situation possible. Pas d’intervention de l’Etat, sur le modèle proie/ prédateur (le renard et la poule : le renard doit faire en sorte que demain il y ait encore des poules). Pas de monopole durable, c’est le modèle de la concurrence pure et parfaite.

  • Darwin : modèle de sélection des espèces.

Deux grandes thèses dans sa biologie :

-la sélection des espèces : ce n’est pas le meilleur qui est sélectionné, c’est celui qui s’adapte le plus.

-ne pas raisonner en terme de sélection de toutes les espèces, être adapté à une niche : deux caractères écologiques et économiques. L’optimisation se fait par des logiques de niches. Le terroir est une des formes d’adaptation, y survivent certaines productions (rencontre entre une capacité biologique, climatique, écologique et une capacité à saisir des opportunités qui ont des conséquences économiques).

Attention ce modèle n’est pas seulement stochastique. Il y a deux grands types d’innovation :

-fondamentale (innovation de rupture)

-progressive (ou incrémentale).

Les innovations fondamentales viennent d'une erreur, un produit nouveau, à l’origine, pour le cancer par exemple a des effets bénéfiques sur la peau : innovation majeure. Beaucoup d’adaptations peuvent se faire sans sélection mais par approximation, par des remises en cause.

  • Alchian : les meilleurs sont les meilleurs sur le temps long (ce sont les meilleurs du point de vue de l’entreprise). L’analyse micro est plus essentielle que l’analyse macro ( ce raisonnement fonctionne sur les personnes et les produits).

La sélection des espèces doit se faire au cas par cas. L’entrepreneur prime sur la firme, son habilité, son talent, son ego, sa « folie » (sa rationalité est différentes, il prend des risques fous).

  • Keynes, 2 catégories d’économistes :

- ceux qui sont entrepreneurs (et professeurs)

- ceux qui sont professeurs

La fiscalité, les aides c’est secondaire pour l’entrepreneur. La sélection ne conduit pas forcément à l’optimum mais abouti à la création de trois grands tas. Ceux qui sont hors-jeu, ceux entre deux et ceux dont on pense qu’ils sont sur la bonne voie. Théorème Chréod (terme utilisé depuis 40’) : « on a beaucoup de mal a sortir d’un chemin même si on est conscient que ce chemin n’est pas optimal ». Même si on veut en sortir, des forces, des facteurs, des valeurs nous ramènent sur le chemin le moins bon.

De la main invisible à la main visible, de Smith à Chandler.

Intro : C’est quoi la question

Trop souvent les économistes font un double pari qu’ils perdent mais qu’ils persévèrent à faire : la firme nous suffit pour expliquer les phénomènes économiques, et la concurrence pure et parfaite est un schéma qui permet d’expliquer la réalité. La concurrence pure et parfaite au fond c’est l’institution de référence, le modèle ultime mais impossible à atteindre. La firme pour les économistes c’est métaphysique, c’est le lieu de combinaison des facteurs de production, là où les comportements des uns et des autres se ramènent au calcul d’un optimum. Mais la firme est faite aussi de rapports de force, de syndicats, les politiques…

La main invisible. C’est une organisation optimisante. Or les organisations sont tout sauf optimisantes, elles sont perturbatrices mais en même temps elles assurent la régulation. C’est l’idée de la crise à la fois destructrice et créatrice. La crise c’est un déséquilibre entre l’offre et la demande pour Schumpeter, cela détruit les alliances, elle modifie les comportements, et en même temps la crise créée une nouvelle organisation, qui prend à un moment donnée le bon chemin ou qui empêche de le prendre.

L’idée d’une pulsion rationnelle (boucher, boulanger). Ce qu’il nous faut étudier ce n’est pas cela mais les passions libératrices (inside), passion récente des mangers pour l’éthique. ( ?) Elen Stenberg, le just business, un business plus juste, plus éthique. Le capitalisme compassionnel.

I Une prédilection pour l’outside

Ouside : ce qui est visible, ce qui est extérieur, (modèle de la firme) pas l’étude de la décision que je prends mais à un moment je prends une décision qui implique tant de personnes, tant d’argent. Problème de l’inside : boîte noire ne nous concerne pas.

A. La notion de firme

  • Théorème de la baignoire, flux d’entrée/flux de sorties et un stock. Si on adapte cela au chômage, ce qui m’intéresse ce sont les gens qui vont sortir. Ce qui se passe à l’intérieur c’est de l’inside donc pas d’intérêt.
  • La théorie des organisations, comment gérer au mieux un certain nombre d’organisations ?

-Chandler, entre le marché et la hiérarchie : comment le marché s’organise au mieux ? Y a t il des formes plus efficaces (aujourd’hui déstructuration horizontale = pôles de compétitivité) L’objectif est de comprendre les adaptations, faut-il réduire le temps de travail, faire les 3x8, faut il un modèle hiérarchique ?

-Galbraith, la technostructure, la grande dimension, c’est très performant. La grande taille permet des économies d’échelle, des effets d’externalités, loi des rendements croissants dans le cas de la téléphonie. technostructure : l’influence des cadres et des ingénieurs dans les entreprises tend à supplanter le pouvoir des propriétaires de l’entreprise (rôle des compétences mais intérêt financier direct moindre). Conséquence sur le prix et la variété des produits de la concurrence oligopolistique et monopolistique. D’où création de besoins par le système de production ; ce n’est plus l’offre qui répond à la demande mais la demande qui suit l’offre.

On observe les extérieurs des groupes.

-Loi des trois secteurs dans les années 1960, de l’Australien Colin Clark et de Jean Fourastier :

  • on va décomposer l’économie en trois secteurs,
  • ces trois secteurs ont des relations avec le progrès technique. Le primaire affecte d’une incapacité à produire du progrès, idem pour le secteur tertiaire. Le secondaire, à l’inverse, est créateur de progrès d’où une grande taille pour le secteur industriel, conglomérat va être le modèle, la plus grande taille relevant de la puissance étatique. Modèle contesté par la sociologie des organisations : Chandler et Lintzberg. La théorie des organisations dite contingente, la grande taille pour la référence. La grande entreprise est adaptée pour les innovations incrémentales. Les innovations fondamentales sont le produit des petites entreprises.

Thomas Riedman : quelle est l’organisation la plue efficace aujourd’hui ? et quelles en sont les composantes ?

1.avec l’ouverture au monde, la concurrence est d’emblée mondiale et commande la gouvernance des groupes (infinité d’acheteurs et de vendeurs)

2.Don d’ubiquité : fondateur de la concurrence pure et parfaite : être capable de se déployer d’un marché à l’autre sans coût.

3.La lumière circule plus vite que les marchandises, le pouvoir est au cœur du processus ; celui qui commande l’envoie en temps réel d’un commandement. Modèle de la chimie qui mise tout sur l’info et le savoir.

4.Accélération de l’accès à la connaissance (open source), d’où difficulté de préserver un monopole de connaissances.

5.Délocalisation, capacité à délocaliser :les sièges sociaux mais aussi les entreprises, les usines (théorie de Ricardo sur l’avantage comparatif).

6.Retour de l’importance de la hiérarchie. Le modèle le plus autoritaire, hiérarchique est le plus efficace.

7.Organisations de plus en plus dépendantes de la recherche. Faire faire le plus de recherches par le consommateur : déléguer au client une partie du travail de l’entreprise (ex : recherches de billets de train sur Internet).

8.In sourcing : il ne faut pas désespérer les petits, les faibles. Une chance s’ils se regroupent, réhabilitation de l’entreprise familiale.

Lecture en termes industriels domine dans les années 1960-1970 et même 1980’, de nouveaux champs de littérature d’intéressent à l’organisation des marchés. Cluster : fondement théorique des SPL (Systèmes Productifs Locaux) reposant sur des pôles de compétitivité ou d’excellence. Il y a des lieux qui privilégient l’efficacité des entreprises collectivement (Sillicon Valley, Troisième Italie, Pôles universitaires de Recherche). Quelles sont les raisons qui poussent les entreprises à travailler ensemble ?

Paul KRUGMAN : Il est l'un des principaux auteurs de la nouvelle théorie du commerce international, qui repose sur le commerce intra-firme et intra-industrie, les effets de réseau, et les situations de compétition imparfaite. En 1991, il reçoit la médaille John Bates Clark de l’American Economic Association (attribuée tous les deux ans à un économiste de moins de 40 ans ayant apporté une contribution substantielle aux sciences économiques), ce qui fait de lui un candidat potentiel au Prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel. Il est co-auteur avec Maurice Obstfeld de International Economics: Theory and Policy, le livre de cours le plus utilisé dans ce domaine aux États-Unis, ainsi que d'une vingtaine d'autres ouvrages. Il théorise les phénomènes de concentration, en privilégiant une lecture de l’outside : quels sont les facteurs, l’ambiance ?

B. Ces questions sont issues d’un héritage ancien :

  • dans la première moitié du XIX° siècle, les économistes ingénieurs avaient une pensée économique portée sur des problèmes concrets : comment financer certains types d’entreprises (création des SA en 1867), quel rôle pour les actionnaires ? cf : Cournot et le duopole. Comment financer le développement des chemins de fer ?
  • dans les années 1920, la référence est A. Marshall, membre de l’Ecole marginaliste, Cambridge, contemporain de Pigou. Il crée le concept d’« économies d’agglomération » : quelles sont les raisons pour lesquelles des entreprises se concentrent dans certains lieux ? Elles peuvent être dues à la proximité des matières premières (mines/ ports) : localisations pré déterminées. Au début du XXI° siècle, on redécouvre Marshall, la proximité à l’intérieur des entreprises ne garantit pas forcément une plus grande efficacité.
  • dans les années 1980/90, l’idée forte, théorisée par J. Stiglitz, conseiller économique de Clinton, est que la mondialisation n’a pas que des avantages. Chamberlin, dans l’Entre-deux-guerres, soutient l’idée que la réalité économique, l’outside des entreprises, est tout sauf de la concurrence pure et parfaite. La réalité des marchés est oligopolistique, donc le modèle de concurrence pure et parfaite ne tient plus. Les prérequis en matière de concurrence pure et parfaite ne tiennent pas, notamment deux dont Stiglitz souligne l’inoppérence :
  1. l’idée de l’information parfaite est fausse : le consommateur n’est pas du tout informé (cf : rationalité limitée d’Herbert Simon). L’analyse micro économique travaille sur le prix, or c’est un élément superfétatoire : qu’est ce qui est déterminant si le prix et le coût n’ont pas d’importance ? ou ne sont pas tout le temps mécaniquement déterminant ?
  2. l’idée que ce qui compte c’est l’organisation des marchés ou organisation industrielle ou économique pour les théoriciens de la gestion. On nous parle de la priorité à l’industrie (au sens anglo-saxon : « ensemble des activités ») mais PORTER souligne le problème des barrières à l’entrée d’un marché. Le rôle de l’Etat protectionniste structure un marché en contrôlant les secteurs déterminants. Les barrières à l’entrée en terme de masse : le marché s’organise pour interdire l’entrée (ainsi le modèle de concurrence pure et parfaite ne tient plus) ; exemple : concentration des entreprises (notamment verticale). La théorie contemporaine prône la déconcentration verticale. Avec l’intensification de la concurrence, le marché va se déplacer vers des secteurs où la concurrence est la plus faible. Aujourd’hui, on glisse vers la notion de barrières éthiques.

=>tout cela structure un marché de type oligopolistique.

  • la théorie des coûts de transaction : le marché ne résout pas tout. Comment fonctionne le modèle de concurrence oligopolistique ? Le rôle de l’Etat est dangereux. Entre le modèle hiérarchique et le modèle horizontal de concurrence pure et parfaite, on n’a rien. L’Etat ne joue plus son rôle, les grands groupes n’ont pas de fonction hiérarchique dominante, la concurrence pure et parfaite n’existe pas. Cependant, pour Coase et Williamson, entre les deux, il y a quelque chose, c’est ce qu’ils appellent les coûts de transaction : permettent d’expliquer comment on doit tout faire en interne ou si on a intérêt à externaliser et ainsi ne rien produire du tout sur son territoire (Nike), d’où pas besoin d’entreprises de grande taille.
  • Théorie de l’Agence (Jensen) [définition : La théorie de l'agence est la branche de l'économie qui s'occupe des conséquences du problème principal-agent en particulier à l'intérieur d'une même unité économique, administration ou entreprise. En tant que telle, elle constitue un domaine à cheval entre l'économie industrielle et la théorie des organisations.

La théorie de l'agence se base sur une opposition entre deux agents : D'une part, le détenteur des moyens de production, alors appelé "actionnaire", ou de manière générale, "le principal". D'autre part, l'agent qui exploite les moyens de production du premier à sa demande. Dans le monde de l'entreprise, il existe plusieurs relations de cette nature :

  • Employeur -- Salarié
  • Epargnant -- Banque
  • Actionnaire -- Gestionnaire.

Une telle relation, établie dans le but de maximiser le profit de l'actionnaire, permet à l'agent d'en tirer en échange des bénéfices (salaire, options d'achat d'actions...). Malgré le consentement mutuel, il y a une opposition des intérêts : L'actionnaire compte rentabiliser son capital. L'agent veut tirer des bénéfices de son action, ce qui signifie entamer la part du capital. D'un point de vue plus général : Le principal va mettre en place un système qui poussera l'agent à réaliser l'action tout en dévoilant la totalité des informations. L'agent voudra garder le pouvoir décisionnel qu'il peut tirer, notamment, de ses informations. Par conséquent, une telle relation présente des risques : asymétrie de l'information (qu'elle soit volontaire ou non) aléa moral (non-respect de l'ensemble des règles et accords passés) antisélection (une asymétrie d'information trop importante peut inciter le principal à choisir par souci de rentabilité un bien ou service de moins bonne qualité, et l'agent à adopter un comportement dit de "passager clandestin" - "free rider"). Mais aussi des coûts : coûts liés à la surveillance de l'agent (par exemple, un conseil d'administration), appelés "coûts d'agence".] Il faut essayer de trouver l’entreprise représentative d’un type de marché et les liens entre l’agent principal et les secondaires.

D’où l’idée de réflexion contractuelle : idée que les relations strictement hiérarchiques ou marchandes par les prix doivent être dépassées. Ainsi, on aboutit à une invention d’une nouvelle organisation des marchés par le contrat (entreprises sont à la fois concurrentes et solidaires) ; mais comment l’organiser de façon efficace ? -la concentration ? mais c’est inefficace. -une organisation informelle ou mafieuse des marchés ? or le contrat est censé permettre une organisation efficace, transparente dans l’intérêt final du marché.


II. La « main visible » de l’inside (Chandler).

La « boîte noire »

On va entrer dans l’entreprise, dans l’Etat et démontrer que l’opposition hiérarchie/ marché ne tient pas. Qu’est ce qui se passe dans mes comportements ? Comment est-on en vrai ? Quelles sont nos véritables pulsions ? Comment mieux comprendre les comportements des managers ? Quelle est la technique à employer pour arriver à la meilleure pratique de la gestion ? le mimétisme (solution la moins coûteuse et la moins risquée) ? Igor ANSOFF (1965) : théorise le phénomène de mimétisme comme stratégie de développement d’une entreprise : Igor ANSOFF, dans Corporate Strategy, 1965, en français Stratégie du développement de l’entreprise, Editions d’Organisation, 1969, distingue trois types de décisions dans l’entreprise

  1. décisions stratégiques
  2. décisions « administratives », ou d’organisation
  3. décisions opérationnelles

Edith PENROSE(1959) : idée qu’il y a une croissance des firmes, comment réagir face à cela ? Le premier chercheur a avoir proposé la connaissance comme une variable explicative de la croissance et du développement des organisations est Edith Penrose (1959). Pour cet auteur, la différence de croissance entre les firmes peut s’expliquer par les ressources uniques qu’elles développent, et surtout par l’expérience unique que possèdent ses managers et qui se concrétisent en une connaissance inscrite dans les services accompagnant l’offre. Elle note : « Les véritables processus d’expansion et d’opération sont intimement liés avec le processus par lequel la connaissance est augmentée dans l’organisation » (1959, p. 48). (…) « L’expérience développe une connaissance accrue des possibilités d’action et des façons dont ces actions peuvent être entreprises par la firme. Cette augmentation dans la connaissance est la source des opportunités productrices de changement » (p. 53). De fait, Penrose a posé dès 1959 les fondations de l’école qui a dominé depuis la recherche sur la connaissance dans les organisations : l’approche fondée sur les ressources.

Approches en termes de ressources

1) Point de départ : il y a 20/ 30 ans, le terme des « ressource » désignait le capital, le travail, la terre, cette dernière étant le principe clé des Physiocrates. Pour eux, il y a 2 ou 3 lois en matière d’économie : -la Nature est bonne fille (agriculture), c’est une ressource naturelle ; -la Nature n’est pas productive en soi, il faut ajouter les facteurs capital et travail ; -la Nature est fragile (elle n’est pas reproductible à l’infini, elle se détruit si elle est mal respectée).

2) Jean Bodin, « il n’est de richesses que d’hommes », la principale ressource c’est l’homme. Adam Smith reprend cette idée, Marx la glorifie (homme = force physique).

3)Au début du XXI° siècle, cette idée de ressource veut dire beaucoup : il ne suffit pas d’avoir un stock de facteurs de production pour que ça devienne une ressource. J’ai des facteurs de production potentiels, mais ce n’est pas encore une ressource (principe des Physiocrates), les facteurs de production ne sont forcément bien utilisés, les facteurs s’épuisent ou ils deviennent obsolètes. =>idée de facteurs de production donné est un concept fragile.

Disponibilité et utilisation des ressources (informations tacites/ codées) : je peux avoir la connaissance mais je ne sais qu’en faire : quel usage, quelle organisation dans l’entreprise ?

L’entrepreneur ou l’homme invisible

BAUMOL : celui qui fait le capital est absent de la théorie économique ; on parle de chef d’entreprise. Celui qui transforme est ignoré de la théorie car on ne sait pas l’expliquer : on parle d’un D travail, d’un D capital, amélioration de la production comme résultat de processus donné, venu de l’extérieur. Les économistes pensent en D P (pour Prix), D Q, ou en R.D mais les innovations relèvent du « rêve, du démon, de la folie », l’entrepreneur est un fou, il n’est pas explicable par les modèles de rationalité.

Théorisation définitive de l’inside

Théorisation de la croissance endogène. C’est à l’intérieur des systèmes, des groupes, des villes que la croissance se réalise ou pas.

  • On fait appel à la théorie du capital humain (ROMER)

Le capital dont nous disposons et les modalités pour l’acquérir (capital social, humain) et le valoriser puis le partager.

  • On fait appel à de nouvelles analyses de l’innovation. Une attention plus grande est portée aux thèmes de l’apprentissage et du transferts de connaissances. C’est moins le D Q que l’on va favoriser, on va plutôt chercher à voir quels sont les mécanismes par lesquels les idées circulent. On repense donc le rôle de l’entreprise familiale, il y a des formes juridiques plus efficaces que d’autres.
  • On fait appel à une nouvelle économie géographique (P. KRUGMAN). Le pouvoir, le capital sont concentrés dans des lieux décisionnels en matière de finances, le reste est secondaire. On comprend donc les avantages et les inconvénients et on peut reprendre la question sur les évolutions des marchés, les découpages nationaux.