Lacour BxIV M1 1er cours 30/01/07
Sommaire
- 1 Histoire de la pensée économique
- 1.1 Introduction :
- 1.2 I : Panorama général
- 1.2.1 1. Dix cours sur la méthode.
- 1.2.1.1 A. Richesse, pauvreté et ressources
- 1.2.1.2 B. Economie et gestion
- 1.2.1.3 C. Les principes de gouvernement et des organisations
- 1.2.1.4 D. Les thématiques autour de la croissance et du développement
- 1.2.1.5 E. Comportements humains
- 1.2.1.6 F. La valeur
- 1.2.1.7 G. Protectionnisme/libéralisme
- 1.2.1.8 H. La monnaie
- 1.2.1.9 I. La rationalisation
- 1.2.1.10 J. Les logiques de centralité
- 1.2.1 1. Dix cours sur la méthode.
Histoire de la pensée économique
Introduction :
- Il ne faut pas penser que tout a été dit tout en se méfiant du tout nouveau. - Il y a des questions permanentes et des questions à la mode. Il faut voir comment, à un moment donné, certaines idées se diffusent dans les médias et trouvent un écho, même si ce ne sont pas les plus pertinentes. - Il faut s’attarder sur les mots (ex : la Corporate Gouvernance) - Quels outils utilise t-on (économétrie, modèles mathématiques)? - Auteurs cultes : Smith, Keynes, auteurs qui reviennent à la mode : Coase, Alfred Marshol.
I : Panorama général
1. Dix cours sur la méthode.
A. Richesse, pauvreté et ressources
- Dans l’Antiquité, c’est la richesse démocratique. L’individu libre est libre philosophiquement, physiquement et démocratiquement. - Puis du VIIIe au XIIe siècle la richesse est avant tout spirituelle. Opposition à la chrématistique (doctrine selon laquelle on rechercherait l’enrichissement matériel comme fin en soi) d’Aristote n’a plus lieu d’être avec le mercantilisme qui apparait au XVe et XVIe siècle. Selon cette doctrine, la richesse n'est que la richesse matérielle (Machiavel, Le Prince, pour lui la richesse c'est ce qui se traduit en monnaie). Tout est bon pour favoriser les exportations. - La physiocratie au XVIII° avec Quesnay, la richesse fondamentale n'est ni spirituelle ni métallique, c’est la terre et l'agriculture (1758 : Tableaux économiques) qui est reproductive et qui occupe 85% de la population. - Fin XVIIIe siècle, pour A. Smith, la richesse, c’est le travail (comme étalon de valeur et comme modérateur des prix). - Actuellement, la richesse est dans le bien être individuel. Dans les théories économiques actuelles l'individu fonctionnerait selon deux types de comportements :
- une tendance à être raisonnable, l'homo economicus.
- le domaine des pulsions, les réactions irrationnelles.
Il y a des formes de pauvreté dans des pays dits riches. Quelles sont les causes de la richesse ? Aujourd'hui ce serait la connaissance / le facteur capital et le facteur travail pour les sociétés pas industrialisées (ex : adaptation technologique de la Chine). En France, le seuil de pauvreté est de 800 euros/ mois/ personne.
B. Economie et gestion
- Ce sont des sciences totales : elles sont rigoureuses, autonomes, capables de tout expliquer. Ex : tous les extrémismes religieux peuvent être expliqués rationnellement. Ex2 : pour Barry S Becker de l'école de Chicago et prix nobel, les relations amoureuses n’ont rien qui tiennent de la passion. - L’économie n’est qu’un élément d’un ensemble beaucoup plus vaste et l’économie n’est que la traduction d’un environnement fait d’histoire, de religion… C’est aussi un élément parmi les éléments naturels (économie biosphérique). Il y a aussi un économie neuronale : par les progrès de la science médicale nous voyons qu’au-delà de la rationalité, nous fonctionnons en réaction à certains stimulis.
C. Les principes de gouvernement et des organisations
- De - 50 000 jusqu'aux XVIII°, le rôle des d'organisations, des systèmes politiques est fondamental : Quel est le bon système de gouvernement indépendamment du fait qu'il s'agisse d'un roi, d'un empereur... ? - La nation doit être porteuse de bien être la question est donc de savoir quel type d'organisation est susceptible de l'apporter, est ce la société féodale avec ses trois ordres ? Au XVIII° la préoccupation majeure est de savoir quels doivent être les rôles respectifs de l’Etat et du marché ? Est ce que l'Etat c'est uniquement les fonctions régaliennes : Justice, Police, Armée et Administration générale ? - Si le marché est souverain y a-t-il alors un modèle d’entreprise plus performant que d’autres ? ex : système horizontal/ vertical. Rmq : firme : lieu abstrait qui combine les facteurs de production. On prend en compte seulement le facteur travail. / entreprise : on prend en compte la réalité du système social (syndicats, PDG…). Mais avec la « main invisible », l’intérêt pour la dimension organisationnelle diminue et les entreprises sont automatiquement bénéficiaires pour elles et la société. - Puis, on a redécouvert les problèmes d’organisation. Pour le sociologue Veblen, les institutions comptent. Ex : pourquoi n’ y a-t-il pas de mouvements socialistes et communistes aux EU ? Parce que les institutions et la culture américaines n’en ont pas besoin et que les cols blancs et la classe moyenne sont majoritaires. L'histoire montre que la classes moyenne est le moteur du développement, sans elle cela parait impossible. Ex2 : Rôle des cent familles propriétaires des grandes entreprises en GB C’est l’inside analysis. - Coase et Williamson : existe-t-il des modalités qui permettent de dépasser les dilemmes Etat/Marché, concurrence pure/impure, organisation verticale/horizontale ? Qui prend les décisions et pourquoi ne sont elles pas suivies à chaque fois ? Pour Chandler, il faut prendre en compte la « main visible » du manager qui prend les décisions.
D. Les thématiques autour de la croissance et du développement
- Jusqu’au XVIII° : le développement culturel est le but absolu, on demande les moyens à l’économie pour y aboutir, mais celle-ci n’a pas à définir les objectifs. Au départ l'économie était une science secondaire, un instrument. On cherchait alors le moyen d'augmenter les recettes c'est pour cela qu'on s'est tourné vers la gestion et l'économie. Comment mieux rémunérer le capital, le travail. L’économiste et le gestionnaire apparaissent comme « des dentistes » (Keynes). - A partir du XVIII° : avec les classiques, l’économie entre dans sa conception autonome et globalisante et le développement n’est qu’un sous produit de la croissance. Croissance : « dilatation des grandeurs sans modification des structures » (François Perroux). L’augmentation des ces grandeurs n’entraîne pas de modification d’organisation. La croissance est un phénomène quantitatif. Exemple de dilatation des grandeurs = plus de voitures, plus d'hôpitaux, plus de PIB, la croissance n'entraine pas la modification des comportements. Développement : « dilatation des grandeurs avec modification des structures ». Cependant, il peut y avoir des phénomènes de seuils dans la dilatation des grandeurs. Thèse de la croissance nécessaire et suffisante l’emporte dans les 1980’s-2000’s. La solution aux problèmes de croissance est le progrès technique et en surcroît, nous bénéficions du développement. Le développement est fortement intérrogé depuis plusieurs années, nous détruisons plus que nous produisons, on croyait que la croissance résoudrait tous les problèmes. - A présent, de nouvelles interrogations surgissent : la croissance peut être dangereuse (mai 68), la quête perpétuelle du toujours plus ne serait elle pas néfaste? Le PIB par tête est-il un bon indicateur de développement ? (l'IDH est plus pertinent).
E. Comportements humains
- L’homme est-il naturellement bon ? S'il l'était il ne faudrait pas d'Etats, d'interdictions, d'incitations, d'organisations sociales. Il lui faut donc une organisation, un Etat qui punisse. D’ailleurs, pour Sheling, les gens, même s’ils sont naturellement bons produisent de la ségrégation.
- On suppose que l'homme est naturellement rationnel, qu'il y a une autonomie dans son comportement(individualisme méthodologique) l’homme prend-il ses décisions tout seul ? Ou bien, lecture holiste qui étudie le comportement social d’un individu, le comportement d’un collectif, qui n’est pas le même que les comportements agrégés de chacun.
F. La valeur
- Un des péché originel de l'économie est d'avoir pensé en terme de rareté (des emplois, du temps) . L'économie s'est construite pendant des années sur l'idée de rareté, il fallait chercher avant tout à optimiser, il faut toujours chercher à faire mieux. Qu’est ce qui fonde la valeur d’une société ? Comment mesure-t-on la valeur ? Quelle est la valeur fondamentale ? C’est l’éthique (années 80-2000). Les problèmess surgissent avec l’idée de rareté car on gère des besoins illimités avec des moyens limités. L’économie devrait être un science qui réfléchit sur l’éthique ou la justice. J. Rawls "l'économie doit être éthique" cette notion a été déclinée sous la forme : équitable (l'équité s'oppose à l'efficacité). Exemple : Problèmes de l’équité. Motifs de précaution (prendre en compte les futures générations). Problème des salaires : qu’est- ce qui est juste pour un PDG d’avoir comme rémunération ? Il faut chercher à gérer intelligemment sur le long terme. On redécouvre la valeur travail découverte par Adam Smith, la valeur travail : l’individu est au dessus de tout, il ne devait pas y avoir d'autres valeurs, elle est la mesure de toute chose, la valeur travail sert d’étalon de mesure et le capital n’existe pas par nature car c’est un produit dérivé du travail (= du travail thésaurisé). C’est la valeur marginale : la dernière unité est la plus difficile à produire avant d’obtenir un rendement décroissant et celle que l’on veut le plus.
G. Protectionnisme/libéralisme
- Protectionnisme ou libéralisme ? quels sont les rôles des marchés et de l’Etat ? Exs : dans l’Antiquité, c’est l’opposition entre les libéraux (Protagoras et les sophistes) et les partisans d’un Etat fort (Aristote et Platon). Classiques anglais (loi des avantages comparatifs…) Mercantilistes (ultra protecionnistes) Au XIXe siècle, deux grandes écoles :
- La pensée classique héritée de Smith, puis poursuivie par Ricardo, pour eux avec le libre échange tout le monde est bénéficiaire.
- Ecole historique allemande : F.List et le protectionnisme éducateur. Pour que le libre échange ait du sens, l’Allemagne doit d’abord monter en puissance.
A présent, le libre échange est-il favorable aux pays sous développés ? (Badwin et Hoover) Au XXe siècle le système keynésien est protectionniste il ne fonctionne que si les frontières des pays sont très fortes sinon il y a des effets de fuite. ex EU, les démocrates sont protectionnistes car les syndicats américains ont peur des délocalisations, le libre échange est dangereux. T.Friedman, The world is flat, le monde de la mondialisation et des avantages comparatifs rend le travail précaire pour tous. Le « patriotisme économique » : certains secteurs doivent être protégés.
H. La monnaie
- La monnaie : d’abord, c’est une marchandise (or/argent contre 1 troupeau par exemple) la notion de monnaie est inaltérable, puis, c’est la monnaie papier pendant longtemps cela a été juste un support plus pratique que l'or ou l'argent. Puis la monnaie billet, magnétique ou virtuelle. A chaque fois, les mêmes questions : la monnaie nouvelle est-elle sûre ? Qui la garantit ? Qu’est ce qui me prouve qu’elle a une contrepartie ? Trois fonctions de la monnaie pour Aristote, ce sont les motifs de précaution, de spéculation et de transaction. Pour lui, nous ne devrions pas désirer la monnaie pour elle-même. Questions au sujet de la théorie quantitative de la monnaie : est ce que l’afflux de monnaie ne crée pas de l’inflation ? voire une bulle financière (la e-économie, l’économie immobilière) ? . Des débats à l'époque des mercantilistes opposent Jean Bodin et Malestroit. Pour J.Bodin l'idée est que les Roi ne doivent pas avoir le pouvoir de gérer la monnaie, car le gouvernement risque de s’endetter. A quoi servent les banques ? Accurancy school : les banques créent du crédit pour augmenter leur propre pouvoir d’achat L'idée révolutionnaire qu'il devrait y avoir une banque centrale complètement autonome née au XVIIIe siècle (Balladur, Tony Blair). Banking School : il est normal que les banques créent la monnaie et facilitent le crédit qui permet de préparer des investissements futurs (pas le crédit à la consommation).
I. La rationalisation
- Pendant longtemps la théorie dominante de la rationalisation a été articulée autour de deux contradictions : chaque individu est doté d’une rationalité illimitée confrontée à un rationnement permanent. Il sait classer ses priorités. Individualisme méthodologique : la finalité de l’économie est l’individu qui est guidé par un comportement rationnel. On cherche l’optimum du consommateur, du producteur, du profit. Rationalité holiste : c'est la rationalité d'un groupe, d'une foule, on est d’autant plus puissant qu’on est caché dans la foule ( un comportement holiste est un comportement de peur ), la foule a aussi un sentiment de justice. Pour les économistes standards la rationalité d'un groupe est la plus importante (Keynes, les mercantilistes, les physiocrates, Marx). L'économie doit se préoccuper des comportements globaux, sociétaux. Les collectifs ont une rationalité différente de celle des individus. Angle de Pareto : cet angle est représentatif d'une certaine idée de l'économie, il symbolise la volonté de la gestion de se constituer en une science pure. L’économie et la gestion ne s’intéressent pas aux flèches du désir ou de l’usage d'un produit ni même aux croyances (c'est l'affaire de chacun) mais à l’échange, comme un acte économique qui laisse une trace et que je peux traduire par des modèles mathématiques. On parle de rationalité substantielle. Triangle de Pareto : on s'intéresse aux désirs (ce qui fait acheter) même s'ils ne sont pas rationnels. Le Désir est créateur de comportements d'achats, on doit réintroduire cette notion dans la gestion et l'économie. Rationalité. Croyances (pas seulement religieuse, familiales, nationales) entrent en jeu dans l’achat d’un objet. La rationalité n’est plus première (elle est seconde ou troisième dans le triangle de Pareto). Herbert.Simon, deux choses :
- Nous n’avons jamais toutes les informations nécessaires pour faire un choix rationnel
- On n'a pas besoin de toutes les informations, ce sont les modèles qui ont besoin de toutes ces informations, on se débrouille avc ce que l'on a : mimétisme, snobisme Pour Simon, on parle de rationalité limitée.
Selon Keynes les croyances font agir. Economie et la gestion cherchent à retrouver la sociologie (voire l'anthropologie, la psychologie) ; il y a une tension forte entre l'ultrarationalité et l'intime. Les liens « positionnels », ce sont des liens sociaux qui marquent socialement. Ce sont des liens qui nous font agir. On cherche à être socialement marqué.
J. Les logiques de centralité
Logique centre / périphérie : 1 centre commande des périphéries deux lectures possibles/
- Un centre qui organise, structure les périphéies. Lecture post-néomarxiste : les périphéries font fonctionner le centre.
- Une thèse beaucoup plus actuelle. C'est la thèse de la croissance endogène de Rommer, entre le centre et la périphérie il doit y avoir une alchimie nécessaire. Furay la métaphore du « porteur de torche » : le centre du monde est là où se tiennent les jeux. Il se caractérise par une innovation fondamentale : Venise et le système bancaireau XVIe, Londres et l’utilisation du charbon à partir de 1830 , N-Y et l’électricité vers 1930, en 1950 le centre se déplace à Tokyo et la maîtrise des produits mini (portable...), 1970 la Silicon Valley (l’ordinateur et les nanotechnologies...).
La centralité : qu'est ce qui fait qu' à un moment donné une innovation, un gouvernement, un mode politique, gouverne le monde. Aujourd'hui c'est le règne du libre échange.
CCL : Quatre ordres fondamentaux : ordre organisationnel (analyses inside (angle de Pareto): comment ça marche, comment le profit se constitue ? qui prend les décisions ?...), est ce que les entreprises familiales ont des modes d'organisation particuilers, qui prend les décisions dans le ménage?, Pareto l'ordre ouside : économie s'intéresse à l'acte comment le profit est créé, comment le consommateur utilise sa fonction ; l’ordre institutionnel depuis 20, 30 ans on redécouvre que les institutions ce n'est pas seulement l'Etat : ce sont les syndicats, mais aussi les réseaux, les institutions informelles, les associations….Les institutions gèrent les pouvoirs et les conflits (cette notion de pouvoir, et de conflit est au coeur du triangle de Pareto ; l’ordre privatif (qu’est ce qui garantit les règles de nos vies privées et professionnelles ? Comment protéger ma liberté d’exister ?). Le droit aux capabilités , c'est une garantie que la société me donne de mener une vie professionnelle et privée ; l’ordre spatial (quels sont les lieux où il y a des tensions ?)