Cours complet M1 BxIV Lacour 2005-2006
Sommaire
- 1 Regard contemporain sur la pensée économique : introduction
- 2 Histoire de la pensée économique La rose des vents
- 3 Les grandes coupures de l’histoire de la pensée
- 3.1 I/ La pensée antique
- 3.2 II/ La pensée moyenâgeuse
- 3.3 III/ La pensée moderne, jusqu’en 1758
- 3.4 IV/ 1758 : les Physiocrates (QUESNAY)
- 3.5 V/ 1776 : les Classiques (A. SMITH)
- 3.6 VI/ 1848 : les Marxistes, socialistes et socialistes utopiques
- 3.7 VII/ 1870 : les Marginalistes
- 3.8 VIII/ 1936 : J.M. KEYNES
- 3.9 IX/ Les années 1970 : les néo monétaristes (M. FRIEDMAN)
- 4 Description de trois visions d’auteurs
- 5 Qu'est la science qui nous intéresse?
- 5.1 I/ Regards épistémologiques
- 5.1.1 A/ Grands paradigmes
- 5.1.2 B/ Regards retenus
- 5.1.2.1 1) Science pure
- 5.1.2.2 2) L’économie politique
- 5.1.2.3 3) L’économie morale et éthique
- 5.1.2.4 4) L’économie biosphérique
- 5.1.2.4.1 a) L’économie cosmogonique
- 5.1.2.4.2 b) L’économie intelligente
- 5.1.2.4.3 c) L’économie conquérante
- 5.1.2.4.4 d) L’économie déstructurante
- 5.1.2.4.5 e) L’économie démurge
- 5.1.2.4.6 f) L’économie prudentielle
- 5.1.2.4.7 g) L’économie sanctuaire
- 5.1.2.4.8 h) L’économie entropique
- 5.1.2.4.9 Deux séries de conclusion pour l'Economie Biosphérique
- 5.2 II/ Regards comportementaux
- 5.1 I/ Regards épistémologiques
Regard contemporain sur la pensée économique : introduction
- Taussig : Autrichien, école de Vienne (Schumpeter, Menger, Von Hayeck)
Thèse du consommateur souverain, de la maîtrise des prix. Complément de la loi de Say (loi des débouchés : l'offre est déterminante mais, in fine, c'est le consommateur qui décide, qui accepte ou pas).
Congrès des économistes américains : autre thèse : le neuro-consommateur, ce n'est pas l'homo economicus.
- Engel et Granger : mathématiciens.
Débat entre les Plombiers et les Poètes (P et P) ; eux font partie de la catégorie des Plombiers càd ce sont des économistes puissants, des techniciens, des mécaniciens de l'économétrie. On peut mettre Ricardo dans cette catégorie.
- >théoriciens rigoureux
Les Poètes discutent du sort de l'humanité. Keynes, Schumpeter, Kahneman : économie expérimentale. Ils observent au lieu de dire comment ça doit être.
- Efficacité des entreprises : comment l'expliquer ? En prenant la question à l'envers : les entreprises qui ne sont pas très efficaces devraient disparaître donc on étudie celles qui disparaissent.
Pour Marx : le capitalisme est condamné car les chefs d'entreprises doivent faire des innovations permanentes, pour ça, ils veulent de la plus-value.
On constate que les entreprises les mieux gérées selon les gestionnaires ne sont pas celles qui durent le plus longtemps ; il y a autre chose, c'est la confiance dans un produit, l'attachement à une marque, à un lieu ce qui ne devrait pas compter dans une économie pure et parfaite.
- Economie de la connaissance : la concurrence se joue là-dessus, l'Inde et la Chine l'ont compris, ce qui compte, c'est le savoir.
- >économie de l'innovation
Pour Smith, par la spécialisation il y aura amélioration de l'organisation économique. La compétence, la raison appartiennent à la connaissance.
- Frédéric Bastia (Français), partisan du libéralisme. Le bien-être = quand il n'y aura plus d'états nationaux, plus de guerres économiques, des populations un peu plus généreuses. On s'aperçoit aujourd'hui qu'il y a de la pauvreté au sein des pays riches.
- Peter Brucker : notion de stratégies, de gestion par objectifs.
Idée que le travailleur n'est pas seulement un coût mais une ressource qualifiée, une personne.
Dans les années 60, on continue de faire comme si l'économie était de la gestion optimale de biens. Or il faut déjà penser à l'économie du savoir. La gestion se fait par des objectifs.
On rentre dans une période de turbulences, à la différence de l'enthousiasme de l'après-guerre ; existence de grands changements très profonds.
Dans les années 20, le capitalisme est en crise pour des raisons idéologiques et parce qu'on rentre dans une période de turbulences : la Bourse, les comportements ne sont plus les mêmes, c'est aussi une période de discontinuités : on rentre dans une logique de rupture.
Cela donne raison à Keynes : l'économie n'est pas seulement rationnelle, elle est neuronale, chaotique, incohérente.
Dans une organisation, ce qui importe, c'est le bien-être. Il est plus important que le profit ; en fait, c'est le bien-être qui permet le plus grand profit.
- Ghoshal : le capital social, cela va au-delà des dotations factorielles, c'est une culture commune, partagée ; c'est la capacité à mobiliser des gens donc importance de la réputation, de la confiance.
- >lecture en "3 P" : purpose, process, people (avant, stratégie = structure, système).
En 2005, Aumann et Schelling, deux mathématiciens, travaillent sur la théorie des Jeux : la rationalité, la coopération volontaire a ses limites. Naturellement, il faut plutôt s'obliger à avoir des règles du jeu, de vie commune.
C'est souvent dans la crainte que l'on coopère, cf. le modèle de la dissuasion nucléaire.
Schelling : blanc/noirs aux Etats-Unis
- >comportement profond d'aversion
- J.-J. Rousseau : en 1755, article sur l'économie politique.
La naissance de l'économie politique : 1615 avec A. de Montchrestien, bien avant A. Smith et 1767 avec John Stuart. 2005, on redécouvre Rousseau, sa conception de l'économie politique a retenu l'attention des auteurs.
- >c'est l'étude de la bonne gestion de l'Etat
Le bon modèle économique = économie rurale, agraire car c'est une économie simple. Les acteurs sont francs et rendent service à la société. Ville = corruption, inefficacité.
- ⇨ dans les débats des années 2000, Rousseau réapparaît comme un fanatique de l'agriculture.
- Darwin et le néo-darwinisme : thèse qui revient à la mode de manière secondaire par rapport à nos considérations. Aux Etats-Unis, on est pour ou contre : Darwin vs les créationnistes.
Les créationnistes : nous sommes à l'image de dieu, on doit s'en rapprocher, la politique, la société et l'économie sont secondaires.
- >conséquences politico-économiques
Darwin : nouvelle lecture ; reprend certains travaux de Spencer. 1860 = énorme capacité d'adaptation des sociétés ; seuls les meilleurs s'en sortent.
- >il a été longtemps convenu qu'on ne parlait pas de Darwin (base du nazisme)
On le redécouvre parce qu'on fait le lien avec un courant moderne, l'évolutionnisme (-> Schumpeter). Les sociétés sont capables de bouger, s'adaptent, notamment par des innovations (sinon, mort). C'est difficile de produire des innovations sociales, pourtant, c'est là qu'est possible ou pas le développement d'une société.
Histoire de la pensée économique La rose des vents
A. COTTA et C. CALVET, Les quatre piliers de la science économique.
I/ Révélation et rationalisation
A/ Révélation : Doctrine
- Acceptation de principes qu’on ne peut démontrer en théorie.
La Main invisible d’A. SMITH : Principe supérieur faisant fonctionner naturellement l’économie vers le bien être, autorégulation des marchés.
SEN en offre une relecture.
HAYEK (école de Vienne) : Toute économie entrant dans une route d’interventionnisme de l’Etat est mauvaise.
B/ Rationalisation : Théorie
- Explication rationalisée d’un phénomène.
L’équilibre de WALRAS-PARETO : Les marchés fonctionnent parfaitement dans le cadre de certaines règles.
BARONE : Inverse de HAYEK, démonstration de la bonne conduite d’une économie dirigée par l’Etat. Il le fait avec des hypothèses lourdes et excessives, où l’Etat dispose d’infos parfaites et complètes, et peut immédiatement transmettre les ordres.
II/ Individualisme méthodologiuque et rationalité holiste
A/ Individualisme méthodologique
- C’est la théorie de l’Homo Oeconomicus (école marginaliste), qui mène une recherche rationnelle de profit.
La rationalité substantielle : G. S. BECKER (école de Chicago): l’économie est la science de ces comportements rationnels, tout acte de la vie doit être rationalisé (voleurs et mariage).
La rationalité procédurale (nuance des années 80) : On peut avoir la volonté rationnelle de faire une chose irrationnelle.
La rationalité limité : H. SIMON : On manque d’informations, mais on agit tout de même sans elles. Cela mène à l’économie de la compétence ou de la référence, où l’on copie le comportement supposé rationnel de l’autre. Seul, on ne peut avoir de rationalité pour l’ensemble des choses, cela se fait tous ensembles.
O*société = Σ comportements maximisés (« O » pour optimum)
Il n’existe pas de conflits dans nos comportements individuels ; la somme de nos capacités optimisées mène à l’équilibre général.
B/ La rationalité holiste
- Il y a conflit, et donc déséquilibre dans la somme des comportements maximisés.
La rationalité de la société n’est pas réductible à cette somme des capacités individuelles. Une foule développe de nouvelles capacités, comme un sentiment de puissance.
KEYNES : économiquement, il n’y a pas d’individu mais un collectif (macroéconomie).
MARX : lutte des classes, groupes sociaux déterminant le système économique (matérialisme historique).
Les Mercantilistes (Colbert): L’Etat est supérieur aux individus qui le composent. Seul importe le succès de l’Etat.
PLATON : Le bien être de la cité, pour préserver la démocratie.
III/ Les besoins et les désirs
A/ Les besoins
- C’est une lecture utilitariste de la société : BENTHAM, CONDILLAC (XVIIIe).
KEYNES : « le dentiste » : L’économiste ne doit pas chercher à interpréter, résoudre l’ensemble des problèmes de la société mais doit se borner à sa stricte sphère de compétences.
L’économie , c’est répondre à des besoins, il faut les connaître et les classer rationnellement.
B/ Le désir
- Approche sociologique. Explication comportementale, opposée au rationalisme de l’Homo Oeconomicus. On fait appel à une lecture psychologique des passions, parfois irrationnelles et immorales.
IV/ Évolution et rupture
A/ Évolution
- Les sociétés s’autorégulent, les adaptations sont permanentes. On peut atteindre un seuil d’autorégulation, c’est ce que nous dit A. SMITH avec la « société stationnaire » (mais pas immobile).
FUKUYAMA propose la preuve (avec la chute du mur de Berlin) que l’économie de marché est capable de se corriger, de s’adapter, contrairement au système communiste.
PERROUX : « La croissance équilibrée » : Rôle équilibrant du progrès technique dans une analyse macroéconomique à long terme. La société assure sa régulation, on le voit avec la théorie du déversement des secteurs (Théorie d’A. SAUVY La machine et le chômage).
SCHUMPETER : Les crises sont nécessaires pour évoluer et s’adapter : cycles et progrès technique.
B/ Rupture et révolution
MARX : la praxis, le combat, la lutte permanente.
Les Physiocrates proposent une révolution scientifique avec suppression du système féodal et instauration d’un impôt foncier unique.
V/ Firmes et organisations
A/ Firme
- Le lieu où se réalise la combinaison des facteurs de production, très marquée de rationalité, c’est une approche microéconomique.
C’est un modèle économique pur (DEBREU, SAMUELSON, PARETO).
R. SOLOW étudie le progrès technique (approche microéconomique). Question du progrès technique « résidus » ? Aujourd’hui, le progrès technique est considéré comme le facteur de production fondamental (lien avec la connaissance)
La firme est un système abstrait où tout le monde est rationnel, il n’y a pas de relation de pouvoir, de tension etc. mais une recherche de la combinaison optimale des facteurs de production pour aboutir à la fonction de production optimale.
Modèle de la boîte noire : Facteurs de production → boîte noire → production optimale.
B/ Organisation
- Plus complexe que la firme, elle prend en compte le rôle des acteurs.
Il n’y a pas que le seul facteur travail mais des personnes aux comportements différents, des enjeux de pouvoir, des conflits (place des actionnaires, des syndicats…).
On cherche à toucher un désir, pas l’optimum. C’est une analyse de la vie interne de l’organisation et des liens avec le monde dans lequel elle évolue.
VI/ Progrès technique : approches positives et négatives
A/ La lecture positive, le progrès technique « maître du monde »
- Prédomine dans les années 1980, mise en avant des bénéfices et avantages du progrès technique comme un progrès général.
MARSHALL (années 1930) redécouvert aujourd’hui autour de la question des « externalités »
J.A. SCHUMPETER redécouvert depuis 10 ans, pour l’explication des crises, des innovations (place des cycles). Il est considéré comme un des fondateurs du courant évolutionniste ou évolutionnaire.
B/ La lecture négative, le progrès technique : une source de problèmes
- Le progrès technique comme source de problèmes qu’il devra lui-même résoudre : la résistance, l’adaptation des insectes au progrès des insecticides.
Le progrès technique comme destructeur des ressources : cas du pétrole.
Il ne faut pas voir dans le progrès technique la solution à tout.
VII/ Production et répartition
A/ Production
- Comment l’humanité a-t-elle surmonté les problèmes de production (manques pénuries, disettes …) ? Globalement, on note une amélioration des problèmes de production, se pose alors celui de la répartition.
B/ La répartition
- La répartition est de plus en plus inégale. On relève un développement de la pauvreté dans les pays riches, une hausse des inégalités (A. SEN)
Les grandes coupures de l’histoire de la pensée
I/ La pensée antique
Il n’y a pas de pensée économique mais seulement des idées économiques liées à la philosophie, la morale, la politique (Platon) :
- Place de la monnaie et de l’argent
- Articulation, représentation du monde
II/ La pensée moyenâgeuse
Grande place du religieux : l’Église dans la politique, la morale
- Idée du juste prix, du juste salaire. Développement d’une spiritualité de la richesse
- Interdiction des capitaux, du prêt, de l’emprunt
- Réflexion sur la justice (voir auteur contemporain J. RAWLS)
- Naissance des villes (bastides)
III/ La pensée moderne, jusqu’en 1758
Le mercantilisme : COLBERT, CROMWELL
- Patriotisme économique : exporter et ne pas importer
- Théorie quantitative de la monnaie. Avec la découverte de l’Amérique, réflexion sur le lien entre les arrivées de massives métaux précieux et l’inflation.
- Du vice privée vers la richesse collective
IV/ 1758 : les Physiocrates (QUESNAY)
- Place de la terre, de l’agriculture.
- Théorie de la richesse : ne dépend pas que de la quantité mais aussi de la question de la circulation. L’idée de circuit, que la richesse doit circuler (circulation des grains)
- Système féodal fermé considéré comme un gaspillage.
V/ 1776 : les Classiques (A. SMITH)
- Théorie de la valeur travail. Explicitation et valorisation de la spécialisation individuelle, dans l’entreprise, nationale, internationale.
- Loi de Malthus : augmentation de la population plus rapide que l’augmentation de la production.
- Rôle du marché naturellement bien faisant, « main invisible » (A. SMITH)
- Commerce international, « avantages comparatifs » (D. RICARDO)
VI/ 1848 : les Marxistes, socialistes et socialistes utopiques
- 1848 : Manifeste du Parti Communiste ; 1860 : Le Capital (premier tome)
- Les socialistes utopiques : Cabet, Fourier, Proudhon…
- Condamnation du capitalisme
- Histoire : le matérialisme historique
- Théorie : détournement de la valeur travail
- Scientifiquement : besoins de capitaux pour innover prélevés sur le travail. La plus-value est réalisée sur l’exploitation du prolétariat.
VII/ 1870 : les Marginalistes
S. JEVONS, école de Cambridge ; K. MENGER, école de Vienne ; L. WALRAS, école de Lausanne.
- Démonstration du côté non scientifique du socialisme.
- Autre fondement de la valeur, développe l’utilité (déjà chez CONDILLAC). C’est l’analyse à la marge qui donne la valeur à l’ensemble des biens et permet donc de les classer et choisir.
- Introduction systématique du calcul mathématique, lien science et mathématique (les auteurs marginalistes sont souvent des ingénieurs).
- Naissance de la micro, de l’équilibre de consommation, de l’équilibre général, de « l’homo oeconomicus »
VIII/ 1936 : J.M. KEYNES
1936 : Théorie générale. 1921/2 : Traité sur la monnaie.
Grande influence après la guerre aux États-Unis (Kennedy).
- Idée de circuit.
- Grandeur des agrégats (mesures nationales).
- Propension marginale à consommer, demande générale, coefficient multiplicateur.
- Théorise la légitimation de l’intervention de l’État.
IX/ Les années 1970 : les néo monétaristes (M. FRIEDMAN)
- Analyse plus complexe de « l’homo oeconomicus » critiqué par les institutionnalistes qui insistent sur le rôle des institutions (famille, travail, identité, école…) sur le comportement des acteurs économiques.
- Rôle décisif de la monnaie. Nouvelle micro.
- Théorie des jeux : comment se joue coopération des agents ?
- Théorème du passager clandestin, cas d’une grève dans une entreprise : le plus intéressant est de ne pas participer à la grève (pas de perte de salaire, bien vu de la direction) tout en espérant des accords avantageux. Profiter de l’action, du sacrifice des autres c’est la posture du « passager clandestin ».
Description de trois visions d’auteurs
Description de trois visions d'auteurs :
-celle de Cotta en 4 entrées
-celle de Baslé en 3² entrées
-celle du prof en 2 entrées
I/ Quatre grandes références dans le livre de Cotta :
- l'orthodoxie libérale
- le déterminisme révolutionnaire (Marx)
- l'hétérodoxie réformiste (Keynes)
- le positivisme institutionnel (Veblen)
-l'orthodoxie libérale : càd courants classique et marginaliste. Il y a trois mots-clé : invariance (question de l'optimisation), marché (marchés sont souverains, seule manière de réguler l'économie et la société), rationalité (idée de l'homo economicus)
-le déterminisme révolutionnaire : renvoie à Marx et aux économistes contestataires qui considèrent que l'économie est une certaine représentation de la société, voire un fétichisme, mais pas une science. C'est la question des classes et de la structuration de la société et de la détention du ou des pouvoirs.
Dans cette lignée, on peut dire que l'économie est une manière de gouverner (pour Marx, elle sert à faire la guerre).
- > aujourd'hui, pensée un peu en panne
-l'hétérodoxie réformiste : illustrée par Keynes. Idées qui semblent aujourd'hui un peu lointaines mais apparaissent sous un autre nom. Grinsfald dit qu'il n'y a pas de doctrine mais qu'il y a des instruments pour tâtonner, il n'y a pas de théorie mais de l'a peu près. Ici, l'Etat a sa place, les structures supranationales aussi (FMI, etc.). C'est l'idée que quelque part des décisions fortes sont prises, décisions qu'on ne peut pas laisser au marché.
Idée qu'il nous faut savoir compter, l'économie, c'est la science de la valeur, càd savoir donner de la valeur (ex : PIB, PNB) même si c'est difficile. Grinsfald donne des modèles économétriques qui sont des outils.
-le positivisme institutionnel : illustré par Veblen. Opposé au premier courant où on a un monde fini, une boite noire, on ne se pose pas de questions. Ici, c'est l'idée de réintroduire et comprendre les comportements de ceux qui sont dans la boite noire càd que l'institution, les organisations comptent.
Mots-clé : organisation, stratégie, système complexe
- >le monde est plus compliqué que ce que l'on croyait
Idée que la sphère économique et la sphère de la gestion ne sont que des éléments d'une sphère, de systèmes plus complexes (le système social par exemple). On a des objectifs, des contraintes mais aussi des pouvoirs, des ambitions, du mimétisme, etc.
- >lecture en terme de rationalité
II/ Lecture de Maurice Baslé en trois courants méthodologiques qui donnent lieu à trois "mondes" d'où le 3² :
-individualisme méthodologique : l'économie, c'est la science des choix individuels sous contraintes. Deux lectures des contraintes : celles stricto sensu comme une contrainte de revenu et celles politiques, environnementales, internationales, etc. -holisme ou lecture globalisante : l'économie, c'est la science des systèmes dont on cherche la régulation. On a des sociétés, des groupes de nations qui eux-mêmes ont leurs systèmes (douaniers, sociaux, etc.) dont on cherche la régulation. Comment gère t'on tout ça? Qui gère? Cela se fait souvent par des négociations et des normes.
- >économie de la négociation, du rapport de force, de l'inertie
-modèle intermédiaire : idée pas très bonne. L'économie, c'est la science de l'articulation entre les choix individuels et les choix sociaux.
De ces trois lectures, Baslé tire trois "mondes" :
- 1er monde : le monde des échanges. Lecture des échanges : quels mécanismes réels, souterrains?
- 2ème monde : l'économie des hiérarchies. Comment se hiérarchisent les sociétés? Nos propres choix? >classement de nos désirs, de nos choix.
- 3ème monde : l'économie du don et des transferts. Lecture bcp plus anthropologique ; il n'y a pas que des échanges marchands, il y a une économie de l'apparence, des règles sociales (cadeaux de Noël), des transferts sociaux.
Champ qui apparaît derrière : champ de la ou des justices, de l'équité.
- >champ qui avait été abandonné et qui revient très fort
III/ Troisième lecture, celle du prof, en deux regards :
- regards de nature épistémologique
- regards comportementaux
-regards comportementaux : tout ce qui se dit autour de la ou des rationalités.
L'économie a été la quête, la recherche de la rationalité ; c'est la manière dont les gens se sont libérés de multiples chaînes (chaînes pour Nietzsche = chaînes morales). Idée que la raison, la science doit pouvoir se libérer.
- >renvoie à L'Encyclopédie et à la philosophie des Lumières
Etre rationnel, c'est être utilitariste, c'est une question d'optimum : comment obtenir le maximum avec le minimum de peines? Les rationalités, c'est la manière dont l'économie, la gestion cherchent à comprendre comment on est, comment on fonctionne. On fonctionne avec des modèles de rationalité limitée (pensée de Simon : on fonctionne avec des informations limitées)
- >théorie des jeux
-regards épistémologiques : qu'est ce que la science économique? Pour quoi faire? Lectures multiples, dimension pour laquelle l'économie est une réflexion complètement abstraite faite de jeux mathématiques. La création scientifique est un modèle parfait :
- >travaux de Miller
De l'autre côté, il y a Amartya Sen ; réflexion plus philosophico-économique : il y a des inégalités et l'économie devrait s'en occuper.
Qu'est la science qui nous intéresse?
I/ Regards épistémologiques
A/ Grands paradigmes
- Un paradigme, c'est l'ensemble des idées dominantes à un moment donné et dans une société donnée (idée de Kuhn).
Dans toute société, il y a un certain nombre d'idées fortes, des "valeurs" qui a un moment sont retenues comme existantes, elles forment une toile de fond. Aujourd'hui, les valeurs qui s'expriment sont celle de l'économie de la connaissance. Lien avec l'idée que la connaissance est un facteur fort de production. L'Europe ne peut s'en sortir que grâce à la connaissance, pas avec la main d'œuvre par exemple.
- >paradigme dominant aujourd'hui : nous ne nous en sortirons que par la connaissance.
Il y a une préoccupation politique centrale : idée de pauvreté (abandonnée il y a dix ans mais elle est chez nous aujourd'hui) qui nous interroge sur nos capacités à piloter.
Autre paradigme : comment améliorer la répartition des richesses? Est-ce que l'économie c'est fait pour construire une science ou est-ce que c'est de la gestion politique?
- Exemple de deux modèles empruntés aux sciences dures, aux maths et à la physique. L'économie a essayé de s'inspirer de ces sciences dures.
Redondance | Complexité |
Répétition | Variété |
Symétrie | Asymétrie |
Homogénéité | Hétérogénéité |
Dégénérescence | Spécificité |
Non-spécificité | Différenciation |
Non-différenciation | Différences |
Identité | Individualité |
Interchangeabilité | Caractère inattendu des choses |
Répétition dans le temps |
-modèle de redondance : modèle de la physique avant 1900, loi de la gravitation ; pour une même opération répétée dans les mêmes conditions, on obtient le même résultat ; modèle de la symétrie (action-réaction) ; modèle d'homogénéité.
- >modèle de laboratoire, modèle clinique
-modèle de la complexité : apparu avec prise en compte des problèmes d'environnement avec le problème de l'épuisement des ressources (on ne peut plus répété une même opération à l'infini). Donc les enjeux ne sont plus de même nature. Modèle de la théorie du chaos, du battement d'aile du papillon >caractère inattendu des choses
- Illustration de cela avec quelques réflexions :
- Pertinence d'une validation : quand est-ce qu'on est certain qu'une science est valide? Thématique de la réfutabilité : on est en présence d'une science si c'est contestable (pensée de Popper, de Kuhn).
Ricardo est le fondateur de l'idée de mondialisation, théorie des avantages comparatifs. L'échange est globalement favorable à tout le monde mais pour cela, on doit le valider. Ricardo s'oppose au XIXième siècle à l'école historique allemande qui pense que l'échange ne marche pas pour l'Allemagne mais seulement pour la Grande-Bretagne.
- Une science parfaite sur le plan scientifique n'est pas forcément utile, elle peut avoir aucun intérêt. A l'inverse, une science bancale peut être tout à fait opérationnelle.
Il y a aussi des modes en économie.
Par exemple, aujourd'hui, ce qui est à la mode :
-éco. de la connaissance
-on peut se passer de l'Etat
-la mondialisation, c'est pas trop mal
-la mobilité
-la fin de l'agriculture et la suppression de la PAC
Et en parallèle, ce qui n'est pas à la mode :
-s'interroger sur le sens de l'expression "économie de la connaissance"
-le facteur terre : le foncier détermine d'énormes pb
-la régulation
-la question de la pauvreté
- La place de l'économétrie : vieux problème. Elle réinvente un débat bien connu, débat du XIXième siècle entre Ricardo et Smith.
Deux tendances :
- ce qui était hier des stats, de la comptabilité, internet, ce sont des instruments, des outils qui ont pour but de faciliter la réflexion, d'argumenter, de valider un certain nombre d'hypothèses. Pb : qui pose les hypothèses?
- c'est les stats, la comptabilité, internet qui disent ce qu'est la science.
- Lecture de Veblen : économiste américain de la fin du XIXième s., agacé par la volonté des économistes américains d'implanter le marginalisme. Il rappelle que les institutions, ça compte : la famille, l'environnement professionnel, la commune, la Nation, la propriété, la sécurité, etc. Après, on théorise une certaine efficacité, le capitalisme américain en oubliant les effets pervers (ex. crise de 29).
B/ Regards retenus
Quatre regards sur l'économie et la gestion:
- science pure
- science morale et éthique
- économie politique
- science "biosphérique"
1) Science pure
Construction d'un champ que l'on maîtrise complètement, cf. modèle de Walras ; construction à partir d'hypothèses très simples : l'homme agit et a un but, donc il agit pour obtenir ce but. Il a une référence (l'optimum), il réagit avec une situation qui est l'équilibre et il a des modalités (échanges et marché).
Sur ces hypothèses, on va construire l'homo economicus dont la version la plus élaborée apparaît en 1870 et s'affine ensuite.
- => lecture de praxéologie (Von Mises) : tous les individus sont identiques de ce point de vue.
On construit un modèle qui tient compte de ces hypothèses simples et qui les raffine. Tous les individus sont strictement égaux, ils ont la même intelligence.
- >économie sans problèmes raciaux, sans pb de pauvreté, etc.
Idée d'une science pure qui n'a pas à être confrontée à la réalité et qui est une science parfaite.
2) L’économie politique
A. SMITH, meilleur représentant (fondateur ?) de l’économie politique.
Regards sur l’économie de DE MONCHRESTIEN à LEVITT.
A. DE MONCHRESTIEN
Inventeur du terme « économie politique »
Pour lui, l’économie politique c’est : la gestion de l’État (contexte mercantiliste), l’articulation et l’utilisation des Finances Publiques.
Pour cela, il faut :
- Définir les « dépenses actives et productives » au service de l’État
- Ne pas décourager les populations
- Ne pas favoriser le marché noir, la contrebande
- Adopter un système fiscal favorisant les activités productives
- Application anachronique du « trop d’impôt tue l’impôt »
- Incitation par le système fiscal
- Bien gérer le domaine public
A. SMITH Définition générale de l’économie politique : « une branches des connaissances du législateur et de l’homme d’État » ; « l’étude de la nature et des causes de la richesse des Nations ».
L’économie politique a deux objets :
- Procurer au peuple un revenu (pour lui permettre de subvenir à ses besoins)
- Fournir à l’État un revenu (pour le service public)
VAUBAN Certaines idées d’Adam SMITH sont déjà présentes chez VAUBAN : « il n’y a pas de gouvernement riche et puissant sans pays riche ». Dans le contexte du XVIIIe, mesure de la richesse par le nombre d’individus et la richesse de ces individus. Il pousse à éviter les trop grandes inégalités.
S. LEVITT (article dans le Monde 2 semaine du 13 février, je crois) Auteur de économie bizarre ou économie singulière (« freak »). Il fait partie de l’école de Chicago et il présente G.S. BECKER comme son père spirituel.
Il ne définit pas directement l’économie politique (il déclare qu’il ne sait savoir), mais qu’il peut définir son travail :
- Recherche des causalités, corrélations. Il met ainsi en lumière la corrélation entre légalisation de l’avortement et baisse de la criminalité aux États-Unis (les enfants non désirés auraient une plus grande propension à devenir des criminels).
- L’économie politique n’est pas idéologique, elle est une hypothèse qu’il faut tester.
- Elle est la science de la mesure, la science qui donne de la valeur.
WALRAS
Considéré comme un père fondateur de l’économie mathématique.
Pour lui l’économie politique est une science sociale dans le sens d’une science de la société (et c’est en cela qu’elle est politique). Elle ne se réduit donc pas à un laboratoire, elle est :
- Des recettes utiles aux particuliers et autorités pour leurs activités économiques et sociales ; idée d’utilité, d’une science au service de
- « Des doctrines qui visent le bien, le bien être de la Nation, de l’Humanité (…) l’art du bien construire une belle maison (…) un apôtre ».
- LEVITT et son économie politique « science de la mesure »
- L’État doit prendre en charge ce qui va mener la société vers un mieux-être. On confie à l’État des fonctions fondamentales (c’est le welfare state), influence de la pensée de KEYNES.
- « La recherche des uniformités »
- Trouver des lois, des régularités (recherche de corrélation chez LEVITT)
- Sélectionner des caractères fondamentaux
- Aboutir à des généralités, à une théorie générale de l’économie politique applicable universellement.
- Éviter de faire une somme de monographies
- Cela revient à mettre en place des modèles : « une représentation partielle d’un phénomène » (cf. Monsieur LACOUR himself).
- Il est impossible de représenter un phénomène dans son intégralité
- Il faut donc faire un choix, hiérarchiser (cf. le calcul de l’IDH)
COMMENTAIRES POSITIFS :
- Notion d’utilité de l’économie politique, chercher des recettes (faisables et efficaces).
- Nécessité de prendre en compte les codes de valeurs des sociétés concernées.
- Construire des lois en tenant compte des valeurs sociales : classer (faire des groupes), spécifier les particularités, proposer des ordres de grandeur (hiérarchiser).
COMMENTAIRES NÉGATIFS :
- Trop des recettes. L’économie donnerait alors des réponses conjoncturelles et donc limitées. Pas une science mais une économie « dentiste » (KEYNES) dont l’objectif serait simplement de réparer un problème donné. Une telle science serait incapable d’établir des généralités.
- Trop idéologique. L’économie comme un prétexte scientifique à l’idéologie (recherche du bonheur de l’Humanité dépasse de loin l’économie)
- Trop politique. Économie politique trop éloignée de la polis, déborde vers le monde politique. Elle devient une économie de la permission :
- Possibilités (financières par exemple)
- Passions (rapport avec la consommation)
- Punitions (économie du droit)
- Protection (notamment sociale, rôle de l’État)
3) L’économie morale et éthique
PLUSIEURS NIVEAUX DE RATIONALITÉ
- Tout est logique et répond à des causalités
- Économie de la science des mécanismes, des incitations
- Certaines causes peuvent être cachées
- Rationalité substantive (ou substantielle), l’adéquation rationnelle des fins et des moyens :
- Elle exclu la morale, l’immorale, l’éthique
- On recherche toujours des moyens rationnels pour des fins rationnelles
- École de Chicago, G.S. BECKER
- La rationalité procédurale :
- Les objectifs (pulsion de consommation, impossibilités) et les moyens (emprunts, vols…) peuvent être irrationnels
- Étude de l’économie de fraude (théorie du passager clandestin)
- La rationalité n’est pas au cœur de l’économie
- Dimension morale, éthique.
- Elle est la science de l’organisation de la société.
RAPPORT MORALE ET ÉCONOMIE
RAWLS
Étude de la justice : droit civil des noirs, droit des femmes.
Trois principes fondamentaux :
- La société doit offrir les droits fondamentaux à tous
- Réduire les discriminations (en dehors de la règle des talents)
- Une société juste n’est pas une société égalitaire.
Reconnaître une plus grande place aux défavorisés, réduire les inégalités fondamentales, évoluer vers l’égalité des chances. Autoriser les discriminations positives.
FOGEL Étude de l’esclavage, analyse économique en tenant compte de l’histoire et de la technologie.
- Immoralité de l’esclavage reconnue, mais le système reste accepté pendant longtemps
- Abandon de l’esclavage pour des raisons économiques (rentabilité, productivité du travail), rôle secondaire de la morale
TOBIN
Économiste d’origine keynésienne. Définit la justice comme un bien commun, un bien collectif que la communauté doit gérer.
Il cherche à définir un commerce international (contexte de libéralisation, globalisation) favorables aux pauvres : taxe sur le commerce international.
SEN RAWLS trop philosophique, avec SEN, débat plus économique.
- Nécessité de reconnaître les droits fondamentaux
- « capabilités » (possibilités) : offrir la possibilité aux populations défavorisées d’entrer dans le jeu économique.
- « privilèges et pouvoirs » : capacité à vivre autonome. Droit à pouvoir obtenir les mêmes richesses (droit par les talents)
Capitalisme compassionnel : économie éthique.
4) L’économie biosphérique
Je tiens à préciser que je ne suis en aucun cas responsable des divagations d’un professeur d’économie brillant mais quelque peu égaré. Les « syndrome de John Wayne » et autres bizarreries ne sont pas issus de mon imagination, mais de la bouche de M. LACOUR lui-même. Merci, et bonne lecture.
Nous partons du postulat que l’économie n’est pas que de la production marchande. L’économie est une sphère autonome, un milieu fermé à gérer au mieux en tenant comte de l’environnement, du milieu naturel, du vivant. Des mécanismes sont en œuvre dans le milieu naturel, il faut composer avec et se réapproprier la nature.
Voyons plusieurs conceptions de l’économie biosphérique, du rapport qu’entretient l’économie avec la nature. Cette vision est plus ou moins chronologique, et reflète les grandes tendances de la pensée économique appliquées à la sphère écologique. (Vous pouvez faire un schéma sous forme de « patate », avec plusieurs petites « boules », plutôt laid à voir et sans grand intérêt scientifique ; Un peu comme sa Rose des Vents)
a) L’économie cosmogonique
Modèle de l’Antiquité.
L’homme est au centre de l’univers, selon la vision de Ptolémée. Nous commandons le monde, mais ce commandement dépend de la relation que nous entretenons avec les dieux. Une bonne relation favorise notre agriculture.
b) L’économie intelligente
Modèle des physiocrates.
La nature, l’agriculture, les ressources sont bonnes, abondantes et renouvelables. Nous devons être à l’écoute de la nature et inventer une agriculture prudente.
Illustration par le « syndrome Scarlett O’Hara » : La terre et l’agriculture sont les valeurs suprêmes de notre société.
c) L’économie conquérante
Culture américaine à partir du XIXe.
Les ressources naturelles se reproduisent, elles existent en abondance, nous devons nous les approprier ; Il faut conquérir la nature. Quand une ressource est épuisée, on va plus loin.
On peut interpréter le colonialisme par cette vision, comme nécessité de chercher de nouvelles ressources ailleurs.
Illustration par le « syndrome de John Wayne » : La terre appartient à celui qui l’occupe.
d) L’économie déstructurante
L’économie est destructrice, déstabilisatrice, elle consomme plus qu’elle ne produit. C’est un système économique de prédation, il n’y a pas de reproduction comme l’entend « l’économie intelligente ».
Cette analyse est partagée par deux auteurs qui en tirent des conclusions opposées :
- MARX : L’économie de marché est nécessairement une économie de l’exploitation des hommes et des ressources naturelles.
- SCHUMPETER : Il a une vision plus optimiste, avec le concept de destruction créatrice. Les crises traduisent des mécanismes d’adaptation. Elles sont nécessaires pour constater qu’un schéma de production n’est plus dynamique et qu’il faut en changer. La nécessité d’innover naît de la crise.
e) L’économie démurge
Modèle des années 1950 à 1980 : L’économie dirige le monde.
Fondamentalement, nous maîtrisons la nature. La question des ressources naturelles devient secondaire. Cette maîtrise passe par le Progrès Technique.
À chaque problème nouveau que nous créerons, nous trouverons une solution nouvelle.
C’est la thèse de F. PERROUX [1], du courant productiviste : Nous pouvons maîtriser tous les facteurs de production. L’économie démurge est une thèse positiviste, défendue par CARNOT [2] avec son premier principe de conservation de l’énergie par la création de nouvelle énergie. Nous détruisons des ressources pour en créer de nouvelles.
La solution existe aussi pour les pays sous-développés, qui doivent suivre le modèle du développement technique.
Dans les années 1970, R. PASSET [3] s’oppose à cette vision avec le concept de développement durable, qui consiste à tenir compte des « phénomènes extérieurs » à l’économie. Ses détracteurs lui répondent alors que rien n’est extérieur à l’économie.
f) L’économie prudentielle
Face à nos prétentions de maîtrise et de contrôle, la nature se venge par des cataclysmes.
Nous avons été imprudents dans de nombreux domaines, comme l’urbanisme. Nous avons par exemple construit dans des zones à risques.
Deux leçons peuvent en êtres tirés :
- La prudence dans nos actes.
- La prudence, au sens de l’économie assurancielle ; C’est l’économie des tribunaux, où l’on s’assure contre les facteurs naturels, et où l’on cherche constamment un responsable.
'Plus clairement, soit tu ne construis pas ta maison en zone inondable, soit tu construis quand même, mais tu prends une bonne assurance et tu attaques l’architecte en cas de problème.'
Face à la bonté de la nature, il faut de la prudence, du bon management et de la gestion raisonnable.
g) L’économie sanctuaire
La nature est une ressource de valeur, non reproductible et non réparable. Il faut la préserver et inventer des biens communs de l’humanité à protéger.
h) L’économie entropique
Elle est issue des modèles de physique et de mécanique quantique (Travaux de CLAUSIUS et BOLTSMANN, physiciens).
La diversité produit de l’unité et garantit la durabilité. Elle s’oppose à la spécialisation, efficace à court terme, mais qui ne permet pas cette durabilité. De la diversité naît l’adaptabilité. C’est une thèse évolutionniste, néoschumpéterienne.
La complexité de nos systèmes va naturellement vers du désordre, l’ordre s’autodétruit.
Le deuxième principe de CARNOT nous dit que nous détruisons de l’énergie et que nous en prélevons dans la sphère biologique. Le développement durable remet ainsi en cause la nature même de l’économie : Nous dégradons la nature, sa diversité, qui garantit son adaptabilité.
On peut alors établir une échelle de la complexité des systèmes :
- Les espaces naturels : Ce sont les biens collectifs gratuits, donnés par la nature. En économie, ils sont appelés « biens non rivaux » ; leur consommation par l’un ne l’interdit pas par l’autre.
- Les espaces rares : Ils sont convoités, conflictuels ; l’espace naturel est géré par les prix.
- Les espaces fragiles : Certains espaces naturels sont fragilisés, on doit poser des conditions d’utilisation, faire de l’économie prudente.
- Les biens collectifs de l’humanité : Ils sont trop précieux pour y toucher.
Cours du 20 mars commence par les Nouvelles du front Cette sous-partie ne fait pas réélement partie du cours, c'est une sorte d'apéritif avant un vrai contenu. Enfin...
- Singer : mort cette semaine, disciple de Keynes, créateur du concept de dégradation des termes de l’échange (avec Prebish). Les pays en voie de développement ne peuvent que vendre des matières premières dont ils ne contrôlent pas les cours.
- Baumol : le Colloque Américain de l’Economie lui était dédié cette année. Il est « célèbre » pour avoir inventé le concept d’organisation (on doit étudier les conflits internes à l’entreprise) contre le concept de firme (boite noire). Il s’intéresse aussi à l’économie de la culture, toujours déficitaire mais positive pour la société. Enfin il reprend les thèses de Schumpeter, taxant de fous les entrepreneurs promouvants une innovation radicale (qui ne représentent que 1% des innovations, les autres étant des innovations incrémentales)
- Loi de Moore, qui étudie le rythme de croissance de prix et de qualité des produits de chez Intel (tous les 18 mois ordinateurs deux fois plus puissant et deux fois moins cher), remise au jour pour calculer la date d’apparition du rasoir à cinq lames.
Suite de la sous-partie Economie bio sphérique, et Economie entropique.
- Georgescu Regens : l’économie est aussi sensible au phénomène d’entropie. La sphère économique n’est plus une sphère autonome, ne peut vivre qu’en prélevant des matières premières et en rejetant des déchets dans la nature. A terme le système ne peut continuer à fonctionner ainsi ; nouvelle logique ABC :
- Auto organisation (Schelling)
- Bifurcation : avant avec méthode des scénarios on créait une fourchette de solutions possibles, la bifurcation introduit l’impossibilité de prédire les effets d’une action, qui peut donc avoir toutes les conséquences possibles, imaginables et inimaginables.
- Chaos / Catastrophe.
Deux séries de conclusion pour l'Economie Biosphérique
- Notion de base d’un bien : on sait de moins en moins ce que c’est qu’un bien, notamment avec les biens virtuels. Il y a :
- Bien marchand,
- Bien collectif (public, divisible à l’infini),
- Bien commun de l’humanité. Il n'est pas forcément offert. Champs nouveaux de l’économie, comprend la couche d’ozone, paysages.
- Orientations de l’économie en fonction de l’économie biosphérique ou les 7 commandements, questions en politique économique aujourd'hui :
- Commander à la nature : détermination des règles de production, produire autant que l’on peut détruire. Malgré le vœu de Pigou du pollueur payeur, souvent il reste des problèmes quand on ne sait pas qui a pollué (friches industrielles de sociétés en faillites ; problème juridique des marées noires : responsabilité du pétrolier ou de l’armateur).
- Obéir à la nature : ne pas être imprudent, définir des seuils de tolérance.
- Accompagner la nature, avec prudence, modération. Par exemple promouvoir l’agriculture plus biologique.
- Réparer la nature : la remettre à l’état initial, judiciarisation de la société.
- Réguler : régler des flux par les prix et les comportements.
- Protéger : principe de précaution, mais ça ne marche que si on peut prévoir les conséquences futures, repenser les droits d’usage.
- Interdiction : ponctuelle ou définitive.
II/ Regards comportementaux
L’Histoire serait le chemin de l’homme pour se libérer de ses chaînes, pour gagner par la raison sa liberté.
- HOMO SAPIENS : homme sage, agissant en fonction de ses connaissances pour survivre.
- HOMME ANTIQUE ET MEDIEVAL : Homme dépendant de la raison et de la passion, dépendance à la religion, à la politique, à la classe sociale.
- HOMO ECONOMICUS :
- rationalité substantive : tout est rationnel ou a une rationalité cachée.
- rationalité procédurale : on a le droit d’être irrationnel dans ses désirs, mais il faut être rationnel dans les modalités pour arriver à ses fins.
- Rationalité limité de Herbert Siasmond : nous ne savons jamais tout, nous ne savons jamais tout. Ce concept est plus riche que les précédents, car plus complexe.
- HOMO COMPLEXITUS : L’homme intègre toutes les données de son environnement : passions, sciences, …