Agostino UE4 1er cours 20/01/06
Sommaire
Notion d’histoire contemporaine
- En France, l’histoire contemporaine tourne autour de la Révolution. Cette notion de Révolution est née de la réflexion des contemporains sur la Révolution. Le contemporain est celui qui vit avec, qui conditionne notre vie. Selon B. Croche (philosophe italien), « toute histoire est contemporaine ». L’historien est un homme de son temps qui a une vision imprégnée de ce qu’il vit.
- On peut se demander si les césures chronologiques sont valables, si elles ne sont pas arbitraires ?
- 476 marque la fin de l’Antiquité avec la chute de l’Empire Romain (prise de Rome par les Barbares).
- 1453 marque la fin du Moyen Age avec la chute de Constantinople. Mais il y a débat sur la question. Certains optent pour 1492 avec la découverte des Amériques.
- La fin de l’époque moderne varie selon les pays. Pour l’Italie c’est 1860, en France c’est 1789 (mais contesté), pour les pays colonisés c’est au moment de leur décolonisation…
- Au départ, l’histoire contemporaine était définie par le fait qu’on pouvait interroger les acteurs de la période. Mais, dans ce cas, cette période serait en constante évolution et aurait tendance à se décaler dans le futur. Il y a donc débat entre les modernistes et les contemporanéistes. Il y a débat sur la date de 1789, les modernistes voulant ce l’approprier. La question est posée de savoir si la Révolution est un évènement qui a bouleversé la France…
- On peut se demander si il faut parler des 3 temps de Braudel : temps long, moyen et court.
En effet, c’est Braudel qui est à l’origine de cette réflexion historique. Pour autant, est-ce que la Révolution a modifié le temps long ? Non. Par contre, elle a bouleversé le temps moyen c'est-à-dire la conjoncture. La Révolution a-t-elle eu un impact sur les mentalités ? l’économie ? le social ? 1789 a longtemps été considéré comme la césure mais beaucoup d’historiens pensent que cette Révolution n’est pas suffisante pour faire le changement d’époque à cette date.
Historiographie de la Révolution française
L’histoire de la Révolution est liée à celle de la République. Les Républicains du XIXe siècle se sont fondés sur la Révolution qui est donc mère de la République. La Révolution est un champ historique prolifique.
I/ Les contemporains et les premiers historiens
- Pour connaître les grandes étapes de la Révolution, voir Lavisse.
Les premiers historiens qui écrivent sur la Révolution ne sont pas des historiens mais des politiciens. Pour Louis Blanc (1811-1882) dans son Histoire de la Révolution Française (1847-1862), la Révolution est un sujet d’étude. Pour lui, elle a ses origines bien avant 1789. Pour la comprendre, il faut remonter loin. Il oppose Voltaire et Rousseau. Rousseau apporte la fraternité. Il est un défenseur de Robespierre. Pour Guizot qui est protestant, la Révolution est légitime. La Révolution est l’objet d’étude de tous les philosophes comme Marx. Les premiers historiens qui écrivent sont ceux qui ont été traumatisé.
1) Ceux qui sont contre la Révolution
- Selon Edmond Burke (1730-1797), la Révolution allait bouleverser l’Europe entière. Dès 1790, il est un des premiers à écrire sur la Révolution : Réflexion sur la Révolution Française. Il avait prévu les conséquences. Cet Anglais défend les anciennes doctrines : il refuse la Révolution. Ce violent pamphlet a été complété (1794-1799) mais a été fortement critiqué par Augustin de Barruel.
- Augustin de Barruel (1741-1820), jésuite, va donner un sens précis de la Révolution. En 1788, il est directeur d’un journal : Journal ecclésiastique. Entre 1762 et 1774, il est expulsé puis rentre en étant simple prêtre. Barruel est un observateur, il prend des notes jusqu’en 1792 puis s’expatrie à Londres. Pour lui, la Révolution naît de la conspiration contre l’Eglise comme les francs maçons et tous les illuminés (jansénistes…). Sa thèse a eu énormément de succès.
Ces deux contemporains ont une vision négative de la Révolution. Ils ont donné naissance à l’historiographie contre-révolutionnaire comme de Maistre ou Bonald. Pour eux, la Révolution est un moment unique dans l’histoire de France et d’Europe.
2) Ceux qui ont aimé la Révolution
- De juillet 1794 à novembre 1799, c’est la période Thermidorienne et le Directoire. On va tenter de montrer à quoi a servi la Révolution.
- Condorcet parle de « progrès » et de « liberté ». Pour lui, le progrès et la liberté sont les leçons à retirer de la Révolution. L’idée des Lumières doit se propager.
- Philippe Buchez (1796-1865) est un chrétien socialiste qui a écrit un ouvrage sur l’Histoire parlementaire de la Révolution Française (1833-1838) en 50 volumes avec la complicité de Roux. Ce catholique croît en la Révolution pensant qu’elle a apporté quelque chose à la France. Il voulait montrer que la Révolution est la fille du christianisme à savoir : « liberté, égalité, fraternité ». Il tente de concilier la Révolution et l’Eglise. Ceci se fera jusqu’en 1870. Puis, il faut attendre 1980 avec Jean-Paul III qui réaffirme que les droits de l’homme sont des idées de l’Eglise.
3) Les premiers historiens
- Le relais a été pris, dans les années 1840, par deux hommes qui sont amis : Michelet et Quinet. Ce sont des historiens très engagés.