Cours complet 06-07 UE1 Guillaume
Sommaire
Les cultures politiques
I. Etude du texte de Serge Berstein
l 1 à 5 : l’auteur critique l’histoire politique événementielle à la Lavisse, l’histoire positiviste qui s’appuie sur le personnage du héros (ce qu’on appelle communément « l’histoire bataille »). Il critique une histoire politique qui se fait actuellement sur une approche plus historique qu’historisante. Le phénomène « catalogue » est à proscrire et même une approche prosopographique, centrée sur la personne d’un roi, d’un homme d’Etat. Berstein ne veut pas se poser en censeur et reconnaît que certaines approches ne rendent pas compte du phénomène politique. Ainsi cet extrait est une critique globale de l’école positiviste doublée d’une critique plus perlée de l’école historique à l’heure actuelle : l’auteur veut rassembler les deux écoles.
L 7 : « préalable », une analyse d’un phénomène historique ou politique doit se faire en profondeur pour prendre en compte la complexité de l’objet.
L 11 : « autres domaines » : la mention de ces autres domaines est une manière d’affirmer l’identité de l’histoire par rapport aux autres sciences sociales comme les sciences politiques.
L 13 : « comprendre et expliquer » mais il n’est pas question de relater ou de juger : l’historien doit prendre la mesure du rôle qui lui incombe. On aboutit à des changements d’objets en histoire politique : politique de la santé, du sport… et à un renouvellement des objets d’études et de la chronologie comme l’histoire du temps présent (cf. Comité d’histoire de la Seconde guerre mondiale sous la direction de Bédaria devenu l’Institut d’Histoire du Temps Présent) qui entraîne la multiplicité des institutions (Institut Charles de Gaulle…). Les méthodes d’approche historique sont renouvelées par des études prosopographiques associées à la méthode de l’entretien qui s’apparente plus ou moins à la sociologie.
L 20 : « même grille de lecture » : l’auteur tient à souligner que l’appréhension des événements dépend de la subjectivité et de la sensibilité de chacun. En effet, on juge de l’importance des événements quand on les vit. Il est donc nécessaire de prendre en compte la généalogie comme J F Sirinelli dans son ouvrage Les baby-boomers en se posant la question : comment une génération peut-elle vivre tels ou tels événements ? Un passé commun cimente une génération. (Par exemple, pour notre génération, l’événement engendré par le projet de loi sur le CPE, qu’on fut pour ou contre, constitue un élément de référence dans notre histoire politique.)
L 21 : « pourquoi… ». Le paysage politique français est constamment jalonné d’événements comme les phases de négociations, de réformes, de conflits… Pour autant, l’auteur rejette tout déterminisme marxiste (selon lui, il n’y aurait pas d’autonomie de la classe moyenne).
L 36 : quand il rejette tout déterminisme, l’historien a de nouveau sa spécificité, son argumentation repose sur des « traces ».
L 40 : l’auteur définit les cultures politiques comprises comme des valeurs, il est possible d’appréhender l’histoire par le biais de la culture politique. Berstein désigne un mode opératoire de recherche lorsqu’il parle de cultures politiques. Celles-ci sont définies comme « l’ensemble des représentations porteuses de normes et de valeurs qui constituent l’identité des grandes familles politiques ». La notion de parti a une acception plus large. Par l’approche par les cultures politiques, l’auteur recoupe l’histoire culturelle qui a renouvelé l’histoire politique. Pour définir une famille politique, il faut établir une « carte d’identité » avec ses valeurs : quelle idée de la France, de la nation ? pour le gaullisme par exemple. Aujourd’hui la notion de culture politique tend à se brouiller.
II. Une notion très en vogue
De nombreux ouvrages sur les cultures politiques ont été publiés. La variable fut posée par Berstein et Rudelle avec leur ouvrage Le Modèle Républicain ou encore La République sur le fil de Berstein paru en 1998.
Des politistes sont mis eux aussi à écrire sur les cultures politiques :
- -Cultures politiques sous la direction de Le Faï
- -Les cultures politiques des Français sous la direction de P. Bréchon, 2001.
Les cultures politiques sont étudiées tour à tour par l’histoire, la science politique, la sociologie politique. Cette approche est venue des Etats-Unis avec l’école des « développementalistes », école de science politique (cf. G. Almond et S Verba qui ont étudié les partis et les forces politiques dans les années 1950 en Amérique).
Avec l’histoire connotée idéologiquement, l’idée d’Almonde et de Verba était d’appréhender l’ensemble des systèmes politiques dans le monde et de montrer qu'au fond ces systèmes sont différents et qu’on pouvait les considérer comme inégaux au regard du critère de développement. Ainsi on en vient à des modèles de la modernité avec cependant quelques différences puisqu’il existe des modèles plus achevés que d’autres comme la démocratie libérale, modèle à suivre dans les années 1950, comme ayant une culture politique très achevée. Le modèle de démocratie européenne ne s’est pas imposé mais la notion de culture politique a permis à des politistes puis à des historiens de montrer qu’il existait des modèles de démocratie (démocratie libérale, populaire…) et de les comprendre en étudiant une approche du système mais aussi des mentalités.
A. Dans quelle mesure un historien peut-il utiliser ce mode opératoire ?
On a déjà l’histoire politique, l’histoire culturelle des intellectuels notamment en articulation avec le politique (cf. Sirinelli et Ory : la définition d’un intellectuel doit découler d’un engagement à partir de l’affaire Dreyfus), l’histoire sociale des différents groupes de la société.
La culture politique se veut une histoire globale. Il existe des valeurs et de représentations qui forgent ces trois histoires. Les cultures politiques sont plurielles et évolutives, mais elles se positionnent en fonction d’un événement dateur : la Révolution française. Celle-ci a donné lieu à la naissance des partis politiques :
- -à droite : ceux qui avaient une culture traditionaliste (culture de conflit) avec un idéal d’ordre naturel, un attachement à la monarchie, à la religion.
- -à gauche : la culture républicaine attachée aux libertés, pas toujours à l’égalité cependant, attachée à la laïcité, à la méritocratie.
Ce bagage issu de la Révolution s’accumule en strates et se retrouve en corpus de cultures politiques. Il se transforme en un clivage droite/ gauche. L’historien devra analyser ce bagage culturel en expliquant les comportements individuels ou collectifs.
Il peut exister un consensus, on peut rencontrer une formation de culture originale. Par exemple : le communisme né du marxisme fin XIX° en même temps de que le socialisme a engendré une nécessaire réadaptation, les socialistes ont participé au pouvoir ce qui a amené une opposition au sein même du parti entre participationnistes (comme Léon Blum) et non participationnistes (Marceau Pivert) dans l’entre-deux-guerres.
La notion de culture politique en France a permis de dégager le modèle républicain français issu de la Révolution et qui s’est forgé au XIX° siècle jusqu’à arriver à ce que Berstein appelle « l’éco-système ».
B. Comment est-on arrivé à un équilibre harmonieux ?
- 1° argument : le poids de la philosophie de Lumières, la foi dans le progrès (positivisme) qui se sont opposés à l’ « obscurantisme » de l’Eglise. Avec le Ralliement des catholiques à la République en 1892 ou celui des monarchistes orléanistes après la mort du comte de Chambord dans les années 1870, est apparu le terreau d’une culture politique plus consensuelle.
- 2° argument : l’autre facteur de cohésion est la III° République qui refuse les antagonismes c'est-à-dire rejette la culture marxiste et anarchiste cependant l’idéal socialiste n’était pas absent mais ne comprenait pas la dimension de la lutte des classes seulement celle de solidarité de classe (le solidarisme de Léon Bourgeois basé sur le mutualisme et l’entraide), ainsi se développe la France des « petits propriétaires ». La cohésion de la nation était fondée sur la notion de patriotisme.
Cet équilibre dans le système républicain a été mis à mal avec la Première guerre mondiale et les crises de l’entre-deux-guerres.
Quelle culture politique sous la IV° République ?
Au niveau social, on constate du transfert des classes moyennes indépendantes vers les classes moyennes salariées (les fonctionnaires) ; elles vont le plus profiter d’un phénomène nouveau : la mise en place de l’Etat Providence.
Quelle culture politique sous la V° République ?
La rupture de 1958 (le retour de De Gaulle après la crise du 13 mai) est concrétisée en 1962 (élection du Président de la République au SU). Elle révèle la crise du consensus institutionnel de la IV° République. Les institutions de la V° République sont restées très consensuelles jusqu’au mandant de F. Mitterrand (accepté par la gauche française) qui ouvre la voie à un système mi-présidentiel, mi-parlementaire.
L’idée de l’intervention de l’Etat (au niveau économique et social) est une tradition étatique fondamentale en France renforcée par la centralisation jacobine. Aujourd’hui on est face à une contestation de la culture libérale, conjoncturellement les Français ne sont pas ouverts à une culture libérale (sauf la droite libérale). Une spécificité s’est ajoutée pendant la République gaullienne : la culture de croissance, de consommation (pendant les Trente Glorieuses) qui ont engendré la fin de l’écosystème, les équilibres ont été rompus.
Aujourd’hui quid de la culture politique ? Les valeurs s’effritent pour le modèle républicain ? L’Etat Providence est un acquis social mais doit se réformer.
La mondialisation, l’Europe mettent à mal la culture nationale politique : est-ce un enrichissement ou au contraire un déclin ?
Il semble qu’aujourd’hui on soit confronté à un certain communautarisme. La France centralisatrice facilite-t-elle l’assimilation ? Qu’en est-il alors des communautés qui revendiquent leur identité (comportements, religion…) ? De même, les problèmes de régionalismes (Pays Basque, Corse) mettent à mal l’unicité, la centralisation, le jacobinisme propre à notre République.
Guillaume UE1 7ème cours 17/11/06
cours du 8 décembre
Histoire et mémoire
Aujourd’hui, on constate une multiplication des thèmes rattachés à la mémoire (cf. législation sur le devoir de mémoire, la repentance, sur le « rôle positif » de la colonisation…), si bien que Jacques Marseille conclue qu’ « au marxisme, s’est substituée la compassion ». La mémoire suggère un certaine subjectivité, les historiens ne sont pas très à l’aise face à elle. En effet, la base de l’histoire est le rationalisme, les réactions objectives. La mémoire, en revanche, font appel à la sensibilité, à la subjectivité.
Le premier à introduire la problématique de la mémoire dans l’histoire est Pierre Nora, avec son ouvrage, Les lieux de mémoire. Il veut montrer que la mémoire peut être objet d’histoire, cependant, il remarque que tout les oppose. La mémoire est portée par des groupes qui vivent dans le souvenir, ce sont généralement des victimes d’inégalités (si bien que certains parlent d’un phénomène de « victimisation » de la mémoire). A l’inverse, l’histoire est une « reconstruction toujours problématique des faits passés ». Les historiens se méfient de la manipulation qui peut être à la base des mémoires. Celles-ce peuvent aussi être conflictuelles : Ex. Auschwitz : volonté de souvenir des personnes (mémoire juive) mais, Auschwitz était aussi un ancien couvent de Carmélites, il y avait aussi des Tziganes dans ce camp de la mort. Les historiens ont des difficultés à réagir car il existe des conflits de mémoires ; chacun essayant d’être plus victime que le voisin.
L’historien est lui-même producteur de mémoire par l’étude des faits et de leur représentation. Ce qui est l’objet d’étude de l’ouvrage Concurrence des passés : usages politiques de la France contemporaine sous la direction de Claude Andrieu et de DanielleTartakowsky [Presse Universitaire d’Aix en Provence]. Problématique de l’ouvrage : comment l’historien peut-il prendre la mémoire comme objet d’étude ?
Cependant Mémoire et Histoire peuvent être complémentaires, en témoigne une série d’ouvrages :
- -Les Juifs, la mémoire et le présent, Pierre Vidal-Naquet
- -Le fil rouge sociologique de la mémoire communiste, M. C. Lavabre
- -L’Histoire entre le rêve et la raison : introduction au métier d’historien, Guy Thuilher, 1998
- -Histoire, mémoire et culture politique : essai d’interprétation à partir de l’exemple français de 1976 à nos jours, thèse de Gwénaël Lamarque.
Dans son ouvrage, Pierre Nora a donné trois titres significatifs à ses trois tomes, « la République », « la Nation », « les France ». Il a voulu mettre en lumière des références historiques qui jouent un rôle important comme fondement de la culture politique. Il part de la Révolution française et montre qu’il existe plusieurs grilles d’analyse : les faits et la légende devenue presque réalité car elle mobilise et détermine les actions politiques à la lumière des représentations qu’elle propose.
Les partis politiques vont soit se réclamer de l’héritage révolutionnaire soit récuser cet héritage. Ils vont se positionner en fonction des représentations qu’ils ont de cette Révolution française. Pour certains le plus important, c’est la liberté ; pour d’autres, c’est légalité. Cela amène une différenciation des forces politiques : les formes plus conservatrices combattent pour la liberté (Radicaux, formations de droite), à l’inverse, les forces politiques qui vont valoriser l’égalité sont plutôt de gauche et vont parfois récupérer un héritage marxiste en plus.
Ainsi,on constate que la mémoire peut être instrumentalisée. En témoignent les ouvrages de Jean Clément Martin sur la Vendée (pour ceux qui sont contre-révolutionnaires). De même, la mémoire est constituée de rituels comme le 14 Juillet, le drapeau national… et de représentations (le mur des Fédérés…). Cf. le texte de Marc Lazar, les communistes ont récupéré tout un patrimoine national. Tout militant sera plus imprégné de la Révolution française que de la Révolution soviétique.
De même, le travail de Philippe Buron sur les rites et les gestuels et son article « poing levé et bras tendu » dans la revue XX° siècle, montre que la récupération de la gestuelle explique le succès des œuvres de propagande. Mêmes remarques pour l’étude des discours, des générations…
Tout ceci revient à la problématique de la transmission de la mémoire. C’est un enjeu politique majeur dans la mesure où cette transmission est la base de la formation de la mémoire collective.
I. La mémoire de la Seconde Guerre mondiale
Elle est la plus connue car la plus travaillée. C’est une mémoire héroïque, des « soldats de la liberté ». Mais elle n’est pas si linéaire. Il y a eu différents moments qu’on appelle les « moments de la mémoire ». Il y a eu des événements qui ont forgé cette mémoire (1946 : le tribunal de Nuremberg, en 1948, celui de Tokyo où est apparue la notion de crime contre l’humanité ; 1961 : le grand procès Eichmann à Jérusalem ; 1951 : commémoration en Israël de la journée de l’Holocauste et de l’héroïsme). Cette mémoire a été construite autour d’une filmographie importante :
- -1956 : Nuit et Brouillard d’Alain Resnais
- -Holocauste, série TV américaine en 1978
- -La liste de Schindler, film de Spielberg en 1993,
et de la construction de lieux de mémoire :mémorial de la Shoah à paris en 2005, grâce à Simone Weil ; 1993, mémorial de l’Holocauste à Washington ; en 2005, le mémorial juif d’Europe à Berlin grâce à Angela Merkel.
La chronologie a beaucoup tardé car il existait des problèmes gênants comme les lois antisémites du régime de Vichy qui ont été prises simultanément voire en avance sur les lois antisémites des Nazis ; en 1995, Jacques Chirac reconnaît la responsabilité de la France. De même, Gorbatchev reconnaît dans les années 1990, la responsabilité de la Russie dans le massacre de Katyn. Ces problèmes ont donné lieu à de nombreux débats d’intellectuels autour de cette mémoire.
En Allemagne, ce phénomène s’est manifesté par la naissance de l’Historikalstreit dans les années 1960, le « révisionnisme » allemand qui n’a pas la même signification que chez nous. Les historiens de cette école proposent, en effet, une révision de l’historiographie traditionnelle du III° Reich. Puis, dans les années 1980, des philosophes comme Habermas ou des historiens comme Kirshau insistent sur la singularité du nazisme par rapport aux autres fascismes car le nazisme comportait une conception racialiste de l’humanité. La progression de cette mémoire est prise en compte par les historiens. L’histoire du nazisme est divisée entre les fonctionnalistes et les instrumentalistes. Dans quelle mesure le nazisme a fonctionné ? Comment en est-il arrivé au génocide ?
II. La mémoire du communisme
La mémoire est confrontée au conflit de mémoire. Certains auteurs ont comparé le totalitarisme communiste au nazisme. Cette idée a été l’objet de grands débats (cf. François Furet Le passé d’une illusion). Texte de Marc Lazar : l’étude du nazisme en singularisant le problème du génocide vers l’étude du communisme en passant par quelques convergences (l.16). Comme pour la Seconde guerre mondiale, la mémoire a parfois été escamotée. En effet, la Seconde Guerre mondiale a été suivie par un temps fort de dénazification, puis la Guerre Froide a posé le problème de l’intégration de l’Allemagne de l’Ouest. Jusque dans les années 1970, cette mémoire a été escamotée. Les dirigeants politiques comme le général de Gaulle avaient refusé qu’on mette en opposition, sur la place publique, les anciens collabos et les anciens Résistants. Une volonté commune de silence était la règle.
Puis il y eu des résurgences, les grands procès des criminels nazis, des témoins des camps de concentration ont voulu parler… Il est apparu la volonté de mettre en exergue des responsabilités.
Une chronologie de même type est valable pour le communisme. La culture communiste a été très positive pendant les années de guerre (les communistes avaient prôné l’anticolonialisme ; ils étaient le Parti des fusillés au lendemain de la guerre… si bien qu’en 1946, le PCF est le premier parti politique français). La culture communiste fut développée par le relais de intellectuels français, qu’ils soient adhérents au Parti ou simplement « compagnons de route » comme Sartre, du moins jusqu’en 1956.
En France, elle s’est nourrie d’antiaméricanisme. Des événements ont stoppé cette ferveur comme en 1956, l’affaire de Budapest [le pays voulait prendre ses distances par rapport à l’URSS,mais les insurgés ont été matés dans le sang par les chars russes], si bien que des intellectuels français comme Sartre ou Montand prennent du recul. Dans les années 1980, tous ces mouvements de libération (Lech Walesa en Pologne) ont été très populaires en France ; ils sont des manifestations de desserrement de l’étau soviétique. On constate une désaffection pour l’histoire du communisme. Puis il y a un regain d’intérêt avec notamment les controverses nées avec le et l’anti-Livre Noir par M. Pennetier et Michel Dreyfus… Les auteurs ont voulu montrer que le communisme était coupable de crimes contre l’humanité. Le régime soviétique ne paraît finalement qu’être une illusion. Marc Lazar mentionne la date de 1996, qui est la date de l’ouverture des archives de l’URSS. L’historien essaie de faire le point sur certaines choses mais il en même temps prisonnier de l’opinion publique.
L’histoire du communisme oppose deux courants universitaires :
- -Kriegel, Furet, Courtois, des proches voire des adhérents au PCF, ils ont vécu comme une trahison se qu’ils considèrent comme un totalitarisme. Leur approche est fondamentalement politique : on peut associer le communisme (notez le singulier) au totalitarisme (structure identique : parti unique, grands procès pour les opposants au régime, conception guerrière de la politique). Les auteurs s’appuient sur l’exemple de l’URSS (Staline puis Brejnev).
- -Cette équipe reproche au premier courant une approche idéologique et seulement fondée sur une approche politique. A la base du communisme, il y a des projets beaucoup plus égalitaires (des communismes). Tito, la RDA ou le maoïsme offrent un panel d’exemples qu’il serait bon d’examiner et tous ne seraient pas à comparer au totalitarisme.
Ce débat est important pour plusieurs raisons, l’historien n’est pas neutre, surtout celui du contemporain car il est acteur et peut être tributaire d’une mémoire dont il est aussi un vecteur. Selon les approches d’un même objet d’histoire, on peut avoir des conclusions différentes : une approche organisationnelle, politique : le communisme est associé au totalitarisme ; avec une approche plus sociologique et plus diversifiée, il est possible de faire surgir des singularités.
Un tel schéma de pensée est transposable à l’histoire du colonialisme. Reste à savoir si l’on doit légiférer sur la mémoire ? Est-il nécessaire d’avoir des garde-fous ? Ou au contraire, on pose des bornes à la science historique ?