Cours complet 06-07 UE9 Minvielle

De Univ-Bordeaux
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Sommaire

Famille et patrimoine

Voici les documents en complément de ce cours :

Introduction

Les projets de recherche valorisent l'approche pluridisciplinaire; ce qui permet d'embrasser des thèmes de recherche assez vastes. Se developpe dans le prolongement de préoccupations plus anciennes (1960's, 1980's) autour de concepts d'histoire globale/totale. Ce sont des sujets vastes, on va par exemple étudier une ville sous tous les aspects possibles et imaginables.

Ce type de recherche a disparu aujourd'hui, d'autant plus que le support académique a lui même disparu : la thèse d'Etat. Empêche de définir des sujets aussi vastes avec des thèmes aussi variés.

Critiques virulentes depuis les années 1980 ; on reproche à ces travaux de ne faire que juxtaposer des études distinctes qui utiliseraient tous les mêmes sources, arrivant aux mêmes résultats, il n'y a pas d'approche comparative.

Les approches pluridisciplinaires permettent de contourner les écueils des recherches passées ; on privilégie quelques thèmes, quelques questions.

Histoire économique

Les acquis sont importants quel que soit le secteur : histoire agricole, histoire de l'industrie, proto-industrie, histoire commerciale.

Histoire démographique, histoire de la famille

Science auxiliaire de l'histoire développée à la fin des années 1950 ; autour de reconstitutions des familles. Permet de mieux connaître les comportements démographiques durant l'ancien régime : notion de couple et de structure familiale.

Histoire sociale

Observation de l'existance de hiérarchies, il faut relativiser la notion de société d'ordre. Complexité de l'organisation sociale/de la hiérachie des fortunes. Idée d'ascension sociale.

Le développement de recherches à la confluence de ces 3 disciplines n'est pas nouveau.

1960's / 70's: débat sur le concept de crise de subsistance. C'est d'abord une crise de l'économie fondée sur l'irrégularité des récoltes à cause des aléas climatiques et des conflits militaires : baisse de la production, cherté des grains, difficultés d'approvisionnement. Entraîne la crise démographique parce qu'à cause de la rareté des grains on s'alimente moins bien, on est plus réceptif aux maladies ; il y a donc hausse de la mortalité. La crise sociale suit à cause d'un approvisionnement des paysans qui ne peuvent plus payer l'impôt et ont recours à l'emprunt pour survivre.

Patrimoine

Du latin patrimonium : l'héritage du père, ce que l'on a reçu de ses ascendants. Ce sont les biens de la famille. Aujourd'hui, le patrimoine c'est l'ensemble des biens propres d'une personne.

Famille

Peut être envisagé d'une double manière. Au sens étroit, c'est une famille conjugale (parents et enfants), la cellule de base de la société d'ancien régime et l'unité de base en matière économique. Au sens large, c'est l'ensemble des personnes unies par les liens du sang et de l'alliance. C'est donc un synonyme de lignage et de lignée. Création de liens de solidarité et d'entraide : rôle essentiel de l'histoire économique économique des familles.

En France il n'existe pas encore de structures capitalistes. L'agriculture est fondée sur la petite propriété, c'est grâce à la famille que l'on exploite et transmet le patrimoine. Dans le secteur manufacturier et commercial, une large place est accordée aux capitaux familiaux. Le système des corporations favorise la transmission de père en fils.

Les comportements démographiques jouent un rôle important en ce qui concerne la transmission d'un patrimoine.

Interrogation sur qui exerce le pouvoir économique dans la famille. Qui a en charge l'administration du patrimoine ? De quelle manière est-il géré? L'étude des patrimoines familiaux et de leur évolution n'est pas nouvelle en histoire moderne. Jusqu'à présent, les travaux disponibles sur ce sujet ont été centrés sur l'étude d'une seule famille ou même d'un individu : juxtaposition d'exemples.

Sources

Elles sont nombreuses mais difficile à utiliser car il est difficile de reconstituer l'histoire d'un patrimoine. Il faut faire des recoupements entre les sources :

  1. sources fiscales : rôles de taille, de capitation, du vingtième. Permet de créer des catégories
  2. sources seigneuriales (pour la paysannerie). Au XVIII, on rédige des terriers : listes avec les habitants d'une seigneurie, avec une liste des terres qu'il possède.
  3. sources notariales : ce sont celles qui fournissent le plus grand nombre d'informations différentes (contrats de mariage et testaments)
  4. archives judiciaires : permettent de rentrer dans le détail des très nombreuses querelles familiales autour des patrimoines
  5. écrits du fort privé: journal intime, chronique, livres de compte...
  6. archives privées : plus intéressant mais plus difficile d'accès

I. Un enjeu majeur dans un parcours de vie : se constituer, gérer et transmettre un patrimoine

Le niveau social dépend d'un héritage familial matériel ou immatériel. Importance du mariage, c'est la grande affaire de la vie d'après A. Fillon.

Jusqu'à la Révolution fançaise, la mariage intervenait à un âge tardif: il fallait être capable de s'assumer économiquement. Pour un garçon, c'était souvent après la mort du père. Dans les élites, les contraintes n'étaient pas les mêmes mais le mariage reste tardif : il fallait avoir reçu une formation professionnelle. Souvent, il y avait coïncidence entre l'établissement matrimonial et professionnel. Le contrat de mariage est un document qui permet de connaître la situation économique d'un couple.

A/ Se constituer un patrimoine, le rôle des contrats de mariage

Le mariage est à la fois un sacrement religieux et un contrat civil. Pratique très répandue du contrat de mariage. Toutefois, l'information est lacunaire, parfois on ne mentionne que la dot de l'épouse. C'est un moyen incomplet qui présenter une vision déformée de la réalité.

Document: contrat de mariage de Pierre de Richard et Anne de Combabessouse, le 13 septembre 1732 (voir pièce jointe).

B/ L'administration du patrimoine: une affaire d'hommes ?

Jusqu'à la Révolution, le pouvoir économique appartient à l'homme dans la famille. La position supérieure de l'homme est reconnue par l'Eglise et l'Etat. La femme mariée est considérée comme une mineure, mais elle peut recevoir de manière temporaire l'administration des biens, si le mari est en voyage par exemple. C'est un cas exceptionnel, mais certaines femmes ont un vrai pouvoir économique :

  1. les femmes séparées de leur mari ;
  2. l'épouse peut rédiger un testament dans lequel elle prévoit ce que vont devenir ses biens. Les veuves peuvent administrer les biens de leur marie ;
  3. pendant la durée de son veuvage, la femme gère totalement son patrimoine ;
  4. l'épouse peut permettre à son mari d'acquérir un plus haut statut social grâce à un apport financier (dot) ;
  5. héritières : dans les régions on l'on pratique de manière généralisée un partage inégal des patrimoines.

C/ Léguer un patrimoine, le rôle des testaments

Le testament n'est pas le seul moyen de transmettre un patrimoine. Les contrats de mariage peuvent constituer des avancements de l'héritage à venir.

Dans les testaments, une partie des biens échappent à la famille (va à l'Eglise). Les testaments donnent des informations très fiables sur le type de partage envisagé, mais on ne dit presque jamais ce que l'on partage.

Document: testament de Charles Mauger.

Ce sont souvent des partages inégaux : obsession de ne pas émietter le patrimoine.

Il est en théorie impossible de totalement déshériter ses enfants ; il y a en général un seul héritier principal, le plus souvent c'est le fils. Cela peut être la fille quand il n'y a pas de fils, ou quand celui ci n'est pas disponible pour récupérer l'héritage. Si elle se marie, la fille perd la possibilité de gérer le patrimoine. C'est la proximité du sang qui fait la succession (frère, neveu, cousin...). Pour les héritiers particuliers, les garçons sont en minorité.

Le processus de succession cherche à préserver le patrimoine. Suppose une forte solidarité entre les générations

II. La diversité de la composition et de l'évolution des patrimoines

Document: Etat des biens de Samuel Dalies en 1683 (voir pièce jointe).

Famille protestante du sud ouest. Il meurt en 1683, soit deux ans avant la révocation de l'Edit de Nantes. Rôle actif des protestants dans la finance. Produit d'une longue histoire familiale, ascension sociale grâce à la finance, accession à la noblesse.


Plan

  • I. Une fortune importante et assez saine
    • Importante: c'est un millionnaire, sa fortune provient essentiellement de l'activité financière.
    • Saine: le passif n'est que de 25% de l'actif/ Noblesse récente qui a encore des revenus importants et qui n'est pas encore entrée dans les travers de la noblesse
  • II. Traits d'une fortune noble par excellence
    • Immobilier: 1/5 de l'actif est composé par des terres. Rôle dans l'acquisition de la noblesse; début de la constitution d'un patrimoine immobilier conséquent
    • Créancier: rôle important dans le prêt d'argent (roi et famille)
  • III. Certaines originalitées
    • Part très importante des charges: charges prestigieuses et rémunératrices mais aussi charges spéculatives (c'est un produit financier) ; très révélateur de la noblesse récente.
    • Investissement maritime et industriel: personnage pas encore tout à fait sortit de la rôture (manufactures textiles, investissement dans la marine)
    • Peu de biens de prestige: 1/3 d'une maison; pas de maison à Paris ou à Versailles.
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A/ Le patrimoine noble, l'exemple de Bordeaux au XVIIIè siècle

XVIII, domination économique des nobles est mise à mal par la concurrence du négoce. Mais maintient de la prédominance nobiliaire économique.Importance des sources fiscales, le vingtième (créé après la guerre de succession d'Autriche).
Membres du Parlement = élite locale. 1755, revenu moyen annuel est de 12 500 livres. La majorité touche entre 5 000 et 12 000 livres. Trois nobles ont un revenu supérieur à 30 000 livres : Marquis de la Tresne, Président du Parlement Verthamon et le conseiller au Parlement Castelnau.
D'où viennent ces revenus ? Terre, de l'exploitation de propriétés viticoles. Fortune ne venait pas de leurs charges car celles-ci fournissent un revenu modeste (un parlementaire, 375 livres/an et le Président, 1 400 livres/an. En plus, le paiement par le Trésor Royal est irrégulier. Il existe des cas de spéculation où l'on revend sa charge plus cher.
Il existe 250 exploitations viticoles pour l'ensemble des parlementaires (qui sont environ 100). Dans les terroirs les plus réputés, Médoc, Graves, Sauternet. Toutes ces propriétés font environ 3 200 hectares dans les 30km environnant Bordeaux.
Au XVIII, vignoble bordelais connaît une prospérité éclatante grâce à la demande intérieure et extérieure. Amélioration des techniques et amélioration des vins. Les grands crus naissent et les prix augmentent pour ces vins.
Le patrimoine immobilier est une caractéristique nobiliaire. Pas seulement rural, aussi seigneuries exploitées par les paysans. On retrouve des banalités avec des fours, des pressoirs, etc. Les revenus seigneuriaux représentent moins de 5% des revenus des nobles et pèse donc assez peu.
Il est plus rentable de posséder des immeubles en ville et ce mouvement s'accentue au cours du XVIIIè avec la construction d'immeubles particuliers et de maisons mises en location. François-Armand de Saige (1er maire de Bordeaux) a 12 propriétés, il investit dans les faubourgs de St-Seurin et de St-Bruno. en 1770, il achète pour 200 000 livres de terrain à Bordeaux. Pour lui-même, hotel particulier derrière le grand théâtre. Le Président Daugeard suit une politique inverse. Il vend ses terres de Ste-Eulalie en 37 lots. Grâce à leurs investissements immobiliers, ils deviennent les promoteurs de l'émergence d'une ville nouvelle. Ces patrimoines sont souvent des prolongements antillais. Ces biens coloniaux génèrent d'importants revenus.
J. B. Dupuy, trésorier général de France à Bordeaux, marie sa fille en 1788. Sa dot est composée pour moitié de biens aux antilles (dont le revenu annuel est estimé entre 60 000 et 80 000 livres). Ces patrimoines antillais sont fragiles et volatiles. Il est nécessaire de s'investir dans le grand commerce et il existe de nombreux aléas ; climatique (risques pour les plantations), diplomatiques (guerres nombreuses), navigation difficile. Il existe des cas de faillite à cause de ces aléas. De nombreuses personnes se séparent de leurs possessions coloniales. Alexis Prunes vend en 1775 un domaine à la Martinique pour 300 000 livres pour couvrir une dette de 128 000 livres.
Entre 1740 et 1789, 58 navires partent de Bordeaux et ont été armés par des nobles. On y exploite des mines, des activités métallurgiques, de la verrerie (Pierre Mitchell gagne plus de 13 000 livres/an avec ces verreries).
Patrimoines peuvent être très importants. Daugeard ≅ 2 millions de livres tournois, 90% de biens immobiliers qui génèrent des revenus sûrs et qui augmentent au XVIIIè. Le problème est que le capital est indisponible et cela pose des problèmes pour se procurer du numéraire. Il essayent de limiter l'émiettement de leur patrimoine.

B/ Le patrimoine négociant, l'exemple de Bordeaux au XVIII

Assez différent de celui des nobles :

  • Plus faibles part des biens immobiliers dans les patrimoines,
  • Patrimoine mobilier est réinvesti dans le commerce, et comporte un risque commercial,
  • La majorité du patrimoine se compose de créances qui sont des sommes dûes, extrêmement difficiles à recouvrer.

Ce sont des propriétaires terriens mais les terres sont différentes de celles des nobles. Une résidence en ville et une à la campagne. Il n'y a pas de comparaison possible avec les nobles, patrimoine immobilier est largement inférieur. Des stratégies se mettent en place pour développer ce patrimoine immobilier car cela comporte des avantages : fixe du capital et rapprochement de la noblesse.
1/4 du patrimoine total = patrimoine immobilier, proportion inverse à la noblesse.
Pour devenir noble, il faut soit :

  • marier sa fille à une famille noble en apportant une grosse dot,
  • acheter une terre noble,
  • acheter une charge de conseiller au Parlement.

Les revenus du commerce, beaucoup d'immobilisation du capital pour l'achat, l'armement des navires, etc. L'investissement de départ est lourd et les fruits de ces investissements arrivent lentement. De plus, les créances sont longues à se faire rembourser.
1780, J. J. Boyer liquide son entreprise commerciale. Il est associé avec ses soeurs qui abandonnent leurs droits car elles estiment que cela prendrait trop de temps pour recouvrer les fonds qu'elles ont investi dans l'affaire car les créances sont à l'étranger.
François Bonnaffé possède 4 à 5 millions de livres au début de la Révolution Française. Il meurt en 1809 et sa fortune est réduite à néant. 1790, soulèvement à Saint-Domingue, créances disparaissent. Les négociants se constituent un patrimoine très rapidement mais leur chute peut être tout aussi rapide.

C/ Un modèle d'accumulation patrimoniale dans les paysanneries, les chantiers du Plessis Gassot

Exercice fait en cours

L'agriculture française au XVIIIè siècle : simple croissance ou révolution ?

En complément de ce cours, la lecture du chapitre L'agriculture française au XVIIIè siècle de Paul Butel dans l'ouvrage L'économie française au XVIIIè siècle a été conseillée. Vous pouvez retrouver ce chapitre ici : http://univbordeaux.free.fr/docs/Butel.pdf (8,3mo)

Introduction

Histoire économique du monde rural, dans les années 1970-80, abandon presque total des études de grande ampleur. Cela explique que les études soient très anciennes ou très récentes. J.M. Moriceau a travaillé sur les fermiers de l'Ile de France ce qui constitue un retour. La revue Etudes rurales s'est créée dans les années 1990. Le champ agricole tient une place essentielle dans les nouveaux champs de l'histoire économique.
XVIIIè, croissance de l'agriculture française, relative prospérité. Atténuation de l'amplitude des oscillations au niveau des récoltes. Les études des années 1950-1960 ont mis en avant une révolution agricole ce qui a provoqué de vives critiques et de vifs débats. En 1971, Michel Morineau, Les faux semblants d'un démarrage économique, remet en cause la révolution agricole qui serait une simple construction des historiens ne correspondant pas à la réalité.
Quatre phénomènes se sont produits :

  1. recul de la jachère,
  2. recul de la part des surfaces cultivées consacrées aux céréales,
  3. hausse sensible des rendements,
  4. croissance de la productivité du travail.

Si l'on oppose cette évolution à l'Angleterre, les historiens disent que la France a pris le même retard que dans le domaine industriel vis-à-vis des anglais. On le voit à travers les écrits d'Arthur Young qui écrit la façon dont il voit l'agriculture française.
Après Morineau, idée de révolution agricole est quelque peu oubliée. Aujourd'hui, on utilise cette expression seulement pour quelques régions : Ile de France, Alsace, Flandre. Marchés sont plus régulièrement approvisionnés, etc. On produit mieux. Il y a des progrès dans la gestion des parcelles, etc. Joseph Goua parle d'une accumulation de petits progrès. La hausse de la production a été étudiée par J.C. Toutain. Il estime cette croissance en 1961 à 60% entre 1701-1710 et fin XVIII. Mais la décennie 1701-1710 est considérée comme étant mauvaise donc la démonstration est faussée. Les comparaisons plus justes nous donnent une augmentation de 25 à 40% de la production sur le siècle. On constate également une amélioration des conditions climatiques après le grand hiver de 1709 et la sortie du petit âge glacier. Il y a aussi une augmentation de la production par l'augmentation des terres mises en culture par les défrichements. Le 13/08/1766, le roi invite à défricher des terres abandonnées depuis 40 ans ce qui représente environ 600 000 hectares de terres soit ~2,5% des terres cultivées. Comment expliquer 25-40% de croissance avec une augmentation de 2,5% de la surface cultivable ?

Avant-propos : une agriculture encadrée par le système seigneurial

Institution médiévale qui existe jusqu'à la révolution. La seigneurie a largement évolué jusqu'à son abolition en août 1789 (lors de l'abolition des privilèges). Toutes les seigneuries d'Ancien Régime n'appartiennent pas à des nobles, on peut être roturier par exemple. Il faut payer un droit de franc-fief qui correspond à 5% des revenus de la seigneurie tous les 20 ans. La seigneurie ne donne pas la noblesse.
C'est une structure fondamentale dans l'Ancien Régime :

  • d'un point de vue administratif, unité de base du territoire,
  • c'est une unité de base du point de vue juridique,
  • et c'est la cellule de base dans l'encadrement des hommes et de l'économie puisque c'est à ce niveau qu'on décide les types de cultures, etc.

L'étude de ces seigneuries sont souvent délaissées par les modernistes car celles-ci ont une mauvaise réputation à la l'époque moderne. Cette structure est vue comme archaïque, injuste et oppressante. On la voit comme un obstacle au développement économique et agricole parce qu'elle découragerait l'innovation, etc. Les seigneuries sont accusées de tous les maux. Pour ceux qui ont une vision marxiste de la révolution, cette structure serait une des causes de la Révolution Française.
L'abolition a d'ailleurs été l'une des premières décisions prises par les révolutionnaires. Ceux-ci supprimant les droits seigneuriaux et tous les privilèges, les droits sur la terre sont déclarés rachetables à la révolution. Les révolutionnaires reconnaissent l'utilité et la légitimité en n'abolissant pas tous les droits.
L'époque moderne laisse trois espaces différents aux seigneuries :

  • Domaine ou réserve du seigneur. Propriété dominant et exploitant ; soit le seigneur fait exploiter par des corvées ou il paye la main d'oeuvre, soit il met ses terres en fermage.
  • Les censives ou les tenures. Propriété éminente du sol, redevance de ceux qui exploitent.
  • Les communaux. Terres incultes soumises à des usages collectifs.

Les droits que le seigneur exige :

  • droits féodaux : paiement d'un cens ou d'un champart
  • droits seigneuriaux : obligations qui peuvent constituer un revenu important pour le seigneur.

Cette autorité est vue comme parasitaire dans l'agriculture. Malgré cet aspect, cette structure reste utile dans l'Ancien Régime.
Tous les tenanciers ne sont pas soumis aux mêmes droits. Le système est de plus en plus mal supporté par les paysans et de nombreuses querelles apparaissent.

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I. Les facteurs endogènes et exogènes de la croissance agricole française au XVIIIè siècle

A/ Une facteur exogène : la mode de l'agronomie

Vogue de l'agronomie au XVIII soutenue par de nombreuses publications. Voltaire dit : On écrivit des choses utiles sur l'agriculture ; tout le monde les lit sauf les laboureurs. Explosion de la litérrature agronomique, on compte plus de 1000 parutions au cours du siècle. Duhamel de Monceau, en 1762 publie un Traité de la culture des terres par exemple.
La mode française copie les anglais comme Jethro Tull. De plus, il y a le développement des idées physiocratiques. L'agriculture est la seule activité économique productrice de richesses. Les théories modernes voulaient des réformes fiscales. Les physiocrates veulent faire dominer le domaine agricole vis-à-vis de la proto-industrie qui démarre. Les revues spécialisées se développent comme la Gazette d'agriculture au XVIIIè ou la Feuille du cultivateur. Les mouvements se fédèrent, on constate la création de sociétés d'agriculteurs qui regroupent les énergies. Naissance à Rennes en 1757, puis une quinzaine d'autres en France. Ces sociétés organisent des concours, encouragent les méthodes expérimentales. Louis XVI fonde la société royale d'agriculture qui fédère toutes les énergies du royaume. Le ministre Bertin, sous Louis XVI, montre sa volonté de moderniser l'agriculture française. De nombreuses personnes se montrent favorables à cette modernisation.

B/ Le facteur endogène : l'inégale inertie paysanne face à la volonté de modernisation

L'ambition est affichée par les sociétés agronomes. La réflexion théorique reste sans concrétisation. La modernisation agricole fonctionne uniquement pour les plus aisés et ceux qui ont le plus de terres (Ile de France et Alsace). Certaines solutions proposées sont non réalistes. L'obsession de la paysannerie est de se nourrir, elle ne prend pas de risques avec de nouvelles cultures. On manque de capital et de terres dans les petites exploitations paysannes.
On veut moderniser l'agriculture mais grande réticence contre ce modernisme.

II. Les multiples preuves d'un changement agricole

A/ Le début du recul de la jachère

A la fin du XVIIIè, Arthur Young montre les signes de l'archaïsme de l'agriculture française. Il formule sa critique en comparant les agricultures françaises et anglaises. Mais il y a tout de même un recul de la jachère. Dans le nord (Flandre), l'est (Alsace), le nord-ouest (Normandie), vallées de la Garonne. L'agriculture devient de plus en plus individualiste et cela repousse la jachère.
Dans le nord surtout. A la fin de l'Ancien Régime, pour l'ensemble du royaume de France, 1/4 ou 1/3 des terres = jachère. En Normandie, 1/2 des villages abandonnent la jachère. Le mouvement n'est pas massif au début mais il progresse en continu.

B/ La multiplication des prairies artificielles

Le sainfoin, la luzerne, le trèfle.
En Flandre, l'avantage est de ne épuiser le sol et l'élevage fournit la fumure. Dans le 2nd XVIIIè, 10% des terres sont cultivées, au début du XIXè, 20% sont cultivées au Pas-de-Calais.

C/ Le développement des cultures nouvelles

Grain :

  • maïs ou blé d'Espagne
  • fèves
  • haricots
  • colza
  • sarrazin.

Au XVIIIè, ces cultures ne sont pas évidentes pour les agriculteurs. La pomme de terre, les plantes à racine, betteraves, navets, carottes. Jusqu'alors, ces cultures étaient limitées au jardin potager pour la consommation familiale. Ces cultures rentrent dans la culture de plein champ. Les récoltes sont écoulées sur les marchés. On quitte la simple auto-subsistance. La Flandre, fin XVIII, 1/4 des superficies ensemencées avec des cultures nouvelles.
Exploitation des plantes, multiplie les utilisations et les sources de revenus :

  • l'huile, pour l'alimentation et pour l'éclairage ;
  • savon ;
  • fibres textiles ;
  • engrais.
    On parle de cultures industrielles à la fin du XVIIIè.

III. Un autre symbole de la modernisation de l'agriculture française : l'évolution des méthodes de culture

A/ Les nouveaux modes de rotation des cultures

Au XVIII, 2 systèmes de rotation : biennaux et triennaux. Les rythmes sont différents selon les régions. Le système triennal se répand petit à petit car il permet une production plus diversifiée. Le système biennal permet d'avoir beaucoup de culture panifiables. Apparition de systèmes quadriennaux et quinquennaux.

B/ Multiplication des engrais pour permettre l'évolution des méthodes de culture

Développement de la population urbaine pose le problème des déchets. Le crottin de cheval des villes se met à être échangé contre de la paille.

C/ Les progrès de l'outillage

Grandes différences entre le nord (charrue) et le sud (araire) . On assiste à la généralisation de l'emploi de la charrue et à son perfectionnement. On laboure plus profondément donc d'une meilleure plus efficace.
La faux se généralise face à la faucille ce qui facilite les moissons. On utilise la herse pour faire un labour fin et le rouleau est utilisé pour enfoncer les graines. En Ile de France, la valeur du cheptel mort (outillage) représente la 1/2 de l'exploitation.

IV. Les principales productions agricoles : entre traditions et modernité

A/ La domination du blé et de ses substituts

Jusqu'à la Révolution, le blé était cultivé partout même là où il n'est pas adapté. Aucune région ne se spécialise suffisamment pour abandonner la céréaliculture. Les régions au sol pauvre ne peuvent pas produire du froment, ils produisent du seigle mais le seigle est en baisse (on ne veut plus que du pain blanc fait à partir du froment). Le froment donne moins de farine que le seigle et moins de calories mais la mode est au froment.
La pomme de terre : Cendrillon devenue princesse. Son utilisation se développe grâce, entre autre, à : Duhamel de Monceau, Parmentier, Turgault, etc.

B/ Une viticulture aux multiples visages

Période de prospérité, augmentation des surfaces plantées. L'Edit de 1731 interdit la prolifération des cèpes dans le royaume. Dans les années 1770, surproduction de vin avec 1,6 million d'hectares plantés, 27 millions d'hectolitres et 20 hectolitres à l'hectare. Les régions bordelaise, charentaise (les 2 vignobles les plus représentés), vallée du Rhône, vallée de la Loire. Hausse de la demande de vin dans le royaume avec l'augmentation de la population urbaine. Fort potentiel d'exploitation avec les colonies et les marchés européens du nord. La qualité de certaines productions s'améliore avec l'embouteillage avec des bouchons de liège et l'assemblage de cépages différents pour produire un meilleur vin.

C/ Les progrès de l'élevage

Développement des prairies artificielles. Moins en moins perçu comme un mal nécessaire. Au XVIIIè, 1ère définition des races avec la Parthenaise. Science de l'élevage qui naît.

Conclusion :

  • Agriculture non immobile,
  • foule d'évolutions, changements intellectuels avec une réelle préoccupation des élites,
  • rupture technique.

On parle donc d'une accumulation de petits progrès.

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La fraude ou de l'omniprésence des trafics commerciaux illicites sous l'Ancien Régime

I. Un commerce colonial qui repose sur les règles poreuses de l'exclusif

Exclusif : règles imposées par les rois de France pour les colonies en matière commerciale. Interdiction aux colonies françaises de commercer avec l'étranger. Principes mercantilistes qui vont à l'encontre de la liberté du commerce. L'Angleterre et l'Espagne ont fait la même chose avec leurs colonies.
Durant le 2nd XVIIè, Louis XIV met en place ces règles. 1670 : interdit le commerce étranger à toutes les colonies ; principe pas facile à appliquer. En période de guerre, beaucoup de mal à ravitailler les colonies, celles-ci se tournent alors vers les pays étrangers. Avec le retour à la paix ; fin de la guerre de la ligue d'Augsbourg en 1697 avec le traité de Ryswick ; ces règles sont de nouveaux appliquées.
Montesquieu, dans L'Esprit des Lois, justifie l'absence de liberté. Le consensus est assez large pour maintenir ces règles de l'exclusif. Les colonies sont là pour servir les pays, elles fournissent les richesses à leur métropole. Interdiction de transformer les produits ; on convoie les produits bruts.
Ce système est mal perçu dans les colonies à cause :

  • des pénuries,
  • les exploitants gagnent peu en vendant leurs marchandises aux colons qui font le maximum de profits,
  • et les colonies ont envie de commercer avec leurs voisins.

1717 : grande révolte en Martinique contre le retour à l'exclusif. Se met en place le commerce interlope avec les hollandais. En métropole, ce système est accusé de freiner le développement économique de la France mais les idées libérales gagnent en intérêt. Assouplissement dans le 2nd XVIIIè. Après 1757-1763 (guerre de 7 ans et déroute du traité de Paris), colons veulent des assouplissements. Ils avaient acquis la liberté de commercer pendant la guerre. En 1767, mise en place de l'exclusif mitigé. On construit des ports d'entrepôts à Saint-Domingue et à Sainte-Lucie. Les étrangers peuvent venir faire du commerce dans ces ports. Il faut que les bateaux étrangers viennent échanger des produits en manque dans les colonies (bois, cuir, goudron, etc.) ; ces produits sont assez limités. Cet exclusif mitigé est un échec. 1784 : accroissement de la liberté de commerce après la fin de la Révolution américaine par le ministre Castries. Exclusif mitigé étendu sur 7 ports dans l'ensemble des Caraïbes. On constate la volonté jusqu'à la Révolution française d'encadrer strictement le commerce.

II. Contournement par les français de l'exclusif espagnol au XVIIIè siècle

Espagne, grande puissance coloniale qui avait des règles similaires à l'exclusif français. Port de Cadix : plaque tournante des envois vers le nouveau monde grâce à la Carrera de Indias. Décadence de la dynastie des Habsbourg : contrôles chutent et désorganisation de l'approvisionement. Les marchandises n'arrivent plus depuis l'Espagne. les hollandais sont des spécialistes de ce trafic illicite. Ils sont installés à Curaçao (plaque du commerce illicite sud-américain).
Les anglais participent également depuis leur possession de la Jamaïque. L'Empire espagnol était envahit par les produits anglais. Le système de l' asiento : approvisionne l'Espagne en esclaves.
La France, avant 1700, c'était avant Philippe d'Anjou en Espagne et les deux puissances étaient rivales. Lutte dynastique entre les Habsbourg et les Bourbon. Après 1700, alliés diplomatiques et même après, on continue de braver les règles espagnoles.

A/ Exemple du port de Saint-Malô au début du XVIIIè

Voir André Lespagnol
Les négociants malouins sont engagés en Amérique du Nord et ils cherchent à développer le commerce avec les Caraïbes. 1681-1720 : 225 navires sont partis de Saint-Malô vers les Caraïbes.
On constate trois types de commerce :

  • Armement pour capturer, faire la course,
  • commerce de négociants classique,
  • trafic interlope avec colonies espagnoles.

2/3 des navires font du commerce illégal avec l'Empire espagnol. La stratégie est fondée sur les échanges interlopes. Les commerçants ne le cachent pas, on le voit à travers l'étude du tonnage convoyé. Ce sont de gros navires, de 300 à 400 tonneaux qui sont utilisés. Les navires sont fortement armés et ont de gros équipages. On envoie des produits textiles car ils manquent.
La nécessité des mise-hors : ensemble des sommes dépensées pour l’armement du navire négrier : coque, gréement, câbles, ancres, cargaison, vivres, salaires, assurances. En 1687, navire le Galant à une mise-hors de 205 000 livres et 532 000 pour le Malo. Cela correspond à un trafic de grande ampleur.
L'objectif des cargaisons de retour est de faire rentrer des monnaies d'or et d'argent. Le navire Le Mercure ramène 483 000 livres d'Indigo, 147 600 livres de cochenille et 270 000 livres de piastre. Ce commerce aurait permis de financer une bonne partie de la guerre de succession d'Espagne. Les armateurs de Saint-Malô se sont spécialisés, ils ne commercent plus avec les colonies. 25% des batiments envoyés ne sont jamais revenus. Le rendement est aléatoire, de 1703 à 1715, plus de la 1/2 des expéditions ont été défécitaires. Ils se sont endettés car les rendements sont exceptionnels. Quand cela fonctionne, les bénéfices sont de 300% pour Le Mercure par exemple.

B/ Le commerce illégal entre les Antilles françaises et les possessions espagnoles à la fin du XVIIIè

Voir les travaux de Jean Tarrade pour le trafic interaméricain Au XVIIIè, une alliance se met en place entre les Bourbon français et espagnols.

Partie du cours manquante, à compléter si possible

Ile de la Martinique en 1786, via le port de Saint-Pierre : 1,385 millions de livres des espagnols et 1,998 millions de livres vers les espagnols. Le trafic est environ de 500 navires par an. les produits échangés le sont selon le principe de l'offre et de la demande. La Guadeloupe achète des animaux vivants : ~1000 bétails et des tortues, mais aussi du maïs et du cacao, etc. De la France vers l'Espagne, sous-produits de la Canne à sucre (résidus du raffinage). La proximité géographique entre les colonies accélère ce mouvement. Saint-Domingue est divisé en deux colonies, développement de la contrebande en voie de terre. Le commerce est très déficitaire pour les colonies françaises. En 1786 (en milliers de livres) a importé 9 000 et a exporté 6 000. En 1788, la mise en place des entrepôts n'arrête pas le commerce interlope.

III. A l'époque napoléonienne, la difficulté d'arrêter la contrebande à l'époque du blocus continentale

Napoléon instaure le blocus continental le 21 novembre 1806 (jusqu'en 1813). Toutes les denrées coloniales qui sont prises sur des navires sont par défaut considérées comme britanniques. L'objectif est d'empêcher l'entrée de produits coloniaux britanniques. Un trafic illicite se met en place pour contourner le blocus.
Le cas de la vlile de Hambourg a été étudié par Sylvia Marzagalli. La ville a été occupée par les troupes impériales en novembre 1806. Instauration d'une ligne de douane avec l'installation de plus de 300 douaniers. 1813, révolte de Hambourg.
1806-1813, trafics illégaux continuent. Manque, voire pénuries, de produits coloniaux en France et en Euope.

Ma fin de prise de note consiste en un dessin approximatif d'une bataille navale abstraite ; à compléter si possible