Cours complet M1 TC Cadilhon 2005-2006
Sommaire
Paris : capitale de l’érudition européenne
- Après la Renaissance italienne, il y a un déplacement des centres de la culture européenne. Au début du XVIIe siècle, Paris et Prague prennent de l’importance. Prague de reste pas longtemps : seulement durant la guerre de Trente Ans. Paris s’impose et est reconnue comme capitale de l’érudition. Les intellectuels du XVIIe siècle avaient une théorie : celle des climats qui accorde une place importante au lieu de naissance du savant. Plus le savant venait d’une région obscure, plus il avait du mérite. Ces savants devaient tous se rattacher à Paris. En 1640, Paris était les « Champs Elysées du savoir ».
I/ Les centres du savoir
A/ Les universités
-VERGER (Jacques), Histoire des universités, Que sais-je ?, Paris, PUF, 1994, 126 p. -CADILHON (François) et MONDOT (Jean), Les universités et les institutions universitaires européennes au XVIIIe siècle : entre modernisation et tradition, actes du colloque international, Talence, Presses universitaires de Bordeaux, 1999, 280 p.
- Elles sont héritées du Moyen Age. L’Université de Paris est reconnue dans toute l’Europe. Aux XVIe - XVIIe siècles, elle se sclérose, elle ne veut pas de modernisation : c’est le refuge du conservatisme. Il y a 4 sortes d’université : les arts (celle qui accorde le bac), la médecine (la plus prestigieuse est Montpellier), le droit et la théologie (la plus prestigieuse d’Europe est la Sorbonne).
A/ Les centres religieux
- Les monastères au centre de Paris sont les principaux lieux de savoir au Moyen Age. Ils déclinent aux XVe - XVIe siècles. La Réforme catholique voit le jour au XVIIe siècle. A Paris, il y a :
- Les oratoriens installées rue Saint Jacques.
- L’abbaye de Port Royal au centre de Paris et Port Royal des Champs en banlieue : c’est un grand foyer janséniste.
- L’abbaye de Saint Germain des Prés : abbaye bénédictine. Au XVIIe siècle, il y a une réforme qui crée une nouvelle branche de bénédictins : les bénédictins de Saint Maur. Cette abbaye est la véritable capitale intellectuelle de la France. A sa tête, il y a Mabillon (1632-1707). Son œuvre constitue un tournant dans l’histoire française : la Diplomatique (1681). Il voit l’histoire comme un procès. Il définie l’historien comme un juge chargé d’établir la vérité. Pour lui, les sources sont des témoignages que l’historien doit valider ou réfuter en fonction de leur degré de sincérité et non d’après le prestige de l’auteur. Il propose une méthode pour classer les archives :
- Le support matériel :
- Matière : papier, papyrus, parchemin
- Instrument utilisé pour écrire : plume, roseau
- L’encre
- L’écriture utilisée : caroline, gothique
- Les clauses formelles :
- Les sceaux
- Le style employé
- Les formules employées
- Pour Mabillon, l’Eglise devait se débarrasser des légendes qu’encombraient le dogme et les pratiques religieuses. Il a été utilisé par les philosophes au XVIIIe siècle. Il a été critiqué par l’Eglise catholique : il a été accusé de vouloir soumettre la foi à la raison.
- Ces centres religieux sont très largement gagnés par le jansénisme donc le pouvoir royal a essayé de les contrôler. Cela a limité le développement du réseau savant de ces centres.
C/ La communauté savante
- La naissance des académies et des savants se multiplie dans les années 1630.
- Au XVIIe siècle, la plus prestigieuse de ces assemblées savantes est l’académie patéane créée par les frères Dupuy. Ils se réunissaient dans la bibliothèque de la famille de Thou. Ces 2 frères avaient été nommé garde de la bibliothèque du roi. Ils ont entretenus une correspondance avec tous les plus grands savants d’Europe.
- L’académie Lamoignon est animée par un helléniste : Ducange.
- Ces savants ont contribué au bouleversement de la science. Chaque théorie y était critiquée, enrichie. Le père Marin Mersenne réalisa les expériences de Descartes. En 1700, il y a 51 ateliers d’imprimeurs et 180 libraires concentrés dans la rue Saint Jacques à Paris et 29 à Lyon. On les trouvait aussi autour du Louvres et de la Sorbonne. Les familles Coignard et Le Breton sont de célèbres familles d’imprimeurs. Depuis Colbert, ces imprimeurs et ces libraires sont organisés en fonction du système des privilèges et monopoles qui avantageait les Parisiens. C’est à Paris où vivent les intellectuels, ce qui attire les imprimeurs. Les ouvrages les plus publiés à Paris sont les ouvrages jansénistes, les nouveautés.
- La presse voit le jour à Paris au XVIIe siècle : la Gazette de Théophraste Renaudot qui devient la Gazette de France au XVIIIe siècle, le Journal des savants (1665) où on résumait tous les livres qui venaient de sortir, le Mercure de France.
II/ Le contrôle royal
A/ Les académies royales
- L’académie française est fondée en 1635 par Richelieu. Elle devait déterminer les règles de la langue française et élaborer un dictionnaire. Le 1er est publié en 1694. Elle devait institutionnaliser et contrôler le mouvement académicien. Dans les 1ers membres, il y avait des poètes (Voiture, Maynard), des grammairiens (Vaugelas), des hommes d’Etat (Séguier chancelier de Louis XIII)…
- Sous l’initiative de Colbert qui voulait mettre en avant la monarchie française, Louis XIV a créé d’autres académies. Ces académies ont pour objectif d’attirer les savants et les grands artistes avides de connaissances. C’est un instrument de contrôle de la vie artistique et littéraire.
- L’académie royale des sciences est créée par Colbert en 1666 et inspirée par la Royal Society de Londres. Il y a deux groupes : les mathématiciens (astronomes) et les physiciens (chimistes et biologistes). Colbert voulait écarter tous les partisans des nouveaux systèmes. Il élimine tous les astrologues. Il a orienté les travaux des académiciens vers des domaines susceptibles de recevoir une application directe (guerre et marine). Il fonde l’Observatoire de Paris (1672) pour faire en sorte que les astronomes trouvent une méthode de calcul de la longitude. Ainsi, les navigateurs pourraient se diriger plus facilement.
- L’académie des inscriptions et belles lettres permettait de regrouper toutes les individualités de la littérature et de l’histoire.
B/ La police du livre
- Un contrôle strict de l’imprimerie est mis en place par Colbert : la direction des lettres. Il développe la propagande royale pour attirer les nouveaux talents. Cette direction devait faire le trie entre les bonnes et les mauvaises idées : jansénisme, libertinage… Ex : Pour le libertinage : Gabriel Naudé, bibliothécaire de Mazarin et chantre du cynisme politique. Colbert crée la censure pour contrôler ces publications : l’Académie des Dames est censurée car il a trop d’images. En 1699, le bureau de la librairie est mis en place pour organiser le système de la censure. Voltaire est même embastillé pour ça en 1726.
III/ L’érudition ou la raison
A/ Les Anciens et les Modernes
- C’est une querelle qui débute à partir de 1670 jusqu’en 1715. La république des lettres se divise en 2 :
- Boileau, La Fontaine qui défendent les goûts antiques. Pour eux, on ne peut qu’imiter les auteurs grecs et latins.
- Les modernes : Charles Perrault (on peut dépasser les auteurs anciens), Fontenelle (1657-1757) : « A mesure que la raison se perfectionnera, on se désabusera du préjugé grossier de l’Antiquité ».
A l’académie des inscriptions et belles lettres, les Anciens étaient majoritaires. Dans la 2ème moitié du XVIIIe siècle, le goût pour l’Antiquité n’a jamais été aussi fort. Pourtant, ce sont les Modernes qui ont gagné.
B/ Le Collège de France
- C’est le Collège royal qui a été fondé par François Ier au début du XVIe siècle dans le cadre du mouvement humaniste. Au début, on ne devait étudier que les langues anciennes. Petit à petit, les cours se sont étendus à toutes les disciplines nouvelles. Au début du XVIIe siècle, il y avait 18 chaires : ex : Gassendi pierre qui en 1645 prend la défense de Copernic et Galilée.
- A partir de 1660, le Collège de France décline car les professeurs appelés lecteurs royaux avaient un grand esprit d’indépendance. Cet esprit s’accordait mal avec la monarchie absolue. Le Collège de France était situé sur le Collège de Treguier. Il n’était pas entretenu car le gouvernement royal ne donnait pas d’argent. Les professeurs recrutés étaient parfois ou souvent incompétents notamment dans les langues orientales. Les places de lecteurs royaux étaient destinées à récompenser les amis du secrétaire du roi à la maison du roi. De plus, les lecteurs étaient très mal payés.
- Au début du XVIIIe siècle, le Collège de France décline de manière sensible. Les chaires étaient transmises de père en fils. Ex : les Fourmont (archéologues), les Capperonnier… Les cours étaient suivis par très peu d’élèves.
En 1770, le Collège de France est rénové. JJ Garnier a su faire attribué une partie des revenus de l’Université au collège de France. Il a réussi à faire reconstruire le Collège (façade de Chalgrin imitant un temple grec). Il a réussi à introduire de nouveaux savoirs. A 2 moments, le Collège de France a failli disparaître :
-1727 : le Collège doit fusionner avec la bibliothèque du roi.
-1788 : projet d’éclatement du collège entre le jardin du roi et l’Université de Paris.
- Mais Garnier a réussi à éviter cela. Il introduit la littérature française, la chimie, l’histoire nationale. En 1793, lorsque les révolutionnaires suppriment les universités, le Collège de France est maintenu.
Garnier avait une bibliothèque de 1544 livres.
Nature des livres | % des livres |
Théologie | 3,5 |
Droit | 7,3 |
Sciences et arts | 17,4 |
Belles lettres 19.5 | 19,5 |
Histoire et géographie | 52,5 |
Dates des livres | % des livres |
XIIIe - XVe siècles | 0,2 |
XVIe siècle | 13,3 |
XVIIe siècle | 25,6 |
XVIIIe siècle | 59,9 |
XIXe siècle | 1 |
Langues | % des livres |
Latin | 32,2 |
Grec 9 | 9 |
Français | 55,8 |
Autres | 3 |
- C’est un érudit, il ne vit pas totalement dans son siècle. Il a :
- Montesquieu : l’Esprit des lois mais il n’a pas les Lettres Persanes
- Il n’a pas Diderot donc pas l’Encyclopédie
- Voltaire : Commentaire sur le théâtre de Corneille (seul ouvrage de l’auteur qu’il possède)
- Rousseau : Le Contrat social.
- Ses livres ont été vendus par sa famille au début du XIXe siècle. Il n’ont gardé qu’un seul ouvrage : le Contrat social car il y avait dessus des annotation de Garnier (très sévères envers Rousseau).
L’Edition
- L’édition est un élément important pour un chercheur s’il veut faire connaître ses recherches.
Jusqu’en 1984, il y avait deux thèses : la thèse de troisième cycle et la thèse d’Etat qui est publiée presque automatiquement par l’atelier de reproduction des thèses de Lille.
Aujourd’hui la thèse est uniquement reproduite par micro fiches, il est également possible de faire un fac similé (payant) : pour se faire connaître, il est donc nécessaire de se faire publier.
- publier un article dans une revue : locale, régionale, nationale ou internationale
- participer à un colloque
- publier sa thèse : très difficile ; chaînon assez lourd.
- L’édition est un phénomène récent dans l’écrit (après l’invention de l’imprimerie). Le premier éditeur repéré dans l’histoire est Manuce, un vénitien avec une formation de lettres classiques (XVème siècle). C’est un « imprimeur humaniste ». Il devient éditeur car il s’intéresse aux livres. Il rencontre des réfugiés grecs qui vont l’aider à travailler dans l’établissement et l’impression de textes. Il va s’entourer d’une académie. Il publie avant tout des textes grecs et latins. Il a aussi une boutique pour vendre des livres.
- Jusqu’au XVII siècle, on aura ce type de personne. C’est à la fin du XVIII siècle qu’apparaît l’éditeur qui va être défini avec l’auteur. Dans Qu’est ce qu’un livre ? Le philosophe Kant explique qu’il y a une propriété, une œuvre intellectuelle. L’auteur a besoin d’avoir un contrat avec un éditeur dont la mission est de diffuser le livre.
- Les éditeurs au sens contemporain naissent au XIX siècle avec la création d’une grande collection : « la bibliothèque des chemins de fer », et la fondation de la Maison Hachette qui entraînent la création de librairies dans les gares. Cela permet de sortir l’auteur du mécénat, il se professionnalise. C’est cette rencontre des deux qui va faire l’édition du XX siècle.
- Une maison d’édition, c’est un choix politique/éditorial. Aux Presses Universitaires de Bordeaux ; le directeur est nommé par le président de l’université et une équipe de collaborateurs.
- Le livre va suivre un parcours
- - le manuscrit est soumis à un comité éditorial : lieu d’échange sur la décision politique de la publication
- - Il y a plusieurs représentants de différentes disciplines des universités, ce qui permet des échanges, des approches différentes.
- - L’équipe de presse définie le nombre de signes et la pagination finale, ce qui donne une idée du coût du livre à l’éditeur
- - le catalogue des presses présente son fond : auteur, titre, informations sur le livre, numéro d’ISBN.
- Le comité éditorial peut faire appel à des spécialistes pour se décider. On leur envois alors « Evaluation scientifique et éditoriale d’un manuscrit ». Généralement on demande à deux personnes.
On renvoie le manuscrit à l’auteur et on lui demande un certain nombre de données.
- Le contrat avec l’auteur protège l’auteur et l’éditeur, il est donc très important. On change généralement le titre d’une thèse pour la publication du livre ; le titre doit être synthétique. Il faut aussi envisager la traduction et le passage au livre de poche : c’est un seconde vie pour le livre. Les droits d’auteur sont aussi envisagés ; la rétribution n’est pas énorme.
- On envoie des exemplaires aux journalistes pour assurer la promotion de l’ouvrage : c’est la fin du processus pour l’éditeur. L’éditeur va l’envoyer chez le diffuseur/distributeur. Généralement ce sont des commerciaux ; c’est au distributeur que l’on fait la commande de livres et non pas à l’éditeur directement. La distribution en France est plutôt parisienne et les délais peuvent être longs.
- Présentation des chiffres d’affaire de 2004 des éditeurs
- Hachette est le plus grand éditeur français (40% du chiffre d’affaire en librairie). L’Harmattan est celui qui édite le plus de titres.
- Les éditeurs qui ont la distribution (Hachette Distribution par exemple) sont des éditeurs qui ont les moyens de se défendre. Hachette appartient au groupe Lagardère ce qui le place au niveau international ; de plus c’est un groupe de communication.
- L’édition française a la particularité d’avoir su préserver ses éditeurs moyens même si on sent des changements. L’évolution de l’édition touche particulièrement le monde universitaire et académique qui se tourne de plus en plus vers l’édition internet. L’édition est maintenant très tournée vers les médias.
- De plus en plus de formation à l’édition existent dans les universités.
La bande dessinée et l’histoire moderne
- Le goût du voyage et de l’exotisme est très attractif.
Hergé
- Il voyageait toujours avant de dessiner et d’écrire. Ainsi, le sceptre d’ottokar s’inspire de l’histoire des Balkans au XV siècle et notamment de la bataille de Zileheroum. Le château est la reproduction exacte du château de Bratislava (Poszony). Ottokar correspond à un grand roi hongrois du XV siècle ; Mathias Corvin.
- Peu après ce type de BD est abandonné. Il est repris dans les années 1970
Bourgeon
- C’est un historien qui a dessiné Les passagers du vent. En 1970, il est professeur d’histoire au collège ; il a rédigé cette collection qui a eu un succès colossal.
- Le goût de l’histoire est revenu en BD, il y a aujourd’hui quelques éditeurs spécialisés : Glénat, Vent d’Ouest, Le Lombard…
- De plus en plus, on va avoir un dessinateur et un scénariste différents
P. Cothias
- Tous ses scénarios (ou presque) touchent à l’histoire : Les 7 vies de l’épervier (Henri IV), Le Masque rouge ( Louis XIII) ; Le fou du roi (Louis XIII), Le jardin des sirènes (voyage de Laperousse en 1785)…
- Les premiers numéros laissent une grande place à l’amour et au sang. (Autres auteurs : Franz, Mitton…). Lorsque le succès est établi, le niveau littéraire augmente : Les chemins de Malfosse de D. Bardet, Le marquis de Sade de J.Duffau…
- Il existe un prix de la BD historique à Tours.
Livres de piété et de dévotion XVII, XVIII siècle
- Un livre de piété c’est quoi ? Dans les classements des librairies sous l’ancien régime, les livres de piété étaient dans la rubrique théologie. Ce n’est pas un livre d’Eglise (graduels, processionnaux), ce n’est pas non plus un livre des clercs, ce n’est pas non plus un livre de catéchisme. Il est imprimé en français, en langue vulgaire ; c’est un livre de petit format destiné aux laïcs.
- C’est un genre placé entre la théologie et la spiritualité. L’objectif est de mettre à la portée du plus grand nombre la pensée des grands mystiques.
I/ La production imprimée et le rythme des dévotion
- Entre 1640 et 1850 le livre de piété, de manière matérielle, a peu changé. Le format était petit (in 12) ; l’objectif est de réduire le prix de vente.
Ce sont des livres très peu illustrés. Au début du XVIII, les livres de dévotion avec des images représentaient 7%, au début du XIX c’est 17%. Il y a trois types d’image : portrait de l’auteur, scènes de groupe, gravures d’explication.
A/ Le livre du XVII
- Il est très difficile de mesurer la place du livre de dévotion. Le genre est présent un peu partout mais la place était limitée. Cependant dans presque tous les ouvrages du XVII, il y a une place importante accordée à la dévotion.
- Il existe des cercles dévots, ce sont surtout les intellectuels qui pratiquent la dévotion.
B/ Le livre du XVIII
- Le changement a lieu dans les années 1720 : envolée de la littérature de dévotion ; une centaine d’ouvrages sont publiés dans la décennie. L’abbé Barruel (en exil) a publié un livre pour expliquer les raisons de la révolution française. Le centre majeur de production est Paris même si on note une montée des éditions provinciales à la fin du siècle ; mais ce sont souvent des ouvrages modestes.
- En 1725, l’abbé Varnenot publie Le bon paroissien, c’est un guide des prières avec un résumé des préceptes moraux et une présentation des principales fêtes catholiques.
C/ Les révolutions
1) 1790-1799
- La production des livres de dévotion s’effondre avec toutefois des soubresauts : l’effondrement n’a pas été linéaire.
- En 1791, il y a une hausse de la production pour essayer d’affermir une foi menacée. JB Collignon (éditeur de Metz) est un fils d’imprimeur reçu libraire en 1771 ; il devient imprimeur en 1772. Son échoppe s’appelle « À la Bible d’or » et se trouve à côté de la cathédrale. Entre 1772 et 1794, il a publié 200 titres. La plupart sont des livres de dévotion, il y aussi des catéchismes. En 1790, il met ses presses au service de prêtres hostiles aux Lumières. Il publie l’œuvre de l’abbé Thiebaud, Traité de la religion et de la dévotion véritable. En 1793, il s’engage franchement contre la révolution et publie notamment Journal sans titre et sans abonnés : il y dénonce les mesures révolutionnaires contre la religion. Dénoncé, il est arrêté et guillotiné à Metz en 1794.
- Beaucoup d’imprimeurs qui avaient fait fortune au XVIII en publiant des textes catholiques ont arrêté de publier ce type de textes pendant la révolution. A partir de 1796, avec le déclin révolutionnaire, il y a de nouvelles publications de livres de dévotion et de piété.
- Bigex (vicaire général du diocèse de Genève) a refusé la Constitution civile du Clergé et s’est retiré en Suisse. Il se consacre à la publication de nombreux manuels de dévotion.
2) Début XIX
- Envolée de la littérature pieuse avec un maximum en 1820/1829. Recul de la place de Paris qui est rattrapé notamment par Lyon. C’est aussi l’affaire de quelques familles d’éditeurs. Cette publication massive a été voulue et accélérée par l’Eglise.
- Le déclin relatif des années 1810/1815 est du au fait que Napoléon Ier s’entend très mal avec l’Eglise de Rome.
- A partir de la Restauration, la littérature de dévotion illustre une véritable obsession de conversion. Cela va de pair avec deux phénomènes : l’alphabétisation (Loi Guizot) et l’explosion des librairies. La production se concentre sur quelques grosses entreprises spécialisées dans le genre. : Perris, Lefort…