Lacour BxIV M1 2ème cours 06/02/07

De Univ-Bordeaux

2. Les dynamiques de la pensée

4 Logiques de pensée ("R")

  1. de raffinement et d’adaptation à la situation actuelle (le mercantilisme),
  2. de remise en cause et d’oubli (Marx, Keynes),
  3. de redécouverte (Schumpeter)
  4. de Révolution, avec le passage du progrès technique (R.Solow) à tout ce qui tourne autour de l'innovation.

Facteurs de développement : du progrès technique à l'économie de la connaissance

le progrès et technique et l’innovation

Paradoxe de Leontief montre que la puissance économique américaine ne vient pas du facteur capital ou travail, mais de sa bonne utilisation du progrès technique. Les secteurs primaires et tertiaires ne sont pas capables d’incorporer le progrès technique dans les 50’s 60’s, seul le secteur secondaire le permet. Le Progrès technique est le référent fondamental jusque dans les 90’s. Marx et la loi de la baisse tendancielle du taux de profit : le capitalisme est scientifiquement condamné car il est obligé d’avoir de générer du progrès technique et pour cela d’investir et de prélever de la plus value. Le Progrès technique est donc de plus en plus cher et compliqué à réaliser. Le capitalisme est condamné à mourir à long terme.

Thèse de l’innovation et de la connaissance selon Romer

Les mécanismes fondamentaux tournent autour du transfert de la connaissance et de l’apprentissage, le progrès technique n’est qu’un facteur parmi d’autre du développement. Il est même parfois porteur de méfaits. Pour Garry S. Becker, la connaissance, c’est savoir utiliser des compétences. Protocole de Lisbonne  : c’est le nouveau fondement des politiques européennes. Puisque nous ne serons jamais aussi bons en progrès techniques que les américains, et en facteur travail que la Chine, notre seul moyen de concurrencer ces pays est la connaissance.

La e-economie ou la reconnaissance de phénomènes nouveaux
  1. Loi de Moore (patron d’Intel) : tous les 18 mois, nos ordinateurs deviennent au moins 2 fois plus puissants et leur prix relatif baisse de moitié. Nous entrons donc dans un monde de rendement croissant qui remet en cause les thèses de Ricardo et Malthus.
  2. The long tail : si dans un lieu virtuel sont rassemblés tous les exemplaires des ouvrages écrits depuis cent ans, dont certains sont rares, je suis donc capable d’obtenir en peu de temps une masse d’information qu’aucun libraire ne peut m’offrir. Cependant, il reste toujours le « dernier kilomètre » à parcourir, même si la distance compte de moins en moins et les transports sont de moins en moins coûteux. Ex : il faut livrer le livre commandé sur Internet. Donc la distance revient par le service qui doit être assuré sur le dernier kilomètre , celui qui est le plus coûteux.
  3. La gender analysis : dans les années 60-70, il y a eu une lecture féministe des concepts économiques, car ceux-ci ont été jusque là conçus par un monde d’hommes. Pour eux, l’économie de l’optimisation et de l’équilibre se fondait sur les échanges apparents. Ils ne prenaient pas en compte des femmes qui ont une activité productive importante, socialement déterminante. Kate Millet et Betty Fridan veulent comprendre cette économie féminine (éducation des enfants, économie domestique) basée sur un savoir faire et un savoir réagir.
  4. La Théorie des Jeux : dans les années 60-70 avec James Buchanan. C’est l’école des Public Choice : il s’agit d’expliquer le monde politique par des logiques économiques car un homme politique essaie de vendre un produit, de gagner des parts de marchés, le but étant de garder son propre camp tout en mordant sur l’autre, avec le risque de perdre ses propres troupes si l’on mord trop ailleurs. Les personnages politiques appliquent le théorème ABC (Alliance, Bargaining, Control). C’est pour cela qu’ils possèdent des conseillers sratégiques, des conseillers en communication.
  5. L’économie de l’information : Stiglitz, conseiller de Clinton est opposé à la mondialisation. Akerlof dénonce l’asymétrie de l’information dans un article de 1970 à propos du marché des automobiles d’occasions. Le vendeur de voiture est en général le mieux informé de l’état du véhicule que l’acheteur et cependant, ce dernier doit lui faire confiance. Ainsi, l’information, c’est le pouvoir. Toute l’économie contemporaine consiste à donner des contreparties à mon incompétence (les banques,les agences de crédit vont donner de bons signaux théorie du signal), par des mécanismes qui créent de la confiance : des garanties, des habitudes (on crée des comportements de répétition), la réputation (par exemple, les vins AOC).
  6. La redécouverte de l’éthique : depuis 20 ans travaux de Rawls et Sen, l'économiste et le manager ont toujours le rôle de produire un maximum mais tout en respectant les règles techniques et des réglements; même si je peux produire plus, je dois me poser des questions éthiques : à partir de quel âge est-on moins productif ? Quel est le niveau de dépenses médicales que la société peut considérer comme tenable ?
  7. Du monde de la redondance au monde de la complexité :
Redondance Complexité
Répétition Variété
Symétrie Asymétrie
Homogénéité Hétérogénéité
Dégénérescence Spécificité
Non-spécificité Différenciation
Non-différenciation Différences
Identité Individualité
Interchangeabilité Caractère inattendu des choses
Répétition dans le temps

</center>

-modèle de redondance : modèle de la physique avant 1900, loi de la gravitation ; pour une même opération répétée dans les mêmes conditions, on obtient le même résultat ; modèle de la symétrie (action-réaction) ; modèle d'homogénéité.

>modèle de laboratoire, modèle clinique

-modèle de la complexité : apparu avec la prise en compte des problèmes d'environnement avec le problème de l'épuisement des ressources (on ne peut plus répété une même opération à l'infini). Donc les enjeux ne sont plus de même nature. Modèle de la théorie du chaos, du battement d'aile du papillon > caractère inattendu des choses. Du XVIII° aux années 1980, l’économie se construit sur la physique du XIX°. Idée de la répétition : dans un labo, je fais des expériences dans les mêmes conditions et j’obtient les mêmes résultats et il en est de même en économie. Ex : une hausse du taux d’intérêt entraîne une baisse de la consommation. Depuis les années 1980, il y a assymétrie des comportements (Keynes et l’effet de cliquet). Dans la première vision, il y a une logique d’identité, dans la seconde, aucun individu n’est comparable à un autre. Dans la première, le temps est neutre, dans la seconde, le temps est déterminant.


3. L’économie, « science lugubre » (Carlyle) ou « science joyeuse » (Paul Romer)?

Si l’économie considère l’échange comme un signe extérieur, c’est une science lugubre, si c’est de la poésie (Romer), voire de la folie, c’est une science joyeuse (Bomel).

A : L’économie comme …

Modèle : pour Bachelard, c’est une représentation « simplifiée, partielle, sélective et hiérarchisée ». On veut représenter soit un mécanisme soit une certaine vision du monde (paradigme). L’économie représente tout, même nos comportements privés (travaux de Gary S. Becker sur le mariage), les phénomènes naturels et moraux. C’est un monde autonome qui prétend à la scientificité et n’a pas besoin du reste. Version modeste: l'économie n'est qu'un petit bout de la lorgnette située dans un environnement plus large (biosphérique)

Langage : termes comme la mondialisation, le développement durable, l’économie plate sont des codes, des mots clés.

Loi : loi des débouchés, loi d'airain des salaires… - A la manière de Levit : s’il n’y a pas d’incitations, y a-t-il des réponses ? C’est l’économie « saugrenue ».

B : Théorie, Théologie, Thérapeutique

Théorie : construire une démonstration, des hypothèses, étudier des données, valider ces hypothèses…

Théologie : l’économie est convaincue de certaines vérités qui ne se démontrent pas. Ex : le consommateur est souverain et intelligent / pb et s'il est idiot?

Thérapeutique : c’est le « dentiste » de Keynes dont on n’attend pas qu’il nous explique le sort du monde. Ex : comment puis-je lutter contre tel type de chômage ? Comment placer tel type de produit sur un marché encombré ? Comment être un bon manager ? L'économie doit répondre à des problèmes précis et non des problèmes théoriques.