Lacour BxIV M1 4ème cours 27/02/07

III : Institutions et évolutions

1. pourquoi nous préoccupons-nous des institutions ?

A : Nos comportements s’expliquent par notre rationalité individuelle

A l’inverse de la praxéologie (nos comportements peuvent être expliqués par trois ou quatre grands principes), nous prenons en compte la subjectivité de l’individu. Cela s’oppose aussi à la notion d’équilibre. L’équilibre n’est pas une fin en soi : une société primitive est une société d’équilibre, mais ce n’est pas un équilibre d’efficacité. L’équilibre peut être une situation bloquée, fragile et peu efficace. Ainsi, il faut privilégier la dimension évolutionniste. Cela s’oppose enfin à la rationalité holiste (par exemple, celle d’une foule qui a un sens particulier de la justice). Si dans le modèle néoclassique, les institutions ne sont pas nécessaires et nous avons simplement besoin de notre rationalité pour exprimer et hiérarchiser nos préférences, d’autres insistent sur la nécessité des institutions. L’appartenance sociale, la famille, l’appartenance syndicale sont tout et nous surdéterminent (Marx) : il y a un fétichisme de l’institution. Aussi, nous oscillons sans cesse entre ces deux modèles, ces deux pôles.

B : le structuralisme

Claude Levi Strauss La pensée sauvage, Tristes tropiques Il cherche à voir quelles sont les institutions secondaires, contingentes et les « invariants structurels ». Nos sociétés occidentales, riches, scientifiques et prétendant à contrôler le monde ont perturbé les sociétés primitives. Les invariants sont les structures de la parenté : il insiste sur le rôle de la tribu, de la propriété collective (voir le droit en Afrique du Nord). Cependant, je peux dépasser l’opposition entre le tout Etat et le tout marché. Ainsi, Williamson, dans le courant de Coase, qui travaille sur les coûts de transaction, cherche l’institution la plu efficace, qui serait représentative de toutes les institutions et qui serait mesurable.

C : les institutions comme des facteurs de blocage

Ex 1 : L’efficacité du mode d’élection parlementaire en Grande Bretagne fait qu’il y a toujours une majorité. Ex 2 : Pourquoi la France et l’Europe sont-ils faibles économiquement selon le dernier prix Nobel ? D’une part à cause des institutions économiques (principes juridique du droit dans les sociétés, organisation du financement de l’économie, faiblesse du système bancaire et boursier en France) et aussi par notre culture économique (nous ne sommes pas fier de dire combien nous gagnons d’argent, de gravir les échelons).

2. Nature et nécessité des institutions

A : L’institution – cadre

A. Smith ne prend pas en compte les institutions. Pour lui, les échanges se font sans coût de temps, sans friction, sans oppositions. Pourtant elles sont nécessaires. Selon Douglas North, les institutions sont des contraintes informelles et des règles formelles ainsi que leur mode de respect et d’application. Pour Claude Levi Strauss, la seule structure invariante est le tabou de l’inceste. En fait, il ne s’agit pas de porter un jugement de valeur sur les traditions, mais de voir lesquelles sont les plus efficaces.

Ex 1 : Les constitutions écrites sont de cadres qui nous disent comment nous comporter et qui permettent à la société de fonctionner. Ce sont des règles du jeu efficaces, peu importe qu’elles soient acceptées ou imposées.

Ex 2 : la question n’est pas de savoir si c’est moral ou non d’augmenter l’ISF mais de voir si notre système fiscal incite à quitter le pays.

B : Les institutions comme règles du jeu

Le Contrat Social (Rousseau) : puisque nous sommes obligés de vivre ensemble, il nous faut des règles et une puissance tutélaire. Trois règles : - les tabous-conventions (le plus général) - les organisations : les entreprises, le monde agricole, les partis - les conventions : les articulations concrètes d’un accord.

C : A quoi ça sert d’étudier les institutions ?

North : ça sert à faire du développement, à favoriser les relations d’échange, à voir le long terme, à comprendre pourquoi une innovation s’impose (ex du clavier de machine à écrire), pourquoi certaines institutions sélectionnent des processus plutôt que d’autres. Pourquoi certaines institutions privilégient-elles les solutions les plus inefficaces ?

3. Renouveau de la lecture institutionnaliste

4. Institution et changement