Lung 3eme cours 23/10/07
Sommaire
Les caractéristiques de la dynamique d’innovation
4 caractéristiques :
- un processus interactif complexe
- un processus incertain
- un processus cumulatif
- n processus spécifique
Un processus interactif
Il s’oppose à une vision linéaire ou séquentielle de l’innovation dans laquelle, la recherche scientifique entraîne (RS), la recherche fondamentale (RF) qui abouti au développement de nouvelles technologies et ce dans différentes directions. C’est la vision de la Recherche et Développement des années 60, on a même à l’époque rédigé un manuel, de Frascati pour évaluer les dépenses en R&D à effectuer, les coûts envisagés… (Pour information, la recherche appliquée produit de la recherche expérimentale qui fait parti de la R&D c’est le moment où l’on construit un prototype mais tous les problèmes ne sont pas encore résolus ils le sont dans la dernière étape, le développement industriel c’est le temps de la production effective mais ça ne fait plus parti de la R&D). On mesure les efforts par les résultats, par conséquent on regarde les brevets déposés (le problème c’est que la réglementation concernant les brevets d’un pays à l’autres par exemple aux Etats-Unis, c’est le premier à l’avoir découvert, au Japon c’est le premier à déposer le brevet. Résultat, les japonais déposent plus de brevets que les américains.
La vision linéaire de l’innovation n’a pas tardé à montrer ses limites et il est apparu qu’on pouvait faire de l’innovation sans faire de R&D. Les dépenses en R&D ne représentent en réalité qu’un tiers des dépenses pour l’innovation.
Etude de marché → Produit → Procédé → Fabrication → Vente
Cette vision est remise en cause par la pratique. Les ingénieurs agissent pour améliorer les procédés sans que cela n’entre dans le cadre de la R&D. De même les ventes orientent les études de marché, on a un véritable bouclage rétroactif, c’est une vision pleinement interactive de l’innovation. Le « Chain-Linked Model » de S.Kline et N.Rosenberg, 1986.
Un processus incertain
C’est assez simple comme idée, dans le cadre de l’innovation il n’y a jamais de garantis de résultats, l’activité économique comprend toujours de nombreuses incertitudes, par exemple il se peut qu’il n’y est aucun débouchés. Il y a aussi des incertitudes techniques si la technologie n’est pas parfaitement maîtrisée. En conséquent les entreprises rechignent de plus en plus à investir dans la R&D et préfèrent laisser le secteur public se charger de cela.
Un processus cumulatif
Cela renvoie ici à la dimension cognitive de l’agent économique. Il développe un apprentissage spécifique, comme gérer un réseau de distribution, les relations avec la clientèle. Voir Les théories de l’apprentissage, par Piaget. Innovent les firmes innovantes car elles sont organisées pour innover, réagir en cas d’échecs comme de succès, leurs points forts c’est le non-conformité de leurs ingénieurs qui peuvent proposer des solutions inédites. Cette idée se vaut pour une entreprise mais aussi pour des espaces comme une région ou même un pays.
Un processus spécifique
(spécifique différent de générique) Chaque entreprise est singulière. Dans le domaine de l’innovation se pose le problème de l’appropriabilité. L’idée est que pour innover il faut investir or par exemple dans le secteur médical, une nouvelle molécule créée peut immédiatement être recréée par les concurrents. Les entreprises ne sont absolument pas incitées à innover. C’est pour cette raison qu’a été inventé le système de brevet, il permet de générer un monopôle artificiel et instaure du droit sur la propriété intellectuelle et permet à une entreprise de vendre son idée en toute sécurité. Le brevet est une connaissance codifiée mise en forme. En réalité les choses ne sont pas si simple comme le souligne Michael Polanyi, la connaissance codifiée peut bien sur être vendue mais c’est impossible pour la connaissance tacite. Cette dernière ne peut pas être séparée des individus qui la produise et la porte. Parfois on ne soupçonne même pas leur existence. Cela est lié à l’hétérogénéité radicale des agents. L’innovation nécessite ces deux types de connaissances.
L’endogénéisation : paradigme et trajectoire
L’idée de trajectoire techno-économique. Elle suppose qu’une innovation se transforme quand elle se diffuse, c’est le principe de l’arborescence, les contraintes techniques revêtent une dimension économique. Pour exemple pendant la 2GM, deux solutions s’offrent aux ingénieurs, le record playback (on enregistre le geste du technicien et la machine le reproduit) ou le record numérique (on programme la machine directement). Pour David Noble alors que les deux technologies étaient au même niveau et présentaient toutes deux des avantages. Les Etats-Unis ont fait le choix du record numérique à cause du contexte social tendu de la fin de la guerre (grèves…), la commande numérique présente l’avantage de s’appuyer sur les ingénieurs et de se passer ainsi des ouvriers et des techniciens. Le contexte social a joué un rôle clé dans la trajectoire industrielle prise par les E-U.
La notion de paradigme technologique a été développée par Thomas Kuhn. Un paradigme pour rappel est une représentation du monde (par exemple changement de perspective et de représentation avec la révolution copernicienne). Giovanni Dosi transpose cela au domaine des techniques en inventant la notion de paradigme technologique, c’est à la fois un modèle de solution aux problèmes technique et un ensemble de règles conçues pour produire des connaissances.
Institution et Innovation
Introduction
(Attention notion d'institution différente de celle d’institutionnalisme)
L’institutionnalisme a été développé par les héritiers de l’école historique allemande opposée à l’école autrichienne (la querelle de méthodes). L’école autrichienne se développe dans les années 1870, c’est la période de la révolution marginaliste portée par des auteurs comme Jevons, Menger, Walras, ils travaillent autour de la notion d’individualisme méthodologique et mettent l’accent sur la liberté de l’individu/ du consommateur. Résultat, la société est un agrégat de comportement d’individus (en opposition au holisme). L’école autrichienne s’appuie sur la théorie classique qui fonctionne avec la méthode hypothético-inductive, il y a une fonction de préférence chez les individus. On déduit les résultats à partir de l’hypothèse (c’est à l’opposé de la méthode inductive). L’école allemande est fondamentalement inductive. Elle nait à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, l’école institutionnaliste américaine dans les années 1910-1920 lui fait suite, les principaux auteurs de cette école sont Thorstein Veblen, John R. Commons, ils travaillent beaucoup sur les notions de droit, de réglementation dans le processus économique. Ils considèrent que les économistes ne doivent pas seulement s’intéresser aux échanges mais doivent aussi penser le droit, le marché ce que la théorie classique exclue selon cette dernière il n’y a pas d’entreprises, il n’y a que des entrepreneurs. Ces idées ont été redécouverte dans les années 80 notamment par O. Williamson, qui développe la théorie des coût de transaction. Il existe des formes institutionnelles qui minimisent les coûts, les agents cherchent en priorité ce type de structures c’est ce qu’on nomme l’institutionnalisme rationnel. Cet institutionnalisme s’inscrit parfaitement dans la continuité de l’école américaine du début du siècle. On considère les institutions comme un mode de régulation. Elles sont le fruit d’une construction historique dont la fonction majeure est de réguler les conflits c’est pour cela qu’elles se reproduisent même si elles ne sont pas forcément efficaces pour minimiser les coûts. Toute ces idées formes la nouvelle économie institutionnaliste depuis la fin des années 70.
Les institutions ont la double fonction de poser des contraintes et d’ouvrir des opportunités. Elles ont pour but premier de réduire les incertitudes et permettant d’anticiper le comportement de l’autre.