Minvielle UE9 3ème cours 08/03/07

De Univ-Bordeaux
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I. Les facteurs endogènes et exogènes de la croissance agricole française au XVIIIè siècle

A/ Une facteur exogène : la mode de l'agronomie

Vogue de l'agronomie au XVIII soutenue par de nombreuses publications. Voltaire dit : On écrivit des choses utiles sur l'agriculture ; tout le monde les lit sauf les laboureurs. Explosion de la litérrature agronomique, on compte plus de 1000 parutions au cours du siècle. Duhamel de Monceau, en 1762 publie un Traité de la culture des terres par exemple.
La mode française copie les anglais comme Jethro Tull. De plus, il y a le développement des idées physiocratiques. L'agriculture est la seule activité économique productrice de richesses. Les théories modernes voulaient des réformes fiscales. Les physiocrates veulent faire dominer le domaine agricole vis-à-vis de la proto-industrie qui démarre. Les revues spécialisées se développent comme la Gazette d'agriculture au XVIIIè ou la Feuille du cultivateur. Les mouvements se fédèrent, on constate la création de sociétés d'agriculteurs qui regroupent les énergies. Naissance à Rennes en 1757, puis une quinzaine d'autres en France. Ces sociétés organisent des concours, encouragent les méthodes expérimentales. Louis XVI fonde la société royale d'agriculture qui fédère toutes les énergies du royaume. Le ministre Bertin, sous Louis XVI, montre sa volonté de moderniser l'agriculture française. De nombreuses personnes se montrent favorables à cette modernisation.

B/ Le facteur endogène : l'inégale inertie paysanne face à la volonté de modernisation

L'ambition est affichée par les sociétés agronomes. La réflexion théorique reste sans concrétisation. La modernisation agricole fonctionne uniquement pour les plus aisés et ceux qui ont le plus de terres (Ile de France et Alsace). Certaines solutions proposées sont non réalistes. L'obsession de la paysannerie est de se nourrir, elle ne prend pas de risques avec de nouvelles cultures. On manque de capital et de terres dans les petites exploitations paysannes.
On veut moderniser l'agriculture mais grande réticence contre ce modernisme.

II. Les multiples preuves d'un changement agricole

A/ Le début du recul de la jachère

A la fin du XVIIIè, Arthur Young montre les signes de l'archaïsme de l'agriculture française. Il formule sa critique en comparant les agricultures françaises et anglaises. Mais il y a tout de même un recul de la jachère. Dans le nord (Flandre), l'est (Alsace), le nord-ouest (Normandie), vallées de la Garonne. L'agriculture devient de plus en plus individualiste et cela repousse la jachère.
Dans le nord surtout. A la fin de l'Ancien Régime, pour l'ensemble du royaume de France, 1/4 ou 1/3 des terres = jachère. En Normandie, 1/2 des villages abandonnent la jachère. Le mouvement n'est pas massif au début mais il progresse en continu.

B/ La multiplication des prairies artificielles

Le sainfoin, la luzerne, le trèfle.
En Flandre, l'avantage est de ne épuiser le sol et l'élevage fournit la fumure. Dans le 2nd XVIIIè, 10% des terres sont cultivées, au début du XIXè, 20% sont cultivées au Pas-de-Calais.

C/ Le développement des cultures nouvelles

Grain :

  • maïs ou blé d'Espagne
  • fèves
  • haricots
  • colza
  • sarrazin.

Au XVIIIè, ces cultures ne sont pas évidentes pour les agriculteurs. La pomme de terre, les plantes à racine, betteraves, navets, carottes. Jusqu'alors, ces cultures étaient limitées au jardin potager pour la consommation familiale. Ces cultures rentrent dans la culture de plein champ. Les récoltes sont écoulées sur les marchés. On quitte la simple auto-subsistance. La Flandre, fin XVIII, 1/4 des superficies ensemencées avec des cultures nouvelles.
Exploitation des plantes, multiplie les utilisations et les sources de revenus :

  • l'huile, pour l'alimentation et pour l'éclairage ;
  • savon ;
  • fibres textiles ;
  • engrais.
    On parle de cultures industrielles à la fin du XVIIIè.

III. Un autre symbole de la modernisation de l'agriculture française : l'évolution des méthodes de culture

A/ Les nouveaux modes de rotation des cultures

Au XVIII, 2 systèmes de rotation : biennaux et triennaux. Les rythmes sont différents selon les régions. Le système triennal se répand petit à petit car il permet une production plus diversifiée. Le système biennal permet d'avoir beaucoup de culture panifiables. Apparition de systèmes quadriennaux et quinquennaux.

B/ Multiplication des engrais pour permettre l'évolution des méthodes de culture

Développement de la population urbaine pose le problème des déchets. Le crottin de cheval des villes se met à être échangé contre de la paille.

C/ Les progrès de l'outillage

Grandes différences entre le nord (charrue) et le sud (araire) . On assiste à la généralisation de l'emploi de la charrue et à son perfectionnement. On laboure plus profondément donc d'une meilleure plus efficace.
La faux se généralise face à la faucille ce qui facilite les moissons. On utilise la herse pour faire un labour fin et le rouleau est utilisé pour enfoncer les graines. En Ile de France, la valeur du cheptel mort (outillage) représente la 1/2 de l'exploitation.

IV. Les principales productions agricoles : entre traditions et modernité

A/ La domination du blé et de ses substituts

Jusqu'à la Révolution, le blé était cultivé partout même là où il n'est pas adapté. Aucune région ne se spécialise suffisamment pour abandonner la céréaliculture. Les régions au sol pauvre ne peuvent pas produire du froment, ils produisent du seigle mais le seigle est en baisse (on ne veut plus que du pain blanc fait à partir du froment). Le froment donne moins de farine que le seigle et moins de calories mais la mode est au froment.
La pomme de terre : Cendrillon devenue princesse. Son utilisation se développe grâce, entre autre, à : Duhamel de Monceau, Parmentier, Turgault, etc.

B/ Une viticulture aux multiples visages

Période de prospérité, augmentation des surfaces plantées. L'Edit de 1731 interdit la prolifération des cèpes dans le royaume. Dans les années 1770, surproduction de vin avec 1,6 million d'hectares plantés, 27 millions d'hectolitres et 20 hectolitres à l'hectare. Les régions bordelaise, charentaise (les 2 vignobles les plus représentés), vallée du Rhône, vallée de la Loire. Hausse de la demande de vin dans le royaume avec l'augmentation de la population urbaine. Fort potentiel d'exploitation avec les colonies et les marchés européens du nord. La qualité de certaines productions s'améliore avec l'embouteillage avec des bouchons de liège et l'assemblage de cépages différents pour produire un meilleur vin.

C/ Les progrès de l'élevage

Développement des prairies artificielles. Moins en moins perçu comme un mal nécessaire. Au XVIIIè, 1ère définition des races avec la Parthenaise. Science de l'élevage qui naît.

Conclusion :

  • Agriculture non immobile,
  • foule d'évolutions, changements intellectuels avec une réelle préoccupation des élites,
  • rupture technique.

On parle donc d'une accumulation de petits progrès.